"Les frottements du cœur" au théâtre des Gémeaux Parisiens : Katia Ghanty revient parmi les vivants avec un spectacle d'une grande sensibilité

Portée par un texte ciselé et une mise en scène épurée, Katia Ghanty joue et danse sa vie de rescapée d’une grave pathologie cardiaque avec une joie communicative. Drôle et intense.

Mohamed Berkani

France Télévisions - Rédaction Culture

Publié le 10/09/2025 16:51

Temps de lecture : 3min

Katia Ghanty dans "Les frottements du coeur" au théâtre des Gémeaux à Paris. (Frédérique Toulet)

Dedans/dehors, victime/narratrice, patiente/comédienne, Katia Ghanty a su trouver la bonne distance et transformer son expérience traumatique en une œuvre bouleversante d’humour et de résilience. Dans ce seule-en-scène, Les frottements du cœur, qui vient de démarrer au théâtre des Gémeaux Parisiens, la comédienne développe une impressionnante palette d’émotions. Elle est à la meilleure place pour porter son récit.

A la suite d'une mauvaise grippe, Katia Ghanty, est transportée à l'hôpital Lariboisière en réanimation dans un état très critique. Son cœur est très affaibli. Son pronostic vital est engagé. "Comme c’est étrange, à 29 ans, d’avoir le cœur qui flanche…", se souvient-elle sur scène.

Les médecins lui greffent une machine d’assistance circulatoire extracorporelle. Posé sans sédation, l’appareil maintient son cœur en marche, illustrant impitoyablement la formule "la vie ne tient qu’à un fil".

A priori, le sujet ne prête pas à l’humour. A priori. Parce que Katia Ghanty, revenue au monde des vivants au prix d’un combat acharné, livre une performance remarquable.

D'humour et de résilience

De son long séjour à l’hôpital, elle tire d’abord un livre, Les frottements du cœur (Carnets Nord), et une pièce de théâtre dans lesquels elle incarne des situations loufoques, des questionnements existentiels, des réflexions absurdes et des paroles surréalistes avec gourmandise. Travaillant un texte ciselé, la comédienne arrive à faire vivre des situations et des personnages d’un simple geste, au détour d’une expression. On voit évoluer l’équipe médicale qui a veillé sur elle : docteur Vélo, docteur Samia, Annabelle l’infirmière, plusieurs aides-soignantes...

Montée il y a deux ans à Avignon, la pièce s’installe à Paris jusqu’en mars 2026. Katia Ghanty est heureuse d’être en vie et sur scène. Et transmet sa joie à une salle complice, acquise à sa cause dès les premières minutes. Le public sourit souvent, parfois rit de bon cœur au cours du spectacle, parsemé de formules drôles. Incontestablement, Katia Ghanty a une présence scénique indéniable.

Evoluant dans un décor dépouillé, trois voilages employés judicieusement et une chaise, elle joue et danse sa survie, sa vie. La chorégraphie, les lumières et la musique font partie intégrante du spectacle, rien n’est superflu ou artificiel.

Pendant près d’une heure et demie, on retient son souffle avec une patiente pas comme les autres, on rit, on doute, on partage ses joies et ses interrogations. Elle aborde des thèmes profonds avec légèreté. Derrière le rire, la résilience. Les frottements du cœur, un spectacle, drôle et dense, où l’émotion n’est jamais loin.