Mort de Ziad Rahbani : une foule immense a fait ses adieux au compositeur et dramaturge de génie libanais

Aux côtés de Feyrouz sa mère, les Libanais ont rendu un vibrant hommage à l'artiste de gauche qui s'était fait l'écho des désillusions de la génération de la guerre civile.

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Le cercueil du célèbre musicien et compositeur Ziad Rahbani porté par une foule endeuillée lors lors de la cérémonie funéraire à l'église grecque orthodoxe de la Dormition de Mhaidseh à Bikfaya, dans le Mont-Liban, au nord-est de Beyrouth, le 28 juillet. (JOSEPH EID / AFP)
Le cercueil du célèbre musicien et compositeur Ziad Rahbani porté par une foule endeuillée lors lors de la cérémonie funéraire à l'église grecque orthodoxe de la Dormition de Mhaidseh à Bikfaya, dans le Mont-Liban, au nord-est de Beyrouth, le 28 juillet. (JOSEPH EID / AFP)

Les obsèques du célèbre compositeur et dramaturge libanais Ziad Rahbani, mort d'une crise cardiaque à 69 ans, se sont déroulés lundi 28 juillet en présence de sa mère, la diva libanaise Feyrouz, qui n'était pas apparue en public depuis des années, de nombreuses personnalités culturelles et politiques.

Le fils de la reine de la chanson libanaise et du musicien Assi Rahbani a été inhumé dans le caveau familial à Zeghrine, village situé dans la région du Mont-Liban, rapporte L'Orient-Le Jour. La messe de funérailles a été célébrée à l'église grecque orthodoxe de la Dormition à Bickfaya (nord-est de la capitale Beyrouth), dans la montagne du Metn. Musicien, précurseur du jazz oriental, compositeur, metteur en scène, Ziad Rahbani a laissé une empreinte indélébile sur des générations de Libanais grâce à ses chansons et surtout ses œuvres théâtrales.

Artiste visionnaire 

"En s’opposant à la tradition, sa famille, en introduisant le jazz mâtiné de quart de ton dans les rhapsodies folkloriques de ses parents, Ziad decillait les aveuglés, Ziad réunissait les deux Beyrouth dans une même amertume joyeuse, un même désespoir élégant", a écrit Fifi Abou Dib dans les colonnes de L'Orient-Le Jour.

Pour rendre hommage au célèbre artiste de gauche, le grand journal francophone libanais a fait une manchette en arabe – Bil nesbé la bou kra chou ? (Que va-t-il se passer demain ?) étant le titre d'une célèbre pièce de Ziad Rahbani – une première selon Anthony Samrani, le rédacteur en chef du journal.

Dès le début de la journée, fleurs et portraits à la main, les Libanais ont salué la mémoire de celui dont le discours a rendu justement compte de l'amertume de la jeunesse de la guerre civile. Un conflit que le metteur en scène avait prédit dans ses œuvres avant même qu'il n’éclate en 1975. Après avoir quitté l'hôpital, le véhicule transportant le cercueil de Ziad Rahbani a circulé dans Hamra, "quartier où il a vécu la majeure partie de sa vie", précise L'Orient-Le Jour

Avant la cérémonie, la diva Feyrouz et sa famille ont reçu les condoléances de centaines de personnalités du monde artistique et politique au salon de l'église de la Dormition. Dans la matinée, à l'arrivée de la chanteuse dans l'église, indique L'Orient-Le Jour, l'on pouvait entendre Ana el-Oum el-Hazina (Je suis la mère éplorée), un chant religieux qu'elle interprète habituellement à Pâques.

"Le cri sincère de notre génération"

Ziad Rahbani a reçu, à titre posthume, la médaille de l'Ordre du Cèdre au rang de Commandeur. Elle a été remise à sa famille par le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, au nom du président de la République Joseph Aoun dont l'épouse Neemat Aoun a présenté ses condoléances à Feyrouz dans la matinée.

"Ziad Rahbani, créateur de génie, tu as été le cri sincère de notre génération, engagé pour les causes humaines et nationales. Tu as osé dire ce que beaucoup d’entre nous n’osaient pas exprimer, a déclaré le Premier ministre. Tu resteras à jamais la voix de la beauté, de la révolte, de la justice et de la vérité". "J'accompagnais Ziad depuis plusieurs mois. Je n’arrivais pas à le convaincre d’aller de l’avant… Ziad, c’est toute ma génération. Il a toujours été un pas plus loin", a également confié le ministre de la Culture Ghassan Salamé à L'Orient-Le Jour.

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