Grèce : grève générale contre le projet du gouvernement qui veut instaure des journées de travail de 13 heures

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Article rédigé par franceinfo - R. Schapira, F. Crimon, C. Athanasiadis - Édité par l'agence 6Medias
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En Grèce, le gouvernement conservateur souhaite instaurer des journées de travail de 13 heures. Une réforme que les syndicats et les oppositions de gauche ont contestée, mardi 14 octobre, avec une grève générale.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.

Au pied de l'Acropole, dans son restaurant, Aristidis Kostakiotis emploie chaque jour 22 personnes, mais ce n'est jamais assez. "Regardez dans la cuisine, ça s'entasse, ça n'avance pas, parce qu'il nous faut un autre employé et on ne le trouve pas", fait-il remarquer.

Travailler 13 heures par jour pendant 37 jours par an

Un manque de main-d'œuvre que le gouvernement propose de régler en autorisant les patrons à embaucher leurs salariés 13 heures par jour contre 8 actuellement, et ce, 37 jours par an. Le rêve pour ce chef d'entreprise, même si la loi prévoit que ces heures supplémentaires seront payées 40 % de plus. "Cela aidera certainement l'employé, car il gagnera plus d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille et cela nous aidera à pallier le manque de personnel", explique-t-il.

Travailler plus pour gagner plus, ses employés, eux, sont partagés. "Si je travaille moins le lendemain, alors d'accord, cela m'aidera, car j'ai une famille. Et ce jour-là, je passerai plus de temps avec eux", témoigne l'un d'eux. "Personne ne veut travailler 13 heures par jour, mais la vérité, c'est qu'on n'a pas le choix. Car avec des salaires qui sont parfois de 600 euros par mois, vous ne pouvez payer que votre loyer", renchérit une autre.

Une loi controversée

Actuellement en cours d'examen au Parlement, ce projet de loi suscite la colère des syndicats et de l'opposition. Car les Grecs sont déjà parmi les Européens qui travaillent le plus : près de 40 heures par semaine en moyenne, contre 36 dans le reste de l'Union européenne, et qui gagnent le moins : 17 000 euros par an pour un temps plein, contre 38 000 euros en moyenne en Europe.

Pour joindre les deux bouts, de nombreux salariés travaillent déjà 13 heures par jour, mais chez différents employeurs, comme Maria Delifotti, 30 ans, qui, à 23 heures, rentre tout juste de sa double journée. Webmaster et enseignante, elle travaille jusqu'à 55 heures par semaine pour à peine plus de 1 300 euros par mois. Elle aurait surtout préféré une réévaluation des salaires. "Nos revenus ne permettent pas de faire face à l'inflation. Et cette loi n'autorisera qu'une seule chose : le fait de vivre uniquement pour travailler. Et ça, ce n'est pas une vie", déplore-t-elle.

Certains observateurs redoutent qu'au lieu de régler la pénurie de main-d'œuvre, cette loi ne provoque l'effet inverse et fasse fuir les salariés grecs en quête de meilleures conditions de travail vers d'autres pays de l'Union européenne. Au cours de la crise financière, la Grèce avait déjà perdu un demi-million de citoyens, dont la plupart n'est toujours pas rentrée.

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