Piqûres lors de la Fête de la musique : pourquoi les enquêtes sont très complexes à mener

Difficiles à traiter par manque de preuves, les plaintes pour piqûres sauvages conduiront désormais automatiquement à l'ouverture d'enquêtes, a annoncé jeudi Gérald Darmanin, le garde des Sceaux et ministre de la Justice.

Article rédigé par franceinfo
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La foule lors de la Fête de la musique, à Paris, le 21 juin (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
La foule lors de la Fête de la musique, à Paris, le 21 juin (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Lors de la Fête de la musique, le 21 juin, une centaine de cas de piqûres ont été recensés sur tout le territoire. Gérald Darmanin a déclaré, jeudi 3 juillet, sur franceinfo, qu'il prendra "une instruction à tous les procureurs de la République", afin que ces derniers procèdent à une ouverture systématique d'enquêtes, lorsque des plaintes sont déposées par des potentielles victimes.

Dans la nuit du 21 au 22 juin, 145 femmes ont déclaré avoir été victimes de piqûres. Sur les réseaux sociaux, des appels à attaquer et piquer des femmes avaient été relayés dans les jours précédant la Fête de la musique. En conséquence, des messages d'alerte ont circulé en masse sur Internet, générant une certaine psychose, à l'égard de ce type d'agression. À l'issue de ces événements, quatorze interpellations ont eu lieu mais aucune enquête ne semble encore résolue, notamment du fait de la difficulté à identifier l'administration de produits toxiques.

Le même phénomène avait été recensé en 2022, avec des plaintes pour piqûres qui s'étaient multipliées, sans que les enquêtes n'aboutissent davantage. Alors que débute l'été, saison des festivals de musique, le garde des Sceaux a exprimé son souhait "que les femmes puissent passer un été tranquille et comprennent que si quelque chose se passe, l'auteur doit être trouvé et condamné". 

Des enquêtes complexes à mener

Réalisés dans la foule, de manière très furtive, et généralement dans le dos, les faits de piqûres sont difficiles à analyser. Rares sont les victimes capables de dresser aux forces de l'ordre une description de leur agresseur. Par ailleurs, les jeunes femmes visées présentent généralement peu de symptômes, parfois la trace de la piqûre n'est même pas visible.

Lorsque des faits de piqûres sont relevés, les victimes doivent procéder à des analyses toxicologiques dans une unité médico-judiciaire, afin de déceler si d'éventuelles substances nocives leur ont été administrées. Des examens complexes, à tel point qu'une injection de produits toxiques est rarement mise en évidence.

Dans ces dossiers, par conséquent, les juges manquent d'éléments probants, leur permettant de décider de suites judiciaires. À défaut, les autorités appellent les femmes à être attentives à leur environnement dans les rassemblements estivaux, et à contacter rapidement les secours et les forces de l'ordre, en cas de soupçon de piqûre.

De la prison pour ceux qui incitent aux piqûres

Faute de pouvoir identifier directement de potentiels agresseurs, les forces de l'ordre peuvent néanmoins plus facilement interpeller les individus qui appellent à piquer des jeunes femmes sur les réseaux sociaux. 

Ces appels, qui génèrent la peur pour la gent féminine, sont considérés comme une incitation à la violence. De tels faits peuvent donc être punis d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende.

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