: Interview Haute couture automne-hiver 2024-25. "C'est une grande aventure" : les premiers pas prometteurs du couturier chinois Cheney Chan sur les podiums parisiens
En janvier, pendant la semaine de la haute couture, le travail de Cheney Chan a fait l'objet d'une simple présentation. Cette saison-ci, en juin, la maison chinoise a défilé, pour la première fois, sur les podiums parisiens avec sa sculpturale collection "Dream in bloom" (Rêve en fleurs"). Féminin et onirique.
Inconnu du public occidental, Cheney Chan a fondé sa marque en 2012 à Pékin, en Chine, et lancé, la même année, sa ligne haut de gamme Private. Le créateur chinois puise son inspiration dans le travail de la porcelaine de son pays, un symbole artistique devenu sa marque distinctive. Sa griffe est renommée pour son emblématique silhouette "Feng Yaq" qui déconstruit la courbure gracieuse des cols de vase en porcelaine à un angle de 45 degrés. Cette "pièce élégante" combine des structures architecturales contemporaines avec des éléments chinois classiques pour mettre en valeur les courbes des femmes.
Sa haute couture a progressivement commencé par l'utilisation de métiers traditionnels pour réaliser la broderie de perles, celle de Hangzhou, celle de la cour royale, ainsi que la fabrication de fleurs artificielles. Tout en se concentrant sur l'artisanat traditionnel, la marque qui intègre de nouveaux concepts d'art contemporain, a aussi collaboré avec de grands artistes chinois et des célébrités internationales comme la mannequin Coco Rocha qu'elle a habillée au dernier Festival de Cannes.
Cheney Chan interprète le charme et l'élégance de l'esthétique orientale en remettant en question les traditions, voire en brisant les conventions. Son but : mettre en valeur l’héritage et les possibilités infinies de la culture chinoise. Son défilé automne-hiver 2024-25, présenté salle Gaveau au dernier jour de la semaine de la haute couture, a offert une célébration de l'élégance féminine via la symbolique de la transformation d'un cocon en papillon. Ont ainsi défilé des robes aux énormes formes sculpturales très arty : elles sont réalisées à partir de couches de tissu et de plis superposés donnant vie à des courbes et des lignes ondulantes comme si elles avaient été créées sur un tour de potier. Beaucoup de tenues, parfois perlées; arboraient des kilos de plumes dans lesquels la mannequin disparaissait tel un cocoon. La palette des couleurs est douce et les coiffes confectionnées avec des fleurs fraîches, des fleurs en soie. Interview et explications du créateur Cheney Chen.
Franceinfo culture : Vous êtes un créateur inconnu pour le public français et pourtant votre marque fête ses douze ans. Quelle est son histoire ?
Cheney Chan : Avant de me consacrer à la haute couture, j'ai travaillé dix ans dans le prêt-à-porter. J'ai alors découvert un travail davantage axé sur le marché et les relations avec la clientèle. En revanche, la haute couture permet de se concentrer davantage sur l'art, la culture et l'expression de soi, une expérience fantastique pour moi et une raison pour laquelle j'ai choisi de m'y lancer.
Une autre raison est mon désir de changer le monde de la haute couture : je souhaite servir de pont entre les cultures orientale et occidentale, en utilisant ma perspective pour créer de nouvelles choses en remettant en question les visions traditionnelles de la haute couture au-delà des normes occidentales classiques.
Que représente pour vous la haute couture ?
C'est une fusion et une collision de différentes cultures et artisanats générant des créations plus intéressantes. C'est une grande aventure, une aventure dans la créativité et l'art. En plus d'explorer un savoir-faire exquis et un design exceptionnel, j'expérimente également diverses collaborations. Par exemple, cette saison, nous avons travaillé avec des artistes contemporains de la porcelaine pour créer certaines pièces et nous sommes associés à des artistes de fleurs en velours du patrimoine culturel immatériel chinois pour fabriquer des coiffes traditionnelles.
Quelles sont les différences de conception de ce savoir-faire entre la France et la Chine ?
Je pense que la plus grande différence réside dans nos cultures, nos environnements de croissance et nos éducations. Par conséquent, nos concepts sous-jacents sont intrinsèquement différents. Par exemple, en ce qui concerne la conception des proportions de la taille à la hanche, les Occidentaux ont tendance à être plus extravertis et directs. Ils peuvent augmenter le volume du modèle ou du vêtement sur le côté pour créer de belles proportions, telles des courbes fluides.
En revanche, dans la culture chinoise, les gens sont plus réservés. Ainsi, lorsque nous créons des proportions similaires, nous optons pour notre propre silhouette "Feng Yaqi". De face, vous ne remarquerez pas sa présence mais à un angle de 45 degrés, vous découvrirez des courbes élégantes. Cela montre comment le même objet est interprété sous différents angles dans divers contextes culturels.
Quel est le thème de votre défilé "Dream in Bloom" ("Rêve en Fleur") présenté Salle Gaveau le 27 juin ?
Cette saison, le thème coïncide avec le douzième anniversaire de notre marque. Suite à la lecture de nombreuses histoires traditionnelles chinoises, j'ai découvert une variété de personnages féminins s'inspirant de douze caractéristiques : pureté, courage, charme, résilience, endurance, passion, liberté, héroïsme, indépendance, clarté, responsabilité et authenticité. Je me suis inspiré de ces douze personnalités aux qualités distinctes pour réimaginer ces rôles féminins avec des techniques contemporaines.
Vous avez utilisé dans votre précédente collection la porcelaine comme source d’inspiration. Est-ce toujours le cas ?
Nous continuons d'utiliser la porcelaine comme source d'inspiration, en explorant des techniques telles que le tournage et le façonnage. Nous avons recréé ces techniques et textures pour nos tissus. Nous avons conservé la silhouette distinctive de la marque "Feng Yaqi", inspirée par les courbes gracieuses des cols de bouteilles en porcelaine et ainsi intégré des éléments liés au travail de cette porcelaine.
C'est votre premier défilé à Paris. Il se tient en marge du calendrier officiel de la Fédération de la haute couture et de la mode. Pour répondre à ses critères de sélection, envisagez-vous d'implanter votre atelier à Paris ?
Tout est possible. Nous avons effectivement l'intention de développer davantage de marchés internationaux et d'ouvrir un showroom à Paris. Mais je pense que nous devons procéder étape par étape dans ces démarches. Peut-être aurons-nous effectivement notre propre studio à Paris dans le futur !
À regarder
-
Une finale en or : "C'est une famille qui a gagné"
-
Laurent Nuñez, Jean-Pierre Farandou... La liste des ministres du gouvernement Lecornu II
-
Cookie, burger : le croissant à toutes les sauces
-
Sauvetage spectaculaire : hélitreuillé depuis l'Arc de triomphe
-
Retour de S. Lecornu : peut-il tenir ?
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ours : ils attaquent même dans les villes
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter