: Vidéo Harcèlement dans l'armée : "Le but, c'était que je me plante, et qu'on puisse me le reprocher pour me licencier"

En passant devant le portail jalonné d’un Mirage 2000, Jean-Baptiste "retrouve la boule au ventre" qu'il avait à l'époque. C'était il y a trois ans. Il n'avait pas remis les pieds, depuis, sur la base aérienne de Nancy-Ochey. A l'âge de 28 ans, muté ici pour devenir opérationnel en terrain de guerre, le jeune pilote de chasse aurait très vite été pris en grippe par son chef d'escadron. Selon Jean-Baptiste, ce dernier aurait tout fait pour le faire renvoyer. 

D'après son témoignage pour "Complément d'enquête", le pilote se serait vu confier quantité de tâches subalternes (gérer l'approvisionnement du bar en cacahuètes et en bières, nettoyer le plafond, déplacer des meubles…). Le pilotage proprement dit ne se serait pas mieux déroulé.

"On me changeait le programme de vol au dernier moment, on me donnait de mauvaises consignes, ce qui fait que ça va impacter votre niveau en vol, fatalement."

Jean-Baptiste, ancien pilote de chasse

à "Complément d'enquête"

Au fil des mois, selon lui, alors que la pression s'accentuait, les relations se seraient envenimées avec d'autres cadres de l'escadron. Lors d'un briefing, Jean-Baptiste aurait même reçu une gifle pour une mauvaise réponse. Humilié, en colère, il ne sait plus vers qui se tourner pour alerter de sa situation. Ayant "écumé toutes les strates hiérarchiques de la base aérienne", selon lui, il se retrouve au final "encore plus à terre qu'avant".

"Un climat de travail hostile à sa réussite dans l'institution", selon un ancien pilote de la base

Les journalistes de "Complément d'enquête" ont contacté l'armée de l'air au sujet de cette affaire, mais son porte-parole ne commente pas les dossiers sur lesquels une enquête judiciaire est en cours. Ils ont donc joint directement le chef d'escadron qui aurait orchestré le harcèlement. Le haut gradé travaille toujours pour l'armée. Enregistré à son insu, il réfute tout harcèlement moral. Selon lui, Jean-Baptiste n'aurait pas subi plus de pression "que n'importe qui".

A l'appui des accusations de celui-ci, il y a pourtant ce courrier, adressé à la justice par un ancien pilote de la base de Nancy-Ochey : "Ayant travaillé pendant plusieurs mois dans la même unité que le capitaine X, j'ai pu constater à de multiples reprises le traitement qui lui était réservé. Le capitaine X a été, de mon point de vue, particulièrement visé. Il apparaît évident que l'attitude de certaines personnes à son égard a influencé le groupe de manière générale, et instauré un climat de travail difficilement vivable au quotidien, et surtout hostile à sa réussite dans l'institution."

Extrait de "Harcèlement dans l'armée : des militaires brisent le silence", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 6 janvier 2022.

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