Séries Mania 2023 : autocritique des conflits armés, témoignages historiques, comment la guerre se raconte dans les séries
Ce dimanche 19 mars, à l'occasion du Festival Séries Mania de Lille, Florence Aubenas, grand reporter au Monde et Pierre Haski, journaliste géopolitique et président de Reporters sans frontières, ont questionné la représentation de la guerre à travers une sélection de séries françaises et internationales.
Comment représenter la guerre dans les séries ? Y a-t-il forcément un parti pris ? Comment trouver l'équilibre entre documentaire et fiction ? Autant de questions auxquelles le Festival Séries Mania, qui se déroule à Lille jusqu'au 24 mars, a souhaité répondre avec deux spécialistes des conflits internationaux, les journalistes et créateurs de récits Florence Aubenas et Pierre Haski.
Au-delà des sensations que nous procurent les séries de guerre avec leurs multiples rebondissements et scènes d'actions, celles-ci ont aussi la capacité de nous faire réfléchir. Pour certains créateurs de séries, parler des guerres que leur pays a menées est un moyen de jouer sur l'auto-dérision voire de l'auto-critique. À l'instar du scénariste américain, David Simon (The Wire), à l'origine de la série Generation Kill (2008), qui dresse le piteux constat des opérations américaines en Irak et montre l'absurdité de la guerre.
La guerre, surtout du côté de l'armée
Pour autant, les séries de guerre se heurtent à quelques difficultés. Pour raconter une histoire, elles se focalisent généralement sur quelques personnages et adoptent ainsi un seul point de vue. "Il faut se rendre compte que bien souvent, les séries montrent la guerre du côté de l'armée. Cela raconte une partie de la guerre mais pas sa totalité", souligne Florence Aubenas, grand reporter et écrivaine.
Dernièrement, deux séries françaises ont été réalisées avec l'aide de l'armée française (accompagnement technique et documentaire) : Sentinelles (OCS) sur des militaires français au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane et Cœurs Noirs (Prime Video), sur un commando de forces spéciales en Irak. Pour Florence Aubenas, qui a couvert de nombreux conflits armés du point de vue des civils, ces séries, bien qu'intéressantes pour saisir le quotidien et les missions des militaires français, ne montrent en réalité que très peu les ennemis et les civils. "Ce qui manque, c'est la guerre vécue par les civils, souvent les séries cherchent l'action, le "boum boum". Mais qu'est-ce que la guerre du point de vue d'une famille irakienne ? Ce serait intéressant à raconter", estime-t-elle.
Des séries comme "souvenirs historiques"
Plus largement, quel est le rôle de ces séries qui raconte la guerre ? Pour Pierre Haski, ces fictions permettent de mieux comprendre les conflits et toute la complexité qui s'y joue. "Les séries qui parlent de la guerre doivent nous interpeller, nous questionner. Les militaires français font la guerre en notre nom. C'est là que la fiction est intéressante, car elle nous permet de reconstituer des scènes qui probablement se passent en temps de guerre et qu'on ne voit pas aux actualités", explique-t-il.
Ces séries permettent d'une certaine façon de laisser des traces des guerres passées. "Barkhane est terminé, la France a retiré ses troupes, les séries comme Sentinelles vont au final devenir des souvenirs historiques", ajoute Pierre Haski. Bientôt, des fictions sur la guerre en Ukraine verront aussi le jour. Une série est d'ailleurs d'ores et déjà en cours de préparation selon le média américain Deadline, et parlera de "Ceux qui sont restés" dans les premiers jours de l'invasion de l'Ukraine.
Mais l'intérêt de la fiction et des séries, c'est aussi de créer de nouveaux récits basés sur l'Histoire de son pays. Selon Florence Aubenas, "il faudrait faire une série française sur la guerre d'Algérie car c'est intéressant les angles morts des pays. Et ce sujet-là est un angle mort effrayant du nôtre."
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