Epizooties : "Il y a un lien avec la température et donc les modifications climatiques", affirme Barbara Dufour, docteure vétérinaire

Les foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et de fièvre catarrhale ovine (FCO) se multiplient ces dernières semaines en France. "Il y a un lien avec la température et donc les modifications climatiques", affirme Barbara Dufour, docteure vétérinaire et professeure émérite à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), lundi 11 août sur France Inter. Ces épizooties sont "liées à la température, parce que, quand la température augmente, le nombre d'insectes qui transmettent la maladie augmente."

Selon Barabara Dufour, l'augmentation rapide du nombre de foyers de ces maladies est également due aux déplacements des humains et animaux, qui emmènent avec eux les insectes vecteurs des maladies. "Ça peut aller très vite en propagation", souligne la vétérinaire. C'est pour cela qu'en Savoie, "les trois moyens de lutte qui ont été mis en place sont l'arrêt des mouvements des bovins, la vaccination et l'abattage total", explique Thomas Dantin, président de l’Association des fromages traditionnels des Alpes savoyardes (AFTAlp) et éleveur producteur de lait à Meyrieux-Trouet en Savoie, aussi invité de France Inter.

L'euthanasie des troupeaux contaminés, "un vrai drame humain"

Depuis qu'elle a été détectée pour la première fois dans les deux Savoie, fin juin, la DNC a été retrouvée dans 64 foyers. Tous les bovins de ces foyers doivent être euthanasiés pour éviter la propagation de la maladie même si des agriculteurs se sont élevés contre cette mesure. "C'est un vrai drame humain pour l'ensemble des éleveurs qui ont dû abattre leurs troupeaux, mais vendredi on avait moins de cas et on n'en a pas eu samedi et dimanche", affirme Thomas Dantin.

Plus de 300 000 bovins doivent être vaccinés contre la DNC. "La moitié" a reçu sa dose, selon Barbara Dufour. "Il y a eu un grand élan, en tout cas au niveau des jeunes agriculteurs, du groupement de défense sanitaire (GDS), des vétérinaires, qui ont été très efficaces puisqu'aujourd'hui on a quasiment terminé le plus gros de la vaccination sur zone", raconte Thomas Dantin. D'après lui, c'est "un vrai signe d'espoir, en tout cas pour les éleveurs qui sont touchés et les autres".

Egalement sur France Inter, Patrick Soury, secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO) et éleveur de brebis en Charente, pointe "la réticence que peuvent avoir certains éleveurs" à vacciner leurs troupeaux alors que 2 000 foyers de fièvre catarrhale ovine ont été recensés en un mois en France. "C'est aussi notre rôle en tant que responsables professionnels de démystifier certaines peurs", explique Patrick Soury. "On se doit de déployer beaucoup d'énergie à convaincre nos collègues éleveurs de commander des vaccins et d'inclure la vaccination au meilleur stade dans leur plan sanitaire d'élevage pour qu'ils puissent préserver leurs troupeaux", poursuit-il.