LCD Soundsystem a refermé l'édition 2024 de Rock en Seine avec un show électrisant
Le gang new-yorkais emmené par James Murphy a offert dimanche, en clôture de ces cinq jours de décibels, un concert à la hauteur de sa réputation, une orgie sonore où la mélancolie le disputait à des pics d'énergie phénoménale.
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Depuis leur mémorable concert à l'Olympia en septembre 2017, qui nous avait laissé la mâchoire pantelante, LCD Soundsystem a beaucoup tourné, dans le monde entier. Mais la France n'était jamais sur la carte. Leur venue cet été pour trois dates, dont Rock en Seine (après Beauregard et les Nuits de Fourvière) en clôture dimanche 25 août, a donc suscité une ferveur particulière.
Pourtant, depuis sa renaissance avec American Dream, quatrième album inespéré sorti en 2017, six ans après l'auto-sabordage du groupe new-yorkais en grande pompe au Madison Square Garden, James Murphy et son gang n'ont rien sorti, ou presque (si l'on excepte le single de 2022 New Body Rhumba, écrit pour le film White Noise de Noah Baumbach).
Pas de nouveaux titres et beaucoup de concerts ? L'équation est simple pour l'exigeant et hyperactif James Murphy : conjurer l'ennui de la routine en revisitant, malaxant, voire réinventant le répertoire existant.
Des titres revisités
C'est ce qui nous a frappés dimanche soir à Rock en Seine, sous l'imposante boule à facettes, dans un set mixant puissance démente et mélancolie poignante, qui empruntait à l'ensemble de leur discographie. Davantage que leur son resté d'une précision diabolique, plus que leur science ultra-maîtrisée des montées et des explosions d'énergie jouissives, c'est cette fois le jeu, plus ou moins subtil ou appuyé, avec leurs propres morceaux, que l'on retiendra.
Ainsi You Wanted a Hit était présenté dans une version dépouillée où la voix de James Murphy régnait en maître – lui qui assure que sa carrière de chanteur est "purement accidentelle" –, avant que le morceau ne parte en vrille en fin de parcours dans une frénésie folle. Tonite terminait, elle aussi, en apothéose, le sautillant et chapeauté Al Doyle (qui officie également chez Hot Chip) faisant hurler sa guitare en la précipitant contre les amplis, quand il cisaillait sa six cordes sur Movement, propulsé par la rythmique implacable du batteur Pat Mahoney et du bassiste Tyler Pope (dont c'était l'anniversaire, nous apprenait James Murphy lors des présentations).
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La palme revenait cependant à l'impérissable premier tube Losing My Edge (2002), brûlot sarcastique toujours pertinent dans lequel James Murphy s'en prend à la hype, aux snobs du rock et de la dance, et à leur "nostalgie de seconde main" pour les années 1980.
Construit entièrement sur le beat basique d'un beatbox déniché dans une brocante et offert par Ad Rock des Beastie Boys (une info glanée dans le formidable livre choral Meet Me in The Bathroom), le titre, accueilli par les hurlements de joie du public, donnait lieu à une version épique. Zébrée d'effets de scratchs, elle était enrichie de clin d'œil, citant Suicide (Ghost Rider ?), Daft Punk (Robot Rock, à défaut de jouer Daft Punk is Playing at my House, attendu en vain par beaucoup) et Yazoo (Don't Go), chantée par la claviériste Nancy Whang.
Le groupe pleure un ami disparu
Si Rock en Seine est ce soir l'épicentre de la fête imaginaire qu'organise LCD Soundsystem en version live, une fête punk-funk de tous les diables, force est de reconnaître que James Murphy est d'humeur bougonne, maussade. Il ne sourit guère (une seule fois, largement, face à la foule), et s'il donne de grands coups de jambes et de pieds avec humour façon kung-fu, il semble agacé à plusieurs reprises par de menus détails que cet ours mal léché règle à coups de gestes des bras et de froncements de sourcils broussailleux.
On finit par comprendre les raisons de sa mine assombrie lorsqu'il annonce, en préambule du poignant Someone Great, écrit à l'origine pour la disparition de son psy, dédier ce morceau à un ami cher, Justin Chearno, qui vient de mourir subitement ces jours-ci à l'âge de 54 ans. En introduction de New York I Love You, James Murphy réitérera la mémoire de ce musicien et grand amateur de vins naturels, qui fut partenaire du bar à vins The Four Horsemen qu'il a ouvert à Brooklyn en 2015, indiquant "il nous manque beaucoup".
LCD Soundsystem, ce groupe qui a appris au rock à danser, est connu pour ne pas jouer deux fois la même setlist. Mais il sacrifie depuis quelques années à une routine de fin de concerts, qui tous s'achèvent immanquablement avec All My Friends. Ce signal du tomber de rideau arrivait dimanche un peu trop tôt, le public, qui dansait et s'échangeait des sourires radieux, ne l'avait pas vu venir, après onze titres sans temps mort. Sur cette conclusion, James Murphy était particulièrement habité, lorsqu'il demandait de façon répétée au refrain "Où sont tes amis ce soir ?". Certains sont six pieds sous terre. Raison de plus, malgré les larmes, de fêter la vie.
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