: Interview Rock en Seine 2025. "J'espère parler autant aux jeunes qu'à une veuve à Poitiers" : la chanson française d'Andéol ce soir au festival
À 19 ans, son premier titre "Regards" perce sur Spotify et récolte le million d'écoutes, sans clip, ni promotion.
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Avec des étoiles plein les yeux, Andéol raconte sa première scène en festival. C'était le week-end dernier, aux Francofolies à La Rochelle, et le jeune chanteur n'en revient toujours pas. "Ça m'a confirmé que si je ne le fais pas à nouveau, c'est la merde", déclare-t-il à franceinfo Culture, lors de notre rencontre dans les bureaux du label Panenka.
L'attente ne sera pas longue pour le chanteur âgé de 25 ans. Programmé jeudi 21 août à Rock en Seine, il fait partie des jeunes talents sélectionnés pour participer au Club avant Seine, le tremplin du festival. En janvier 2026, dans une ambiance plus intimiste, il montera sur la scène de la Maroquinerie et interprétera pour la première fois en live, son dernier EP.
C'est sans pression qu'Andéol aborde cette célébrité naissante. Avant Rock en Seine, le chanteur revient sur ses débuts dans la musique, ses inspirations et nous parle de ses futurs projets, avec en ligne de mire la sortie de son dernier EP qui succède à Plus de bisous sur la bouche, dévoilé en février dernier. L'occasion peut-être pour les festivaliers de Saint-Cloud de bénéficier de quelques exclusivités. Après son succès aux Francofolies, qui sait ce que cet artiste en herbe réserve pour le rendez-vous parisien.
Franceinfo Culture : Quel est votre rapport à la musique ?
Andéol : Mon père est graphiste, il réalise des pochettes d'albums de musique. Les CD, c'était tout un sujet chez moi, quand mes parents ont divorcé, ils se disputaient les albums et me demandaient d'aller en récupérer chez l'autre. Donc, il y a toujours eu de la musique et surtout de la nouveauté, à la maison. Grâce à eux, j'ai découvert Kendrick Lamar, Eminem, mais aussi Britney Spears, Alizé et les Strokes. Puis, j'ai eu mes propres inspirations, une palette élargie de références, allant de Kanye West à Christophe que j'ai redécouvert grâce aux slows, en passant par Björk, Daft Punk et les Beatles.
Et votre musique ?
Je fais de la pop et de la chanson française.
Comment en êtes-vous venu à interpréter vos propres titres ?
J'ai toujours écrit des textes, je participais souvent à des concours de poésie. Au collège et au lycée, avec des potes, on voulait avoir un projet. À ce moment-là, le grand frère de mon meilleur ami produisait un artiste, on a fait pareil, et comme il n'y avait que moi qui écrivais, je suis devenu l'artiste. C'est là que j'ai commencé à faire des chansons et à m'enregistrer avec le micro qu'on avait acheté, d'abord ensemble puis de mon côté dans ma chambre.
Vous baignez dans la musique depuis l'enfance, pourtant vous n'êtes pas instrumentiste.
Mon frère était instrumentiste, il a fini pâtissier. Moi, je faisais du karaté et j'ai fini musicien. Les paroles, c'est mon instrument, donc elles sont très importantes pour moi. J'écris seul mais à mes yeux, la création est un moment de convivialité, de partage alors j'ai toujours traîné avec des gens qui savaient composer et produire, des choses que je n'avais pas besoin de faire. Je travaille beaucoup avec Futtry, compositeur et producteur, qui produit beaucoup de mes chansons. Mais là, ces derniers temps, je fais plus de musique qu'avant, j'expérimente, je cherche plus et j'essaye de composer des trucs tout seul, de A à Z.
En autodidacte ?
Je tiens à ça. Je suis beaucoup allé à l'école, d'abord en prépa littéraire puis à la fac en philosophie et en études politiques, je suis toujours étudiant d'ailleurs car j'adore ça. La musique reste le domaine où je n'ai jamais eu aucun cours, c'est un espace de création hors académique, je n'ai aucune idée de ce qu'est une note ou une partition et je crois que j'aime ça. Quand j'ai besoin d'une information, je vais la chercher sur Internet, c'est ça qui est facile aujourd'hui.
Vous aimez écrire. De quoi parle votre musique ?
Les premières chansons qu'on écrit, c'est soit trop concret soit très abstrait. Au bout d'un moment, les bonnes idées viennent et les bonnes manières d'écrire et de composer aussi. Un jour, j'ai découvert le cheat code d'écrire des chansons d'amour, d'un coup, c'est devenu très facile parce que j'en avais entendu toute ma vie, elles sont partout, même dans le rap, quand ils parlent de la rue, c'est comme si c'était une meuf. C'était un peu le sujet évident, surtout qu'à cette période je suis tombé amoureux, pour la première fois, j'avais quelque chose que je voulais vraiment raconter et qui sortait de mon cœur, un sentiment à moi. Le problème avec les chansons d'amour, c'est qu'au bout d'un moment, ça devient une chimère. Tu as plusieurs expériences, tu mélanges ta vie à celle de tes potes et tu te retrouves à écrire un exercice de style.
