Instruction obligatoire à l'école : "Il faut régler la question des milliers d'enfants non-scolarisés qui échappent au contrôle", selon Iannis Roder, de la fondation Jean Jaurès
Le directeur de l'observatoire de l'éducation au sein de la fondation est "satisfait" de l'annonce d'Emmanuel Macron. Mais regrette que la formation des fonctionnaires et des enseignants au sujet de la laïcité n'ait pas été évoquée.
"Il faut régler la question des milliers d'enfants non-scolarisés qui échappent au contrôle" des inspecteurs, a réagi vendredi 2 octobre sur franceinfo Iannis Roder, directeur de l'observatoire de l'éducation de la fondation Jean-Jaurès. Celui qui est également professeur d'histoire-géographie et responsable des formations au mémorial de la Shoah se dit "satisfait" de la décision d'Emmanuel Macron de rendre obligatoire l'instruction à l'école. D'après lui, cette mesure permettra aux enfants "d'exercer librement leur citoyenneté et de se départir des déterminismes qui sont les leurs".
franceinfo : Êtes-vous surpris de voir l'école et cette question de l'instruction obligatoire dans le discours d'Emmanuel Macron sur les séparatismes ?
Iannis Roder : Oui, un peu surpris. Je ne m'attendais pas à ce que le président de la République s'attelle, s'attaque à ce sujet qui est un vrai sujet. Je l'avais moi-même soulevé l'an dernier face au ministre de l'Intérieur de l'époque, Christophe Castaner. Donc je suis plutôt surpris mais satisfait que la question soit enfin posée. C'est un vrai sujet, parce que ce sont des milliers d'enfants qui, en réalité, échappent au contrôle de l'institution scolaire. On peut toujours dire que 50 000 enfants, c'est 0,5% des 12 400 000 enfants qui sont scolarisés. Mais parmi ces 50 000 enfants, il y en a des milliers qui échappent au contrôle, parce que les inspecteurs, notamment du premier degré mais aussi du second degré, qui sont chargés d'aller contrôler ont parfois des difficultés à le faire. Parfois aussi ils doivent contrôler dans des milieux qui leur sont plutôt hostiles, c'est difficile, donc il y a là quelque chose qui dysfonctionne. Donc, il faut absolument régler cette question.
Est-ce que cette annonce du président ne cache pas l'absence de décision sur les élèves qu'on perd alors qu'ils sont déjà scolarisés ?
Je ne vois pas pourquoi on traiterait l'un et pas l'autre. Les deux doivent être traités, l'un n'exclut pas l'autre. En revanche, ça me semble absolument essentiel que tous les enfants de France puissent avoir accès à un enseignement qui les ouvre au monde et qui leur permette, au bout de leur enseignement, au bout de ce qu'ils ont reçu, d'être capables de faire valoir leur libre arbitre, d'exercer librement leur citoyenneté et de se départir des déterminismes qui sont les leurs, aussi bien culturels, religieux que sociaux. Je suis convaincu que certains iront vers l'enseignement privé, peut être contractualisé ou hors contrat. Mais je suis aussi convaincu que certains regagneront l'école publique et qu'ils pourront enfin avoir accès à cette respiration laïque qu'offre l'école et dont parle la philosophe Catherine Kintsler.
L'école laïque publique dispose-t-elle aujourd'hui des moyens de lutter contre ce qu'Emmanuel Macron appelle le "séparatisme" ?
Je crois que pour éviter ce que le président de la République appelle aujourd'hui le "séparatisme", le premier outil c'est la formation des enseignants mais aussi de tous les personnels. Malheureusement, je n'ai pas entendu parler de formation. C'est peut-être le seul regret que j'ai après avoir écouté le président de République : la question de la formation des fonctionnaires, de la formation des enseignants sur les questions de laïcité, sur les questions de valeurs de la République, de manière à ce qu'ils soient outillés intellectuellement. Aujourd'hui il y a des outils qui existent. Le ministre Jean-Michel Blanquer a mis en place les équipes "valeurs de la République" dans chaque rectorat, avec des moyens de saisine. Donc ces équipes peuvent être prévenues et peuvent venir en soutien aux enseignants sur les problèmes concrets qui sont posés au quotidien dans les établissements scolaires. Il y a un moyen aujourd'hui de lutter contre ce séparatisme.
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