Nord : la Fête des Louches fait toujours vibrer le cœur de Comines

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Ils sont venus par milliers à Comines (Nord), sur les trottoirs et aux fenêtres pour tenter de les attraper. Nulle part ailleurs, louches et autres cuillères en bois n'auront créé une telle ferveur. Aux abords du cortège de la Fête des Louches, seuls quelque 2 000 chanceux repartiront avec la précieuse cuillère. Célébrée depuis 1884, l'origine de la fête remonte à une légende du Moyen-Âge, quand une louche aurait permis de libérer le seigneur de la ville. "Le seigneur de Comines était enfermé dans le château. Il a entendu du bruit sur les toits, il y avait des couvreurs qui travaillaient. Et il a lancé la cuillère avec laquelle il mangeait par la fenêtre. C'est cette tradition-là que l'on reconstitue ici", raconte Jean-Claude Lecointre, le président du comité de la Fête des Louches.

Un héritage médiéval

Toute la journée, la ville célèbre au rythme des tambours. Dans la foule venue nombreuse, des novices sont visiblement séduits. "C'est la première fois qu'on le fait. On reviendra tous les ans", assure une femme. Des habitués sont aux premières loges : "On est nés ici. Donc on est toujours là, tous les ans."

Dans le Nord, qui dit fête traditionnelle, dit aussi géant. Ces mascottes de plusieurs mètres de haut sont des incontournables de la région, qui rendent hommage à des figures locales, comme une drapière de la ville. Du haut de ses trois mètres soixante, la géante émerveille les plus petits. "J'adore quand elle danse", confie une enfant.

Le temps d'un week-end, Comines célèbre son patrimoine et son héritage médiéval. Mais les louches ne sont jamais bien loin. Ici, elles se déclinent sous toutes leurs formes, du pendentif au porte-clé. Mais c'est bien la louche en bois qui a le plus de succès. Hélène en vend plusieurs centaines dans le week-end, à tous ceux qui n'auraient pas réussi à les attraper en vol. "Ce n'est pas facile d'en avoir. Donc il y en a qui viennent les acheter, effectivement. On a toutes les tailles qui sont lancées. C'est beaucoup plus calme. Il n'y a pas de bagarre. On a tout ce qu'il faut", assure-t-elle.

Tous les coups sont permis

Car rattraper sa louche gratuite peut relever du combat, surtout lors de l'épreuve finale de la journée, le traditionnel lancer de louches depuis la mairie. Près d'un millier de louches en bois sont lancées sur la foule. Et côté tireur, on ne se retient pas. Jamais de blessés ? "Il faut demander à la protection civile. Ils vous diront 10, 12, 14. On ne sait pas le dire. Ça fait partie de la tradition", confie Pascal Durnez, membre du comité de la Fête des Louches.

Car dans la foule, tous les coups sont permis pour mettre la main sur le précieux objet. "Je vois qu'il y a une trace de sang dessus, mais elle n'est pas de moi... C'est un peu comme un match de rugby, mais pour une cuillère en bois", relativise un participant. Pour certains, l'enjeu est bien plus grand qu'un simple trophée. "Mon beau-père m'a dit : "si tu ne ramènes pas cette louche, je ne te marie pas avec ma fille". J'ai eu de la chance", s'amuse un homme.