: Enquête France TV Cryptomonnaies : AccGn, les dessous d'une vaste escroquerie à plusieurs millions d'euros

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La promesse était alléchante. Boursicoter, gagner de l'argent, sans rien faire grâce à une intelligence artificielle. Son nom : AccGn, soi-disant le futur de la finance… En vérité, une arnaque aux ruses bien rodées. Gwen Leloup est dépité. Cet été, cet agent de sécurité a investi et perdu 2 000 euros sur AccGn, un outil censé spéculer tout seul sur le marché des cryptomonnaies et qui rapporterait des dividendes. "L'application, elle permettait, au travers du robot, de pouvoir avoir des gains journaliers", nous explique-t-il.

Après quelques clics, il reçoit ses gains comme un cadeau : "57 USDT journaliers. Ça représente à peu près entre 50 et 55 euros par jour", pointe-t-il, preuve à l'appui. Un système qui l'a incité à continuer : "On est ébloui un petit peu par ces chiffres qui sont quand même énormes, parce qu'il faut savoir que c'est juste une manipulation qu'on a à faire. Et voilà, c'est quand même énorme et je pense qu'il y a beaucoup de gens comme moi qui se sont faits berner", estime Gwen Leloup.

Des millions en jeu

Aujourd'hui, AccGn a fermé. La société domiciliée aux États-Unis a disparu des radars et l'argent s'est volatilisé. Un avocat de plaignants a retracé une partie des flux financiers et la fraude semble conséquente : "On a retrouvé dans un des comptes autour de 18 millions d'euros. Mais aujourd'hui, on ne sait pas où est cet argent et s'il a pu être retiré", explique Me Jérémy Asta-Vola, avocat des plaignants - Cabinet Morell-Alart.

Si les créateurs d' AccGn sont inconnus, dissimulés derrière leur publicité et leurs comptes anonymes sur Telegram, ont-ils eu des complices en France ? Dans la Drôme, l'entreprise a eu de vrais bureaux dans une zone commerciale. Aujourd'hui désertée, l'enseigne a connu son heure de gloire. Lors de l'inauguration, au mois d'août, AccGn paye sa tournée : pizzas, champagne, musique. Les investisseurs s'imaginent en jet-setteurs, autour d'un directeur régional, un pizzaïolo devenu conseiller financier : "T'appuies une fois sur un bouton, tu gagnes des sous", l'entendait-on vanter dans une vidéo. Dans ses bureaux, il a accueilli et recruté 800 investisseurs, en échange d'une commission, chacun d'entre eux devait à son tour recruter de nouveaux membres.

Une plainte collective déposée et déjà des émules

Cet ex-directeur régional a refusé de nous rencontrer au téléphone, il se dit ruiné et menacé de mort : "J'ai mis ma tête, j'ai mis ma famille, j'exposais tout le monde. Si j'étais vraiment un gros arnaqueur, je ne mettrais personne. Pour moi, c'était réel, c'était pas une arnaque. J'ai fait rentrer des avocats, des greffiers, des policiers municipaux", souligne-t-il lors d'un appel.

Une plainte collective vient d'être déposée. La fraude, elle, a déjà rebondi. Des applications identiques sont apparues ces derniers jours sur Internet à la recherche de nouveaux apprentis boursicoteurs.