Fin d'une ère pour Netflix qui perd des abonnés et doit faire face au défi de la stagnation
En perte d'abonnés pour la première fois depuis plus de dix ans, Netflix est menacé de stagnation après une décennie de croissance effrénée, un nouveau défi que la plateforme aborde néanmoins en position de force.
Il aura suffi que Netflix recule de 200 000 abonnés en net seulement, soit moins de 0,1% du total, pour que Wall Street s'affole, avec une action amputée de plus d'un tiers de sa valeur en une seule séance mercredi 20 avril.
"Netflix a perdu son éclat"
Cette perte d'abonnés et la promesse d'"investissements pour relancer le chiffre d'affaires enterrent la belle histoire de Netflix", ont écrit les analystes de Wells Fargo, qui n'ont pas hésité à diviser par deux leur objectif pour le cours de l'action. "Netflix a perdu son éclat", ont-ils assené.
Signe que ce premier trimestre 2022 n'est pas un accident, Netflix anticipe une baisse nettement plus marquée, de deux millions d'abonnés en net, au deuxième trimestre. "Je ne suis pas sûr que ce soit un tournant, mais cela montre l'entrée dans une nouvelle phase de croissance ralentie", a commenté Scott Zari, de S&P, "la question étant de savoir combien de temps elle va durer." "La direction a été assez claire sur le fait que nous ne pouvions espérer qu'une croissance très faible en 2022 et 2023", ont relevé, dans une note, les analystes de Bank of America.
Les identifiants partagés dans le viseur
Le changement s'est senti dans le ton de la présentation des résultats, mardi soir 19 avril. Il a été moins question du succès de Bridgerton ou Ozark, deux séries phares du service vidéo en ligne, que de ces 100 millions de foyers qui regardent Netflix sans payer grâce à des identifiants partagés.
"Quand nous étions en croissance rapide, ce n'était pas une priorité", a reconnu le co-fondateur, Reed Hastings, lors de la présentation. "Et maintenant, on travaille d'arrache-pied là-dessus." "Nous ne voulons pas stopper ce partage", a néanmoins prévenu Gregory Peters, responsable opérationnel, mais "mieux convertir" ce visionnage indu en revenus. "La croissance future dépendra de leur capacité à monétiser ces ménages", a estimé Scott Zari.
La publicité en secours
Pour attirer ces téléspectateurs du côté payant, Netflix prépare aussi des offres moins chères avec de la publicité, d'ici un ou deux ans. Après avoir longtemps défendu un modèle sans pub, l'entreprise de Los Gatos en Californie va finalement imiter ses grands concurrents, de Disney à HBO Max, Apple restant seule exception. "Est-ce qu'ils sont derrière la concurrence" en la matière, "oui", reconnaît Jawad Hussain, de S&P, même s'il "sera peut-être un peu plus facile" que pour leurs concurrents de déployer la publicité en ligne, "car ils ont toujours été un groupe en pointe technologiquement".
Pour Jeff Wlodarczak, analyste du cabinet Pivotal, "il semble que le marché du streaming soit désormais totalement investi au niveau mondial" après la pandémie de Covid-19 qui a accéléré sa pénétration. "Il s'agit maintenant de convertir les pirates, de prendre des parts de marché (à d'autres) ou de monter les prix." Ce dernier axe n'est déjà plus exploitable à court terme par Netflix, qui avait déjà remonté une nouvelle fois ses prix en janvier, au point de devenir, aux Etats-Unis, le service le plus cher parmi tous les grands acteurs.
Netflix reste le leader du marché
Côté budget, "vous allez clairement voir un impact en termes de dépenses de contenu", prévient Paul Hardart, professeur à l'université de New York (NYU). Netflix s'était jusqu'ici fixé une enveloppe de 19 milliards pour ses contenus en 2022, en hausse par rapport aux 17 milliards de l'an dernier. Pour Joel Mier, professeur de marketing à l'université de Richmond, si les changements annoncés sont "significatifs", ils restent "périphériques". La "stratégie de long terme reste d'investir dans de la création locale et de bâtir une présence dans les jeux vidéo".
Avec ses 221 millions d'abonnés, "Netflix reste, de loin, le leader du marché du streaming", rappelle Scott Zari. "Ils sont très loin devant", abonde Paul Hardart, "en particulier au niveau mondial, ce qui leur donne un gros avantage". Loin d'être un cas à part, la plateforme offre, en outre, un avant-goût à ses concurrents, qui "seront aussi confrontés à ces problèmes à un moment donné", selon Jawad Hussain. "Ce n'est pas une bonne nouvelle pour Netflix", appuie Paul Hardart, "mais c'en est sans doute une plus mauvaise pour les autres plateformes qui essayent de s'affirmer."
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter