"Rien n'est plus excitant que le live. C'est irréversible, c'est maintenant !" : le questionnaire de Proust du pianiste Ivo Pogorelich

Écrivains, musiciens, photographes, comédiens, couturiers, cinéastes… Durant tout l'été, des artistes se livrent à ce jeu pour franceinfo Culture. Aujourd'hui, le célèbre pianiste croate Ivo Pogorelich.

Article rédigé par franceinfo Culture - Propos recueillis par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Le pianiste Ivo Pogorelich. (BERNARD MARTINEZ)
Le pianiste Ivo Pogorelich. (BERNARD MARTINEZ)

Le pianiste virtuose Ivo Pogorelich devint une star à 22 ans un jour de 1980 lors d'un Concours Chopin de Varsovie – l'un des plus prestigieux au monde – non remporté. Son éviction de la compétition provoqua la fureur de la grande pianiste argentine Martha Argerich, membre du jury, devenue depuis l'une de ses complices en concert.

Avec les années, le pianiste croate a conservé intacte son aura liée à un jeu et une sonorité propres qui ne laissent jamais indifférents : écouter une interprétation de Pogorelich, dit-on entre mélomanes, est une expérience hors du commun, parfois même la redécouverte d'un morceau que l'on croyait connaître, de Chopin, Liszt, Schumann, Mozart, Scriabine ou Moussorgski. Depuis quelques années, il approfondit l'œuvre de Beethoven, dont les sonates sont au programme de ses prochains concerts, à commencer par celui à la Philharmonie de Paris en novembre.

Franceinfo Culture : Cet été, êtes-vous plutôt travail ou sieste, tournée ou vacances ?
Ivo Pogorelich : Je ne suis jamais en vacances et je travaille depuis cinquante ans sur les sonates de Beethoven que je joue en novembre à Paris, c'est donc le moment de m'y plonger jour et nuit.

En vacances, êtes-vous montagne ou plage ? Nord ou sud ?
Sans aucun doute : la mer. J'ai passé mes vacances d'enfance sur une île croate et si j'avais le temps, j'y retournerais sans hésiter.

Parlons création : êtes-vous du matin ou du soir ?
Du soir !

Studio ou live ?
Eh bien, rien n'est plus excitant que le live. C'est irréversible, c'est maintenant. Un moment à partager avec le public, en espérant le revivre la prochaine fois.

Quel est le disque que vous n'avez toujours pas écouté ?
L'un des derniers CD de Caetano Veloso, Meu Coco. À 82 ans, il est toujours un modèle de discipline, de profondeur et d'amour.

Votre meilleur souvenir de musicien ?
Mon petit déjeuner ce matin. Je jouais Beethoven en même temps.

Votre cauchemar ?
Rater mon avion.

Si vous étiez une musique, laquelle serait-elle ?
Beethoven, les dernières sonates.

Quelle phrase musicale ou littéraire a bouleversé votre vie ?
Chaque mesure de Beethoven.

Quels sont les personnages de la littérature, de l'art ou de la musique que vous avez détestés ?
Les imposteurs, ceux qui veulent briller au-dessus de toutes choses.

Et ceux qui vous ont toujours accompagné ?
Bon, je prends le risque d'être agaçant : Beethoven si je dois en choisir un, Schumann s'il en faut un autre, Chopin sans hésiter. Et pour finir, la soprano Montserrat Caballé, à admirer éternellement pour son souffle et sa technique.

Quel est le lieu où vous êtes chez vous ?
Au piano.

Quel est le lieu qui vous inspire ?
Un piano, et certainement le piano de la Philharmonie de Paris choisi par un grand connaisseur.

Quelle est la question qui vous horripile ?
Une question politique. Un artiste doit en être séparé. Une opinion repose sur des informations, et celles-ci peuvent se révéler fausses.

Et celle qu'on ne vous a jamais posée ?
Honnêtement, je pense qu'elles ont toutes été posées dans les années 1980… mais aujourd'hui, vous êtes invité à en proposer une.

Ivo Pogorelich à la Philharmonie de Paris le 9 novembre 2025. Au programme, les sonates n°8 op. 13 ("Pathétique"), n°17 op. 31 ("La Tempête") et n°23 op. 57 ("Appassionata") de Ludwig van Beethoven.

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