"Un conte de Noël" : le film de Desplechin adapté sur scène de façon fidèle et lumineuse par Julie Deliquet
Julie Deliquet restitue toute la puissance chorale du film d’Arnaud Desplechin au Théâtre de l’Odéon-Berthier. Un spectacle qui part en tournée dès le 5 février.
La metteure en scène Julie Deliquet transpose sur scène le film d’Arnaud Desplechin Un conte de Noël. Desplechin, doublement à l’affiche en ce début d’année, puisqu’il revient à la Comédie-Française avec une très belle version d'Angels in America.
Dans le grand salon de la maison de famille, meublé de bric et de broc, la table a été rallongée à la va-comme-je-te-pousse, alors que du tourne-disque s’élève la voix nostalgique de Cat Stevens. Junon, la mère, souffre d’un cancer, et sans greffe de moelle osseuse, ses jours sont comptés. Son mari, Abel, a convié toute la famille à des retrouvailles autour du sapin dans le but premier de trouver un donneur compatible.
Il y en a deux : Paul (Thomas Rortais), le petit fils qui sort de l’hôpital psychiatrique, et Henri (Stephen Butel), le fils goguenard et provocateur. En conflit permanent avec sa mère et detesté par sa soeur Elisabeth (Julie André), il n’était pas revenu à la maison depuis six ans.
Choral
A peine les embrassades terminées, les non-dits font surface, les aigreurs et les haines s’intensifient : blessures à vif, le salon familial est transformé en ring ! Les douze comédiens du Collectif In Vitro dessinent remarquablement leurs personnages. Autour de la matriarche, superbement incarnée par Marie-Christine Orry, il y a le père, Abel (Jean-Marie Winling) teinturier féru de philosophie, le fils adoré Ivan (Eric Charon) et sa femme Sylvia (Solène Cizeron), un neveu (Jean-Christophe Laurier), Simon, et la petite amie d'Henri (Agnès Ramy), Faunia, qui découvre la famille.
Julie Deliquet orchestre parfaitement ce texte choral, les malaises, les fulgurances de cruautés et de douleurs, mais aussi l’humour et l’amour. Avec pour témoin nostalgique le sapin qui clignote dans un coin, les Vuillard, malgré ses déchirures, vont vivre d’intenses moments de grâce et de tendresse, avec beaucoup de vraies surprises qui révèlent le talent de Desplechin scénariste, lui qui n’a jamais caché les éléments autobiographiques de son film.
Trouvailles
Comme cette fin de soirée où Junon croise dans la salle à manger l’amie bimbo de son fils Henri, et lui demande tout à trac comment il est au lit, ou cette scène poignante qui voit Sylvia découvrir que son destin amoureux s’est joué à son insu, avec en apothéose la famille qui se met à jouer du Shakespeare. Et là, c’est à Julie Deliquet qu’on doit cette invention, dont la finalité n'apparaît pas tout de suite, et qui se révèle un moment formidable de théâtre.
Le dispositif bi frontal, des gradins qui se font face des deux côté de la scène, ajoute à la force du spectacle. Nous sommes parties prenantes de ce qui se joue, dans leur intimité, et aucun frémissement, aucun regard, ne nous échappe.
On rit beaucoup à cette tragi-comédie, comme Faunia, l’amie d’Henri, témoin qui nous ressemble, et qui assiste à la désagrégation de cette famille comme si elle était au spectacle.
Après son adaptation réussie du film Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman, Julie Deliquet fait du Contes de Noël un vrai et très beau moment de théâtre qui plaira autant à ceux qui ne connaissent pas le film de Desplechin, qu’a ceux qui considèrent que c’est l’un de ses meilleurs films.
"Un contes de Noël" d'Arnaud Desplechin, mise en scène de Julie Deliquet
Odéon-Ateliers Berthier
Durée 2h20
1 rue André Suarès (angle du boulevard Berthier)
01 44 85 40 40
Du 10 janvier au 2 février 2020
Tournée 2020
du 5 au 9 février Théâtre de la Croix-Rousse – Lyon
du 3 au 6 mars Théâtre de Lorient – CDN de Bretagne
du 9 au 11 mars La Coursive – scène nationale de La Rochelle
du 31 mars au 3 avril Théâtre Romain Rolland – scène conventionnée de Villejuif
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