Jérôme Deschamps, huit années à l'Opéra Comique : "Il a fallu se battre !"
En juin prochain, Jérôme Deschamps passera la main à son adjoint Olivier Mantei à la tête de l'Opéra Comique, une institution qui fête ses 300 ans. En poste depuis 2007, il s'est démené pour "réveiller la Belle au bois dormant". Rencontre.
La bâtisse est superbe et la place Boieldieu qui l’héberge, tout aussi charmante. Un endroit presque dissimulé aux yeux de ceux qui arpentent les grands boulevards parisiens. Voilà qui est bien à l’image de l’Opéra Comique qui fête ses 300 ans. Magnifique et intimidante. Qu’est-ce donc que cet opéra où l’on parle ? Comment son directeur parvient-il à remplir la salle de ses spectacles ? Jérôme Deschamps est le patron du lieu. Oui, c’est bien celui des Deschiens, mais attention, le Deschamps directeur de l’opéra est prêt à défendre bec et ongle toutes ses années, tout ce qu’il a entrepris.
Un anniversaire dument annoncé par un panneau accroché au bâtiment : "L’Opéra Comique, 300 ans que ça dure". Et depuis tout ce temps, une confusion, un malentendu (un comble pour une maison qui aime à faire entendre) perdure.
"Quand on dit Opéra Comique, on peut penser que les spectacles présentés ici sont forcément comiques, affirme Jérôme Deschamps. Pourtant Carmen ou Lakmé ne sont pas vraiment drôles… En fait, le mot 'comique' renvoie au mot 'comédie'. C’est un peu toute l’histoire de ce que nous pratiquons ici, cet art un peu particulier qui mêle théâtre et art lyrique, la parole et le chant. Ce genre a connu d’énormes succès aujourd’hui oubliés. Depuis son apparition, il a toujours parlé à la société des diverses époques. D’ailleurs, autant l’opéra fait parler les dieux, autant l’opéra comique fait intervenir les gens".
Et pour aider à ce "réveil", d’importants moyens ont été consentis au maître des lieux. C’était "la" condition posée aux pouvoirs publics pour sa venue, tranche-t-il. Et d’ajouter qu’il ne voulait pas être le "concierge de luxe" d’un projet sans pouvoir le mettre en œuvre.
"Certains croyaient qu’on allait donner des spectacles façon Deschiens. Absolument pas. Je pense avoir pris beaucoup de monde à contre-pied en pariant sur l’excellence musicale en particulier. Des artistes de très grand talent sont venus ici, Gardiner, Christie et tant d’autres, d’admirables chanteurs et chanteuses… Cette ambition crée le désir. Elle permet de rassembler des coproducteurs et de donc de diviser les coûts".
"Le Freischutz". Direction musicale : Sir John Eliot Gardiner (2011)
En haut de cet escalier, admirez le foyer. Seul un atelier français a su redonner leur splendeur originelle aux rideaux. Les énormes lustres ont été repeints à la feuille d’or. C’est à couper le souffle. "Un million d’euros !" lâche Jérôme Deschamps, dont 700 000 versés par une fondation américaine. Mais il a fallu se battre auprès du ministère pour obtenir le complément, déplore Monsieur le directeur que l’on sent bouillonner, si ce n’est bouillir.
La recherche des aides de toute nature devient alors un souci constant. Comment organiser le partage, la culture et la diffusion même des œuvres ? Et Monsieur le directeur décidément en veine de confidences de dénoncer le retrait de la télévision de service public dans les captations de l’Opéra comique. "J’ai aussi réanimé l’AMOC (l’association des amis et mécènes de l’Opéra Comique). Des entreprises, des personnalités nous aident. Cela permet d’organiser une rencontre entre des publics qui ne seraient jamais venus ici et nos spectacles. Une véritable armée d’associations monte des projets autour des œuvres et quand les gens viennent, ils comprennent ce qu’ils voient. Ils se sont appropriés les ouvrages, les auteurs, et le tout est accompagné d’une politique de prix des places réellement très favorable…"
"Les Brigands" de Jacques Offenbach à l'Opéra Comique - mise en scène de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps Monsieur le directeur est intarissable : création d’un atelier costume, d’une académie de l’Opéra comique pour jeunes artistes… Mais tout cela s’arrêtera en juin prochain. Au bout de deux mandats, il doit céder sa place. "Je sais que je dois partir, confie-t-il. Mais je me suis évertué à rendre irréversible ce que j’ai entrepris. J’ai refait la fosse d’orchestre, le plafond de la salle… D’autres grands travaux sont nécessaires comme la ventilation ou l’électricité qui a plus de 50 ans d’âge. Maintenant, insiste-t-il, on ne peut plus revenir en arrière". Et Jérôme Deschamps d’afficher un sourire… de brigand, celui de l’opéra bouffe d’Offenbach bien sûr.
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