Abandon de poste : entre "nécessité absolue" et "scandale", le durcissement des règles d’indemnisation fait polémique
Le ministre du Travail s'est dit prêt à durcir l'accès à l'indemnisation du chômage quand un salarié ne vient plus travailler sans justification et finit par être licencié par son employeur. Un amendement LR a été déposé dans ce sens et doit être débattu devant le Parlement à partir de ce lundi.
Abandonner son poste et toucher le chômage une fois licencié, c'est parfaitement légal. Mais face à un phénomène qui aurait tendance à s'amplifier, un député LR réclame de durcir la règle.
>> Le ministère du Travail prêt à durcir l’accès aux indemnités chômage pour abandon de poste
"Dans les métiers en tension, c'est une nécessité absolue", a ainsi déclaré sur franceinfo ce lundi Jean-Louis Thiériot, député Les Républicains, à l'origine de cet amendement discuté au Parlement à partir du 3 octobre 2022, qui vise à durcir l’accès aux indemnités chômage pour les salariés qui abandonnent leur poste. Actuellement, il est encore possible d’abandonner son poste, mais de toucher des allocations chômage. "Une faille" estime le ministre du Travail, Olivier Dussopt qui pourrait disparaître.
"Un phénomène très, très large"
Selon le député à l'origine de cet amendement, il y a "toute une série d'entreprises qui vont de la petite boulangerie aux restaurateurs, aux transports scolaires qui sont victimes d'abandon de poste du jour au lendemain par quelques salariés". Ils utilisent, selon lui, "l'abandon de poste pour obtenir le chômage. Ce sont des fraudeurs qui organisent leur carrière ou leur non-carrière aux frais de la collectivité nationale", dénonce-t-il. Jean-Louis Thiériot a pris comme exemple les transports scolaires dans son département, la Seine-et-Marne où "on a des salariés qui ne se sont pas présentés. Ça veut dire des enfants abandonnés en bord de route". Il n'existe pas de chiffres officiels sur cette pratique, mais "c'est visiblement un phénomène très, très large", assure le député.
"C’est vrai, il n’y a pas de chiffres officiels", reconnaît Jean-Louis Thiériot. "Dans les métiers en tension c’est une nécessité absolue", insiste-t-il. pic.twitter.com/sGJWjuI0ki
— franceinfo (@franceinfo) October 3, 2022
"Moyen de soumission"
Cet amendement dans le cadre du projet de loi "pour améliorer le fonctionnement du marché du travail" a été réalisé à la demande du patronat et notamment les petits patrons. "C'est un vrai sujet aujourd'hui. Et ce qui remonte, c'est une véritable exaspération en considérant que quelqu'un qui veut quitter l'entreprise a une totale liberté pour le faire. Mais c'est à lui d'en assumer les conséquences. Et il n'y a pas de raison que l'employeur se retrouve en situation de devoir le licencier alors qu'il ne le souhaite pas", dénonce Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
A la CGT, on voit rouge et on dénonce un nouveau scandale, comme l'affirme Denis Gravouil, secrétaire confédéral : "Les abandons de poste, c'est généralement la seule solution qui reste à des salariés qui n'ont pas réussi à obtenir une rupture conventionnelle dans des cas de très mauvaise situation de dégradation de travail. Pour nous, c'est un véritable scandale et un moyen de soumettre les salariés à une relation dont ils ne pourraient pas sortir. S'ils partent par démission, ils perdent quatre mois d'allocations chômage et s'ils font un abandon de poste, maintenant on leur mettra sur le dos." Pour le syndicat, la solution serait d'ouvrir les droits à l'assurance chômage à tous les salariés qui démissionnent. Aujourd'hui, c'est possible, mais dans certains cas seulement, comme le fait de suivre un conjoint, qui a concerné 14.000 cas en 2021 selon l'Unédic.
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