À 18 ans, vous percez avec votre premier titre, une chanson d'amour.
Cette chanson s'appelle Regards et à sa sortie, elle a cartonné, sans promotion ni clip vidéo. C'est une chanson que j'ai faite sur ma vie de jeune garçon qui découvre l'amour et le sexe. Lorsque je l'ai téléchargée sur Spotify et Instagram, elle a récolté un million d'écoutes et le titre a atteint la 17e place du Top Viral France. Moi, pendant ce temps, j'étais dans mon lit d'hôpital avec ma gorge ouverte, à cause d'un abcès. Heureusement je n'ai eu aucune séquelle, à part une cicatrice que j'aime bien.
À cette époque, comment vous vivez ce succès soudain ?
J'étais content, ça m'a fait y croire. Après concrètement il ne se passe rien, on n’avait pas d'image, les auditeurs ne pouvaient se rattacher à rien. J'ai compris que faire une bonne chanson, c'est faisable, en faire plusieurs, c'est très difficile, ça a été tout le problème des années qui ont suivi. En parallèle de mes jobs étudiants, je réseautais pour attirer l'attention des labels et des salles de concert, parfois je réussissais à jouer dans des bars associatifs. C'est le jeu pour l'écrasante majorité des gens qui font de la musique : on y croit sans y croire, mais en même temps, on aime trop ça pour renoncer. C'était très laborieux de continuer à faire de la musique, assez ingrat comme vie, tu es mal payé. Pile au moment où j'ai commencé à accepter l'idée que ça devienne un hobby, celui qui est désormais mon manager, Guillaume Depagne, m'a contacté sur Instagram. Normalement, tu te fais d'abord repérer par le public puis tu signes un contrat, ensemble on a réussi, à force de travail, à attirer l'attention des labels. Je ne crois pas à la méritocratie mais parfois il y a un peu de justice, ou de destin.
En 2024, vous signez avec le label Panenka. Vous vous apprêtez à sortir un nouvel EP ?
Dans cet EP, je voulais raconter qui j'étais, de façon intime. Je l'ai beaucoup fait du point de vue amoureux, et dans l'EP même s’il y a une chanson d'amour, il n'est plus question d'en faire un prétexte pour raconter autre chose. Je parle de moi, mon enfance et mon adolescence, c'est vraiment l'exploration d'un garçon qui passe à l'âge adulte, les émotions de ce mec qui vit à Paris.
C'est quoi être un garçon justement ? Andéol, en grec ça vient de Andros, qui signifie "homme, viril"...
Je ne savais pas, mes parents ont choisi ce prénom pour ses origines provençales. C'était un problème d'être un garçon, au sens philosophique, une question qui me préoccupait, celle d'avoir du "pouvoir", dont je ne veux pas mais qui me confère des privilèges, et de l'utiliser intelligemment. Effectivement, quand tu es un homme blanc qui a grandi à Paris, tu es au top de la chaîne alimentaire. Avec ma musique, j'ai envie qu'on entre en fusion tous ensemble et pour y arriver, je pense que ce n'est pas mal de savoir d'où je parle et d'où je chante. Mais après, il ne faut pas non plus en faire un truc obsessionnel, qui peut vite devenir hypocrite. La chanson permet justement de sortir de notre catégorie et d'atteindre un autre public, quand tu écoutes un titre, tu n'entends que la voix de la personne. Une belle chanson raconte une émotion qui est juste et peut résonner avec tout le monde. Je n'essaye pas de diffuser un message mais plutôt d'inspirer un ressenti, chez des jeunes comme moi mais aussi chez une veuve à Poitiers.
Rock en Seine est le deuxième tremplin de l'été auquel vous participez en festival. Quel est votre rapport à la scène ?
J'ai cette chance d'être à l'aise devant le public. J'adore quand le public n'est pas réceptif et devoir aller le chercher, c'est un défi que je me lance. Je me dis toujours que s’il y a un flop, c'est de ma faute. Et après, quand ils sont déjà réceptifs, c'est un moment de partage et de convivialité, les concerts restent l'un des rares endroits où on peut encore rencontrer des personnes et échanger. Même si je suis à l'aise, il me reste encore beaucoup de travail à faire sur la présence scénique et la voix. Aux Francofolies, j'ai l'impression d'avoir découvert la musique : le show a duré quarante minutes, les arrangements étaient incroyables, les chansons me ressemblaient vraiment. Il y avait 12 000 personnes, et je pense que seulement 100 d'entre elles me connaissaient. Quand je suis sorti de scène, j'étais encore sous endorphines.
Andéol à Rock en Seine, Club avant Seine, le 21 août 2025.
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