"Frangines", "Les gens qui doutent", "Une sorcière comme les autres" : hommage à Anne Sylvestre en six chansons engagées
Dans ses chansons, Anne Sylvestre, rebelle à l'intolérance, défendait les femmes, les opprimés, les discrets, tous ceux qui ne rentraient pas dans le moule. Alors qu'elle vient de disparaitre à l'âge de 86 ans, retour sur six de ses textes emblématiques, parmi tant d'autres.
Très connue pour ses chansons pour enfants, les fameuses fabulettes qui ont enchanté plusieurs générations, Anne Sylvestre, décédée lundi 30 novembre 2020 des suites d'un AVC à 86 ans, était une féministe résolue qui savait aussi trousser en quelques mots simples et bien sentis des textes pour adultes et évoquait des sujets de société, souvent en avance sur son époque. Voici six de ses chansons pour se souvenir de ses textes intenses et ciselés.
1"Mon mari est parti" (1961)
Avec Mon mari est parti écrite en pleine guerre d'Algérie, Anne Sylvestre, pacifiste, offre un point de vue féminin et rompt avec la traditionnelle chanson française : "Il y avait des chanteuses mais elles ne chantaient que des chansons écrites par les hommes. Elles chantaient ce que les hommes avaient envie d'entendre : la putain au grand coeur, la fille qui sentait bon la fleur nouvelle et qu'on retrouvait avec un couteau dans le coeur", décrit-elle dans Le Temps. Tirée de son premier album (Anne Sylvestre chante), elle y conte le désespoir d'une jeune femme qui attend le retour de son mari avant et après la naissance de leur enfant.
2"Lazare et Cécile" (1965)
Cette ballade traditionnelle, à l'imaginaire légendaire, souvent réclamée en concert, part d'un fait divers : un village entier pousse au suicide un jeune couple illégitime. La chanteuse réécrit l'histoire qu'elle juge trop triste, imaginant la fuite des amants sous la bénédiction de la lune. "C'est celle qui amène très souvent les adolescents à mes chansons d'adulte, expliquait-elle dans le quotidien québécois Le Devoir. "Ils m'ont connue avec les Fabulettes et puis rencontrent Lazare et Cécile".
3"Non, tu n'as pas de nom" (1974)
Avec cette chanson écrite un an avant la légalisation de l'avortement en France, elle pousse à la première personne un cri de liberté d'une femme tombée enceinte contre son gré. "Depuis si longtemps, je t'aime/ Mais je te veux sans problème/ Aujourd'hui, je te refuse/ Qui sont-ils ceux qui m'accusent ?", plaide-t-elle sur sa guitare.
4"Frangines" (1979)
Dans ce manifeste féministe, Anne Sylvestre détaille les regrettables rapports de force entre les femmes depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. L'effet comprend-on, du patriarcat, qui divise pour mieux régner. "Ce fut à l'école, déjà / Qu'on fit de nous des concurrentes / On se regardait chien et chat / On détestait les redoublantes / Souffre-douleur ou bien fayotes / On se poussait toujours plus haut", commence Frangines. A chaque couplet sur les quatre âges de la vie, répond une conclusion : on aurait mieux fait de rester soudées, de rester frangines, "ça nous aurait gagné du temps".
5"Les gens qui doutent" (1977)
Parue en 1977 dans l'album Comment je m'appelle, cette chanson rend hommage à ceux qui "passent pour des cons", écrit-elle. "J'aime les gens qui n'osent / S'approprier les choses / Encore moins les gens / Ceux qui veulent bien n'être / Qu'une simple fenêtre / Pour les yeux des enfants", chante-t-elle. Elle veut la dédier aux discrets, à ceux qui rasent les murs et ne sont pas figés dans leurs certitudes. C'est l'un de ses titres les plus populaires. En 2015, il est repris en concert par Vincent Delerm, Jeanne Cherhal et Albin de La Simone.
6"Une sorcière comme les autres" (1975)
Cette chanson issue de l'album du même nom est un puissant hymne féministe. Anne Sylvestre y évoque la condition de la femme et la communauté de destin de toutes les femmes. Considérée comme un chef d'oeuvre, cette chanson fut un phare pour toute une génération. "Vous m'avez aimée servante / M'avez voulue ignorante / Forte, vous me combattiez / Faible, vous me méprisiez / Vous m'avez aimée putain / Et couverte de satin / Vous m'avez faite statue / Et toujours je me suis tue / Quand j'étais vieille et trop laide / Vous me jetiez au rebut / Vous me refusiez votre aide / Quand je ne vous servais plus."
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