"Breaking the waves" à l’Opéra-Comique : Dieu, l’amour et la mort
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Royce Vavrek et Missy Mazzoli proposent une adaptation d’une rare puissance dramatique du film éponyme de Lars Von Trier. Fascinant.
A l’applaudimètre, c’est un grand succès incontestable, plus de quinze minutes de standing ovation à la fin du troisième acte. Est-ce que l’opéra ressemble au film ? Oui… et non. La réponse est nuancée. L’Opéra-Comique a eu l’heureuse initiative de programmer Breaking the Waves adaptation du film éponyme de Lars Von Trier, Grand Prix du Festival de Cannes en 1996. On retrouve le cadre, la passion, la fougue et les tourments, voire l’aliénation, du film mais le librettiste Royce Vavrek et la compositrice Missy Mazzoli introduisent des subtilités et surtout de l’empathie qui rendent le propos moins équivoque.
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Dieu, qu’elle l’aime, Jan ...
Dans une stricte communauté calviniste du nord de l’Écosse, la jeune Bess remercie Dieu pour le plus beau des cadeaux : son amour pour Jan, un étranger qui travaille sur une plate-forme pétrolière au large. Bess, tout le monde lui veut du bien. Tout le monde la conseille, quand ne fait pas pression sur elle. Bess est amoureuse, à devenir folle, au sens premier, d’inquiétude et… d’amour. Quand Jan repart travailler sur sa plateforme, Bess craque psychologiquement et demande à Dieu de le ramener auprès d’elle, quel que soit le prix à payer. Jan revient mais dans les conditions espérées par Bess. Son mari survit à un accident et est désormais paralysé. Sur son lit d’hôpital, il lui demande de chercher l’amour auprès d’autres aux hommes. Pour son bien lui, pour sa santé à lui. Sinon Bess n’accepterait jamais.
La passion selon Bess
Son amour, sa foi, sa bonté font de Bess une héroïne sacrificielle. Elle est convaincue que l’état de santé de son époux s’améliorerait si elle lui obéissait, comme la religion lui a appris. Obéir, ne rien remettre en question. Quand Bess parle d’elle-même à la troisième personne, quand elle s’adresse à Dieu, l’amoureuse laisse éclater toutes ses failles. Son jusqu’au-boutisme est le fruit de la pression sociale et religieuse. La soprano américaine Sydney Mancasola emmène son personnage aux limites de la raison. Avec une voix forte dans les moments forts, cristalline, elle donne vie à une Bess à la recherche de sa propre voie. Jan, incarné par le baryton très inspiré Jarrett Ott, change après son accident. Blessé, il cherche à humilier, à blesser. Amoureux ou manipulateur mégalomane ?
La musique, ce don
Comment est né cet opéra ? "J’ai adoré ce film de Trier dès la première fois que je l’ai vu, à l’âge de 14 ans. Je me souviens que c’était chez un copain, sur une minuscule télévision, pas idéal pour prendre la mesure de toutes ses qualités cinématographiques. Ce qui a saisi mon imagination, c’est l’histoire et le jeu des acteurs", confie le librettiste Royce Vavrek.
Quelles différences avec le film ? "L’une des plus puissantes caractéristiques de l’opéra, c’est sa capacité à communiquer simultanément plusieurs couches d’émotions. Il me semblait que j’allais pouvoir explorer la psychologie des personnages de manière très profonde et très complexe parce que j’allais utiliser la musique comme principal moyen d’expression. C’est en cela que notre opéra se distingue du film, qui soulignait moins d’aspects en même temps", explique la compositrice Missy Mazzoli.
Avec une mise en scène minimaliste, épurée, de Tom Morris et à la baguette Mathieu Romano, Breaking the waves est une œuvre d’une rare puissance dramatique. La dernière représentation est prévue ce mercredi 31 mai.
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Fiche
Titre : Breaking the waves
Opéra en 3 actes (2h45)
Musique : Missy Mazzoli
Livret : Royce Vavrek
Direction musicale : Mathieu Romano
Mise en scène : Tom Morris
Distribution : Sydney Mancasola, Jarrett Ott, Wallis Giunta, Susan Bullock, Elgan Llŷr Thomas, Chœur Aedes, Orchestre de chambre de Paris
Remarque : ne convient pas à tous publics, contient des scènes de nudité.
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