A Suresnes, Kader Attou fait du hip-hop un courant incontournable de la danse
Standing ovation pour Kader Attou qui retrouvait Suresnes avec émotion vendredi soir, pour la présentation de "The Roots", créé il y a déjà un an, en janvier 2013. Compte-rendu de la soirée et interview à l’issue du spectacle. A voir jusqu'au 21 janvier à Suresnes Cités Danse.
Avec the Roots, Kader Attou (directeur du Centre chorégraphique national de la Rochelle) s’intéresse aux racines du hip hop. Sa mémoire de danseur défile pendant une heure et demi et puis s’efface.
Avec sa sensibilité à vif, il nous propose un spectacle ambitieux, enfiévré, qui prend aux tripes ; parfaitement fidèle à son alphabet hip-hop mais nourri aussi de danse contemporaine.
Mêlant Brahms et la musique electro, Attou met en relation ses danseurs dans une sorte de chœur d’ou émergent des personnalités avec chacune leur style, leur physique, leur expression.
Duos raffinés et presque sensuels, ensemble de grande beauté comme ce Radeau de la Méduse improvisé sur une table, ou tout est question d’équilibre et de respect de l’autre.
Fidèles aux codes musclés du hip hop, dans des chemise qu’ils portent ajustées, ces douzes danseurs virtuoses expriment ce qui les lie à travers d’infinies figures de styles.
Kevin Mischel qui ouvre le spectacle, assis dans un fauteuil, mettant en marche un teppaz d’ou jaillit la musique de l'émission phare du hip-hop des années 80, illustre par sa grâce, sa vélocité, son expression subtile, la maturité de ces danseurs et l’évolution du hip hop.
- Kader Attou : La première fois que je suis venu à Suresnes, de Lyon on s’est fait deux heures de TGV, c’est la première fois que je prenais le TGV. On venait à la rencontre d’Olivier Meyer pour lui dire : Monsieur il existe des choses en Province ! On avait 19 ans, on avait présenté un truc complètement naïf, ça sautait, ça faisait des acrobaties, il n’y avait aucune écriture, il n’y avait rien. Je trouve fabuleux l’accompagnement qu’à eu Olivier Meyer (créateur et directeur du Festival Suresnes Cités Danse) et d’autres.
Nous ne nous sommes pas construits tout seul. Ils ont cru en nous, ils nous ont donné la possibilité de porter un regard personnel sur notre travail. On a grandi.
- Pour ce spectacle vous avez choisi de nombreux danseurs rencontrés à Suresnes ?
- Suresnes a drainé beaucoup de danseurs, c’est une famille, tout le monde se connaît. Je ne fais pas d’audition, ce ne sont que des histoires de rencontres, d’affinités.
- Ce qui surprend, c’est la façon fusionnelle de faire travailler ces danseurs, souvent à l’unisson, alors que le hip hop est d’abord une histoire d’individualités ?
- C’est un choix personnel de travailler sur cette notion de masse. Cela fait plusieurs années que je m’intéresse à cette notion et comment l’individu existe même au sein de cette masse. Il y a le groupe et l’individu dans le groupe. J’aime travailler sur cette intéraction et sur la matière organique des choses. C’est lié aussi à mes gouts musicaux, j’aime beaucoup les ensembles, les quatuor, les quintettes, ça m’aide aussi à inscrire ma danse dans ce sens là.
- Les danseurs se touchent, il y a de la sensualité
- J’ai choisi de prendre que des danseurs, pas de femmes, pour être à la recherche de cette sensibilité là, de cette fragilité. Pendant très longtemps on a considéré que la danse hip hop était un univers très machiste. Au début oui, ça fait 30 ans. Aujourd’hui la place de la femme est complétement reconnu avec des chorégraphes femme comme Anne Nguyen ou Christine Coudin et la compagnie Black Blanc Beur.
J’ai eu envie de m’accompagner de l’énergie brute de ces hommes pour les amener à une énergie qui est de l’ordre de la fragilité, de la poésie, de la poétique des coprs qui font parties de mon travail depuis plusieurs années. Assumer cette part de féminité finalement qu’on a tous et comment cela est ressentie dans la relation avec l’autre.
- Il y a des ensembles de grande beauté comme celui qui évoque le Radeau de la Méduse ?
- C’est vrai que c’est une oeuvre qui me bouleverse. J’essaye de créer du lien et c’est comme ça que mes danseurs se retrouvent. Je n’impose que peu de choses si ce n’est de créer du lien. Je ne mets jamais deux corps en opposition. Il y a des êtres qui vibrent davantage et c’est le cas aussi en danse. J’observe, je crée à un moment donné des situations, les gens se retrouvent ou pas.
Il y a beaucoup d’improvisations pour échapper aux artifices, épurer. Quand le danseur est nu, on peut chercher qui il est.
- Votre hip hop s’est imprégné de danse contemporaine
- La danse contemporaine c’est une danse d’aujourd’hui. La danse hip hop c’est une danse d’aujourd’hui. Mais nous nous sommes intéressés à l’histoire de la danse en France, à cette richesse qui nous est apportée.
En France il y a une exception culturelle, c’est la création des chorégraphes hip hop, qui avec cette richesse là on trouvé leur place. Nous nous sommes intéréssés à Maguy Marin, Preljocaj, Josef Nadj, … en nous demandant pourquoi ils nous ont bouleversé, de quelle manière ils ont créés leur spectacle, voilà on s’est nourri de ça.
L’histoire de la danse c’est une histoire de maillons, le maillon hip hop s’ajoute à l’histoire de la danse, il est reconnu aujourd’hui en tant que tel.
The Roots de Kader Attou à Suresnes Cités Danse
16, place Stalingrad, Suresnes
Réservation : 01 46 97 98 10
Salle Jean Vilar
Vendredi 17 janvier 21h
Samedi 18 janvier 21h
Dimanche 19 janvier : 17h
Mardi 21 janvier 21h
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