"Ils auraient pu finir aveugles" : le capitaine d'une compagnie de CRS de Quimper raconte "l'attaque à l'acide" subie lors d'une manif de "gilets jaunes"
Quatre policiers de ce corps spécialisé ont été touchés par l'explosion de bouteilles d'acide lors d'un rassemblement de "gilets jaunes", samedi 26 janvier.
"Vers 17 heures, sur la place de la Résistance, on a commencé à prendre les premiers projectiles, de type fumigènes ou bouteilles en verre." Comme chaque semaine depuis le début de la mobilisation des "gilets jaunes", le capitaine Laurent X.* est sur le terrain avec ses hommes. Samedi 26 janvier, sa compagnie est déployée à Quimper (Finistère) afin de sécuriser les abords de la préfecture. Près de 70 CRS sont engagés. Les affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre ont duré ce jour-là pendant deux heures. Dans ce laps de temps, des bouteilles d'acide ont été jetées en direction des CRS.
Un épisode évoqué mardi 29 janvier par Christophe Castaner sur BFMTV : "Samedi dernier, trois CRS ont été attaqués à coup d'acide au visage." Et le ministre de l'Intérieur d'ajouter : "Chaque samedi, j'ai peur pour (les policiers). J'ai peur pour les menaces dont ils font l'objet."
"On avait du mal à les tenir à distance"
Tout commence donc avec les "premiers projectiles" lancés sur les forces de l'ordre, selon le capitaine Laurent X., qui assure avoir ordonné à ses hommes de ne "pas riposter, afin que la situation ne s'envenime pas". A ce moment-là, 1 600 personnes occupent la place de la Résistance, où se situe la préfecture. "Au bout d'une vingtaine de minutes, pendant lesquelles les jets de projectiles n'ont pas cessé, on a commencé à prendre des pavés, on a aussi subi des tirs de mortier. Ce sont en fait des pétards que l'on balance sur vos positions", raconte-t-il. Ce dernier décide "de mettre en action les lances à eau" et les "tirs de gaz lacrymogènes". La place se vide alors considérablement et il ne reste, selon ses mots, que "300 à 500 ultras, des casseurs".
Ils utilisent du matériel urbain pour se protéger et viennent au contact avec des boucliers artisanaux. Ils continuent de nous harceler.
le capitaine Laurent X.à franceinfo
Vers 18 heures, le capitaine Laurent X. prend la décision de procéder à une opération "de ratissage et de refoulement des manifestants en dehors de la place". Mais la "manœuvre" s'avère compliquée. "On avait du mal à les tenir à distance. On a utilisé beaucoup de gaz lacrymogènes et de grenades de désencerclement", explique-t-il.
"C'est une première au niveau de la compagnie"
C'est pendant cette "manœuvre de ratissage" que des bouteilles contenant de l'acide sont lancées. "Ce sont des bouteilles en plastique de 50 cl contenant un mélange d'acide chlorhydrique et de l'aluminium avec une explosion à retardement". Le capitaine Laurent X. accuse "un individu de type black bloc, tout de noir vêtu", d'être à l'origine du jet de "4 à 5 bouteilles". "Dans un premier temps, on n'y fait pas attention, ce n'est qu'une bouteille par rapport à des pavés ou des bâtons taillés en pointe, se souvient le capitaine. Sauf que 30 secondes après, la bouteille explose, aspergeant les fonctionnaires d'acide chlorhydrique et provoquant des irritations et des brûlures". Contrairement à ce qu'a indiqué Christophe Castaner, ce ne sont pas trois CRS mais quatre qui ont été touchés, explique l'officier, dont "l'un vraiment touché aux yeux. Il a été K.-O. pendant cinq minutes".
Un infirmier secouriste intervient immédiatement et applique du sérum physiologique au CRS. "Il a pu reprendre ensuite sa place dans le barrage", indique le capitaine.
Quand l'adrénaline est retombée, vous vous rendez compte que l'on n'est pas passé loin d'un accident grave, mes fonctionnaires auraient pu finir aveugles.
le capitaine Laurent X.à franceinfo
Selon le policier, c'est la première fois que sa compagnie essuie des tirs de bouteilles d'acide. "On parle des manifestants blessés, touchés aux yeux, mais on peut aussi parler des CRS qui peuvent finir aveugles à cause de l'acide chlorhydrique", regrette-t-il.
* Le nom de ce capitaine ne peut pas être rendu public.
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