Affaire Bertrand Cantat : on vous explique pourquoi la justice rouvre une enquête, 15 ans après la mort de Kristina Rady, ex-compagne du chanteur
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Kristina Rady avait été retrouvée pendue à son domicile en janvier 2010. Le parquet de Bordeaux a annoncé jeudi l'ouverture d'une nouvelle procédure pour "violences volontaires par conjoint ou concubin" contre l'ex-leader du groupe Noir Désir.
Un nouveau chapitre judiciaire, quinze ans après la mort de Kristina Rady. Le parquet de Bordeaux a annoncé, jeudi 24 juillet, la réouverture de l'enquête pour "violences volontaires par conjoint ou concubin" visant le chanteur Bertrand Cantat. Il est soupçonné d'avoir commis des violences sur son ex-compagne, avec laquelle il s'était installé à sa sortie de prison, retrouvée pendue chez elle en janvier 2010. Le procureur de la République de Bordeaux explique cette décision par le "visionnage" de la série documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat, diffusée depuis mars sur la plateforme de streaming Netflix.
Qui était Kristina Rady ?
Née à Budapest en 1968, Kristina Rady était interprète de formation, femme de lettres, de théâtre et traductrice. Elle avait rencontré Bertrand Cantat en 1993, lors du festival Sziget en Hongrie. Marié en 1997, le couple a eu deux enfants et n'a jamais divorcé, même s'il s'est séparé peu après la naissance de leur fille, en 2002, au moment où le chanteur a commencé à fréquenter l'actrice Marie Trintignant.
A l'été 2003, quelques jours après avoir reçu de multiples coups de la part de Bertrand Cantat dans une chambre d'hôtel à Vilnius (Lituanie), Marie Trintignant meurt des suites de ses blessures. Lors du procès pour meurtre du chanteur, condamné en 2004 à huit ans de prison par un tribunal lituanien, Kristina Rady témoigne pour lui apporter son soutien.
"Je n'ai jamais subi de violences de la part de Bertrand", affirme-t-elle à l'époque lors d'une conférence de presse, citée par Le Monde. En 2007, à la sortie de prison de Bertrand Cantat pour bonne conduite, après quatre ans de détention, le couple se réinstalle ensemble.
Comment est-elle morte ?
En janvier 2010, Kristina Rady est retrouvée morte chez elle à Bordeaux à l'âge de 41 ans. Bertrand Cantat se trouve au domicile et dort au moment des faits. Les deux enfants du couple – un garçon de 12 ans et une fille de 7 ans – ne sont pas présents. C'est l'aîné qui découvre sa mère à la mi-journée en rentrant chez lui.
L'autopsie conclut à un suicide par pendaison. Kristina Rady a "laissé un mot, dont la teneur a été réservée à la famille, pour expliquer son geste", explique alors le parquet qui "confirme l'absence d'intervention d'un tiers et que la cause du décès est une asphyxie due à la pendaison". Le chanteur de Noir Désir est auditionné. "Il a été entendu de façon tout à fait classique, comme après tout suicide", assure à l'époque son avocat.
Quelles suites judiciaires ont été données ?
Outre le dossier en recherches des causes de la mort ouvert en 2010, "trois autres procédures subséquentes" ont été ouvertes en 2013, 2014 puis 2018, rappelle le parquet de Bordeaux. Les deux dernières ont été ouvertes après des plaintes de Yael Mellul, présidente de l'association Femme et libre et avocate spécialiste des violences faites aux femmes. Elle estime que l'enquête a été menée trop rapidement et souhaite faire reconnaître la notion de "suicide forcé", conséquence de violences psychologiques.
Elle se fonde notamment sur le livre Marie Trintignant-Bertrand Cantat : L'Amour à mort, publié en juin 2013. Les auteurs, Frédéric Vézard et Stéphane Bouchet, affirment que, dans un message téléphonique laissé en juillet 2009 à ses parents, Kristina Rady décrivait Bertrand Cantat comme un homme violent. Dans cet enregistrement, diffusé dans le documentaire de Netflix, on entend Kristina Rady dire que le chanteur est "fou" et qu'elle "songe à s'enfuir".
La famille de Kristina Rady ainsi que son ancien compagnon François Saubadu accusent Bertrand Cantat d'avoir eu, pendant de nombreuses années, un comportement violent à l'égard de la victime. "D'une certaine manière, il la terrorisait. Il avait plusieurs fois cassé ses téléphones, ses lunettes. Il menaçait les hommes qui l'approchaient, il lui avait même cassé le coude", témoignent ses parents dans Paris-Match en novembre 2012. La première plainte déposée en 2014 par Yael Mellul a été classée sans suite.
L'avocate avait déposé une deuxième plainte en 2018, également classée sans suite, après la publication d'un article du Point et d'un livre de la journaliste Anne-Sophie Jahn. Dans cette enquête sur l'"omerta" autour de Bertrand Cantat, un membre anonyme de Noir Désir affirme que le chanteur avait été violent avec Kristina Rady, avant la mort de Marie Trintignant : "Kristina m'a demandé, à moi et à tous les autres membres du groupe, de cacher ce que l'on savait. Elle ne voulait pas que ses enfants sachent que leur père était un homme violent."
"Je savais qu'il avait frappé la femme avec qui il était avant Krisztina. Je savais qu'il avait tenté d'étrangler sa petite amie en 1989. Je savais qu'il avait frappé Kristina. Mais, ce jour-là, nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise", déclarait encore cette source auprès du Point. Bertrand Cantat a porté plainte contre le magazine pour "diffamation ou injure". En 2020, la justice a relaxé Le Point au titre de la bonne foi.
Quels nouveaux éléments sont apparus dans le documentaire ?
Le procureur de Bordeaux explique que le documentaire diffusé sur la plateforme de streaming contient "plusieurs affirmations et témoignages ne figurant pas dans les quatre dossiers" précédents. L'avocate Yael Mellul a déclaré auprès de l'AFP être "très soulagée" du "changement radical de position du parquet". Selon elle, le témoignage anonyme d'un infirmier dans le documentaire de Netflix est un "élément nouveau" qui "corrobore le fait que Kristina Rady était victime de violence conjugale".
Dans Le Cas Cantat, cet infirmier affirme que Kristina Rady était passée aux urgences après "une altercation avec son compagnon" avec "décollement du cuir chevelu et des bleus, des hématomes". Cela "signifie très probablement que Kristina Rady a été très violemment attrapée par les cheveux ou traînée par les cheveux", complète-t-il.
"Dans ses observations, [le médecin] note que Kristina Rady pleurait beaucoup, mais qu'elle ne voulait pas porter plainte pour protéger ses deux enfants", raconte encore ce témoin anonyme, qui dit être tombé par hasard sur le dossier dans les archives d'un hôpital de la région bordelaise où il était intérimaire et qu'il l'a consulté par "curiosité". "Notre source est évidemment très fiable, vérifiée", assure de son côté la productrice du documentaire au Nouvel Obs.
D'autres éléments pourraient émerger après l'ouverture de cette nouvelle procédure. Yael Mellul assure avoir "de nouveaux témoignages à transmettre au parquet de Bordeaux", sans en préciser la nature. Elle n'est pas la seule. La journaliste Anne-Sophie Jahn, qui a coréalisé le documentaire, a déclaré à franceinfo tenir elle aussi à la disposition de la justice des pièces supplémentaires, qui n'ont pas été diffusées pour des raisons d'anonymat. "Il y a des documents en effet. La justice ne nous a pas contactés, on verra si elle nous contacte par la suite", assure-t-elle.
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