Conflit social à la Comédie-Française autour d'une procédure héritée du XVIIème siècle
Une grève illimitée à l'appel de trois syndicats se poursuivait ce soir, à la Comédie-Française, malgré des discussions engagées. Le mouvement a repris après une interruption, toujours autour de la même revendication : la réforme d'un système de rémunération qui prend ses racines au XVIIème siècle.
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Pour bien comprendre le conflit qui secoue cette vénérable maison qu'est la Comédie-Française, il faut remonter un instant en 1680. Le Théâtre-Français est fondé sous le patronage de Louis XIV, et pour se rémunérer, les comédiens se partagent la recette après chaque représentation, en plus des "feux" une somme d'argent qu'ils perçoivent pour chauffer leurs loges. En un peu plus de trois siècles, de nombreux changements sont bien évidement intervenus. Pour commencer, de nouveaux métiers sont apparus autour de la scène : costumiers, techniciens, personnels administratifs. Mais de réformes en décrets, jusqu'au statut d'Établissement public à caractère industriel et commercial (ÉPIC) en 1995, l'esprit de cette rémunération d'origine est resté.
76% pour les sociétaires, 16% pour les autres salariés.
Elle constitue aujourd'hui une part variable du salaire, sous la forme d'une répartition annuelle des excédents dégagés par les recettes. 76,5% de la somme totale revient aux 37 sociétaires, des comédiens de plus d'un an d'ancienneté au moins, nommés par le ministère de la Culture, sur proposition d'une assemblée annuelle. Les autres salariés et les pensionnaires - les comédiens qui ne sont pas sociétaires - se partagent 16,5% du total et 7% est mis en réserve.
La direction justifie la répartition de ce partage par la relative faiblesse de la rémunération de ces acteurs confirmés, comparée à celles qu'ils trouvent dans le cinéma par exemple. Et par la somme de travail qu'ils abattent : les 60 comédiens de la troupe - sociétaires et pensionnaires - donnent 800 représentations par an, pour lesquelles tout le travail de préparation est impossible à mesurer. Selon la direction, par le jeu de différentes primes, l'écart entre le plus petit et le plus gros salaire de la Comédie-Française ne serait que de 4,8%.
Mais le partage fait grincer des dents depuis plusieurs années. les syndicats ont déjà tenté de faire bouger les curseurs dans les années 90, mais le ministère a fait cesser ces tentatives. Selon les trois syndicats qui ont appelé à la grève (Synptac-CGT, SADPCF-UNSA et Snapac-CFDT), c'est le faiblesse de l'augmentation salariale de cette année qui a mis le feu aux poudres : moins de 1%.
Après un premier mouvement, puis une interruption, la grève a repris mercredi. Le premières propositions de la direction ont été repoussées. Mais des discussions ont eu lieu ce soir, aboutissant à un compromis possible autour de la rémunération, sans toucher au système de partage. Le ministère doit à présent se prononcer. En attendant, le mouvement continue jusqu'à l'assemblée générale de lundi. Et le programme de lancement du Théâtre Ephémère, construction en bois dans la cour du Palais royal, qui doit remplacer la salle historique en travaux, a été changé : la première de La "Trilogie de la villégiature", de Carlo Goldoni a été remplacée par le "Malade Imaginaire", de Molière : un Molière dans un théâtre en bois, une sorte de retour aux sources pour le "Français".
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