: Reportage Au salon agricole de Rennes, moins d'animaux et "de plus en plus de tracas" chez les éleveurs, confrontés aux maladies dans leurs troupeaux
Le Space, le Salon international de l'élevage (Ille-et-Vilaine), a ouvert ses portes mardi, dans un format réunissant moins d'animaux que lors des précédentes éditions. Des éleveurs s'inquiètent des différentes maladies animales et de certaines mesures d'abattages ordonnées par le gouvernement.
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Les épizooties perturbent le Space, le salon agricole de Rennes (Ille-et-Vilaine). La 39e édition de ce rendez-vous incontournable de l'élevage a débuté mardi 16 septembre. 100 000 visiteurs y sont attendus pendant trois jours. Une édition avec moins d'animaux que les années précédentes.
Des vaches, il y en a, mais moitié moins d'habitude, avec 250 bovins environ. Un hall complet est vide, comme certains box. "Il y a moins de bêtes, d'habitude c'est plein", raconte un visiteur, un peu déçu. C'est pour la bonne cause : empêcher la propagation du virus de la FCO3, la fièvre catarrhale ovine, la maladie de la langue bleue que les vaches peuvent contracter après la piqûre d'un moucheron.
5 000 foyers ont été détectés en France depuis le 1er juin, dont beaucoup en Bretagne. Rémy Mainguy, éleveur dans le Maine-et-Loire a pu venir avec une seule de ses 150 vaches laitières. "On avait un protocole à suivre, envoyé par le Space, au niveau de la désinsectisation."
"Et on avait le PCR à faire dix jours avant l'arrivée des animaux ici pour qu'il soit négatif."
Rémy Mainguy, éleveur de vaches dans le Maine-et-Loireà franceinfo
C'est une chance, dit-il, car son exploitation est largement touchée. "Ça provoque des avortements, avec de la température, baisse d'appétit, baisse de la production, liste-t-il. Pour l'instant, on n'a pas eu de pertes d'animaux, ils ont toujours lutté, ils ont réussi à s'auto-immuniser. Il faut vivre avec, on n'a pas le choix. C'est vrai que c'est de plus en plus compliqué, on se demande toujours ce qui va nous tomber dessus, c'est de plus en plus de tracas."
D'autant qu'une autre maladie inquiète la profession : la DNC, la dermatose nodulaire contagieuse des bovins, apparue en Savoie cet été. Elle semble contenue pour l'instant, malgré deux foyers dans l'Ain. Ronan Le Sommer est installé de l'autre côté de la France, dans le Morbihan, mais il surveille de près. "S'il y avait eu le moindre doute sur la dermatose, on ne serait pas venus. Ce ne sont pas du tout les mêmes maladies. La dermatose, c'est l'abattage complet, la FCO, on a des avortements, on a plusieurs choses, mais ça passe." L'abattage complet du troupeau au moindre cas, c'est justement ce qui fait débat dans la profession.
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La Confédération paysanne a manifesté son mécontentement sur le stand de la ministre de l'Agriculture. Une trentaine de membres du troisième syndicat agricole français ont tendu une banderole "stop à l'abattage de l'élevage", avec une mise en scène. Des éleveurs s'allongent avec du faux sang.
Il continue de dénoncer cette mesure disproportionnée, 1 500 vaches ont été abattues jusque-là. "Ce qu'on réclamait, c'était une mise en quarantaine renforcée, étudier et voir l'évolution de la maladie, sortir les animaux malades, ce qu'on appelle l'abattage partiel, explique Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne. C'est ce qu'on réclamait et ça n'a pas été entendu. Au-delà du fait que ça n'a pas été mis en place, c'est surtout la non-écoute de l'alternative qui nous pose problème, parce qu'on n'était pas les seuls à la porter."
Un impact du changement climatique
La Coordination rurale, deuxième syndicat, s'oppose également à l'abattage total. La FNSEA, le premier, se range derrière l'Etat qui a pris cette décision sur préconisation de l'Anses, l'Autorité de sécurité sanitaire. Mais il faut que les agriculteurs s'habituent car le réchauffement climatique est responsable de l'apparition de ces maladies. C'est ce que pensent en effet les scientifiques. Ces épizooties sont transmises par des moucherons, c'est le cas, donc, de la fièvre catarrhale ovine présente partout en France, de la dermatose nodulaire contagieuse, mais aussi de la MHE, maladie hémorragique épidémique, qui affaiblit les troupeaux contaminés. Le dérèglement climatique favorise ces insectes.
"Le froid arrive plus tardivement, [avec] des hivers moins froids", observe Muriel Vayssier-Taussat, directrice de recherche à l'Inrae, l'Institut de recherche pour l'agriculture et spécialiste des maladies infectieuses des animaux. "En général, le moucheron disparaît pendant l'hiver. Les hivers froids, il n'y a plus de moucherons. Quand les hivers sont doux, le moucheron est toujours actif et continue à transmettre le virus qui donne la maladie." Elle travaille sur des solutions et, en attendant, elle appelle les éleveurs à respecter les consignes : la vaccination bien entendu mais aussi tout simplement bien penser à désinfecter les bottes dans les fermes.
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