: Portrait Défilé du 14-Juillet : "Quand vous engagez une action, il faut savoir faire le tri dans ses émotions", raconte Jonas, "opérateur" des unités d’élite des forces spéciales
Jonas, 40 ans, sera en tête de défilé sur les Champs-Elysées à l’occasion de la fête nationale au milieu de ses hommes des unités d’élite des forces spéciales françaises. franceinfo l'a rencontré.
Il s'appelle Jonas, il a la quarantaine et cette semaine-là, l'adjudant-chef est à la tête d'une dizaine de soldats du 1er RPIMa [selon le ministère de la Défense, le 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine est un régiment dont l'action "vise à générer des effets précis sur l'adversaire (capture, neutralisation, destruction, extraction, etc.)"]. Leur 4X4 dévale les collines vertes et les pistes de terre rouge pendant qu'en surplomb, Jonas dirige et contrôle l'exercice dans la chaleur et la moiteur de la brousse ivoirienne. Il est concentré, heureux d'être là, visiblement, regard bleu franc, un peu plus sur la retenue au micro de franceinfo. Jonas n'est pas une masse de muscles de films hollywoodiens, alors la remarque l'amuse.
"Les muscles ne font pas tout"
"Pour être tout à fait franc avec vous, sourit-il, avant de venir dans les forces spéciales, la vision que j'en avais effectivement, c'était ces histoires de muscles. En fait, tout ça, c'est du paraître. Les opérateurs ne sont pas sélectionnés pour le physique. Ils sont sélectionnés pour un état d'esprit et ont une capacité d'apprécier les situations et d'avoir de l'initiative."
"Les muscles ne font pas tout. On est très loin de ce que l'on peut voir dans les films américains ou autres. Par exemple, si vous tirez un missile dans un bâtiment, le bâtiment ne va pas tomber..."
Jonasà franceinfo
Avec toujours un œil sur ses hommes qui engagent des cibles en contrebas, Jonas parle de son enfance en foyer, de sa famille, celle avec des uniformes, qu'il a trouvée après un CAP vente très accessoire. Soit en tout 21 ans d'armée au compteur, dont 11 ans dans les forces spéciales : Afghanistan, Syrie, Sahel. Quinze fois, Jonas a quitté les siens pour s'immerger dans un quotidien de pierre, de sable, de sueur, de sang, d'opérations discrètes où, dit-il, tout se fait au mental.
Voir les morts, savoir trier ses émotions
"Il y a toute une préparation intellectuelle, mentale et physique avant de faire une opération, décrit-il. Et ce n'est que le début. Quand vous arrivez dans votre opération, il est important de savoir comprendre, analyser une situation, savoir gérer ses émotions." "Il y a tellement d'émotions, poursuit-il. Les départs par exemple : vous êtes loin de votre famille et vos enfants. On n'en parle pas assez, mais ça en fait aussi partie..." "Lors d'une action au plus proche de l'ennemi, quand vous engagez le combat, ou qu'on vous fait engager le combat, et que vous voyez des gens qui sont morts, il faut savoir faire le tri. Et vivre avec ce genre d'émotions."
Jonas nous remercie poliment pour l'interview et repart vers un baraquement du camp où lui et son groupe sont logés. Il a un exercice de nuit à préparer.
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