Drones à l'aéroport de Gatwick : "Aucun aéroport n'a développé de solution pour se prémunir contre cette menace"
Justine Boquet, journaliste spécialiste des drones à la rédaction d'"Air & Cosmos", livre son analyse.
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L'aéroport londonien de Gatwick a rouvert vendredi 21 décembre et les vols ont repris, après avoir été interrompus jeudi, à la suite de l'apparition de drones qui ont paralysé le deuxième aéroport britannique. Pour surveiller le site et éviter le retour des drones, qui ont perturbé les voyages de plus de 120 000 passagers à quelques jours des fêtes de Noël, l'armée et la police britanniques ont déployé des moyens technologiques.
Qui pilotait ces drones ? Pourquoi ont-ils survolé Gatwick ? Le mystère demeure. Pour mieux cerner l'ampleur du problème, franceinfo a interrogé Justine Boquet, journaliste spécialiste des drones à la rédaction d'Air & Cosmos.
Franceinfo : Comment les aéroports se protègent-ils contre les drones ?
Justine Boquet : Manifestement, l'aéroport de Gatwick n'avait pas mis grand-chose en place et je pense qu'il n'est pas le seul dans ce cas. A ma connaissance, à ce jour, aucun aéroport n'a développé de solution pour se prémunir contre la menace des drones. Le groupe Aéroports de Paris collabore avec Thales sur le système de surveillance, de détection et de neutralisation Hologarde, mais il est encore au stade du développement et testé sur la base aérienne de Brétigny-sur-Orge.
La fermeture de l'aéroport de Gatwick, comme l'attaque contre le président vénézuélien Nicolas Maduro en août, montre qu'il y a un vrai besoin de systèmes spécifiques pour se prémunir des usages malveillants des drones. On parle de l'enregistrement des opérateurs de drones, mais on peut se douter que quelqu'un qui veut mener une action malveillante ne va pas se déclarer.
Comment expliquer qu'un simple drone provoque autant de perturbations dans un aéroport ?
Un drone est difficilement détectable, compte tenu de sa petite taille et de l'altitude basse à laquelle il vole. La vraie difficulté, c'est donc de pouvoir détecter rapidement l'intrusion d'un drone dans l'espace aérien de l'aéroport, de pouvoir ensuite le localiser, puis de pouvoir couper ses signaux. Surtout, on ne peut pas anticiper le périmètre dans lequel il va se déplacer. Et comme on ne peut pas savoir à l'avance où et comment le drone va se déplacer, on ne peut pas décider d'ouvrir une piste ou deux. Aujourd'hui, quand un drone arrive sur un aéroport, on doit donc tout stopper.
Quels dangers les drones font-ils courir aux aéroports et aux avions ?
Il y a d'abord un risque de collision avec les avions sur le tarmac, au décollage ou à l'atterrissage. Un drone peut créer des dégâts importants en percutant un aéronef. Il peut par exemple entrer dans un réacteur. Il y a aussi le risque que le drone emporte une charge explosive qui représente également une menace pour les personnes au sol.
Pourquoi les moyens d'interception actuels sont-ils si peu efficaces ?
Les rapaces ne sont pas efficaces à 100% à ma connaissance pour intercepter les drones. Et les autres technologies ne sont pas encore abouties. Il y a pas mal de solutions qui se développent, mais elles sont un peu compliquées à mettre en place pour les aéroports, car elles passent par le brouillage. Or le brouillage qui va être utilisé pour couper le signal du drone va interférer sur les systèmes des avions. Et le but, ce n'est pas de couper tous les signaux sur un aéroport. L'aéroport est vraiment l'infrastructure la plus complexe à sécuriser pour neutraliser un drone, car il y a trop de signaux échangés sur les aéroports.
Beaucoup de gestionnaires d'infrastructures, comme les opérateurs de centrales nucléaires par exemple, font également remarquer qu'au-delà d'avoir identifié le drone, il reste le problème de sa neutralisation. Si on intercepte le drone, il faut encore savoir où on va l'emmener se poser. Si on coupe le signal, le drone tombe, mais un drone, ça ne peut pas tomber n'importe où.
Il faut trouver une solution qui permette de détecter le drone, d'identifier l'appareil et son opérateur, et de pouvoir neutraliser le drone en toute sécurité. Il faut pouvoir maintenir le brouillage uniquement sur le drone, parce que s'il échappe au brouillage, le guidage peut reprendre et le drone, repartir. Je n'ai pas de solution miracle pour les aéroports, mais les industriels y travaillent et devraient aboutir à une solution un de ces jours.
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