Fébrilité dans les maisons d'édition en attendant l'annonce mercredi de la première sélection du Goncourt

La première sélection du plus prestigieux des prix littéraires français comprendra une quinzaine de romans, dénichés dans la production de la rentrée.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Le Prix Goncourt 2024 dans la librairie Le Divan, à Paris, le 7 novembre 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)
Le Prix Goncourt 2024 dans la librairie Le Divan, à Paris, le 7 novembre 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

Les romanciers engagés dans la course au prix Goncourt 2025, qui a démarré en coulisses depuis des mois, affrontent un premier obstacle mercredi 3 septembre, avec la révélation de la quinzaine de titres en lice. Cette année, le Graal qu'est ce prestigieux prix doit être décerné le 4 novembre.

Il est récompensé d'un chèque de 10 euros. Toutefois, en plus des centaines de milliers d'exemplaires qu'il permet de vendre, il permet d'accéder à une certaine postérité.

À la mi-journée mercredi, l'Académie Goncourt divulguera sa première sélection. En être, c'est toujours pour auteurs et éditeurs une petite victoire, qui valide des années ou des mois de travail. Même quand on est écarté ensuite.

"Tu as des échos?" C'est la question qui revient dans les discussions du Tout-Paris littéraire à ce moment de l'année. Et il n'y a pas d'autre réponse possible que de spéculer.

Les dix membres de l'Académie Goncourt respectent une obligation de réserve, voire de secret. De plus, le règlement du prix leur interdit expressément, depuis 2021, toute critique d'un roman en lice, positive comme négative.

Triplé pour Carrère? 

L'un d'eux, Pierre Assouline, qui a son "couvert" depuis 2012, contourne la difficulté en livrant sur son blog ses coups de coeur de la rentrée avant la première sélection. Aucune surprise cette année chez ce juré qui aime défendre les livres des Éditions Gallimard : il fait l'éloge de Nathacha Appanah (La Nuit au coeur), vue comme une très sérieuse prétendante au Goncourt, ainsi qu'aux autres prix, dont le Femina.

Un autre favori du Goncourt s'appelle Emmanuel Carrère. Ce romancier a décroché le Femina en 1995 et le Renaudot en 2011. Kolkhoze, très bien reçu par la critique, pourrait lui permettre de réaliser un triplé jamais vu dans l'histoire des lettres françaises.

Le Femina et le Renaudot ont en effet été créés en réaction au Goncourt, l'un pour contrer son dédain pour les femmes, l'autre avec un règlement et des usages plus souples. Remporter deux de ces prix est déjà rare : seuls sept écrivains y sont parvenus (en comptant Romain Gary, deux fois Goncourt). En cumuler trois, ce serait un sommet.

Interrogé dimanche sur la perspective de remporter le Goncourt, Emmanuel Carrère a répondu qu'il ne serait évidemment "pas contre". "Mais, en même temps, ça ne dépend tellement pas de moi. Ça ne me regarde pas", a-t-il déclaré à l'AFP en marge du festival de Venise, où il est présent pour l'adaptation du roman Le mage du Kremlin au cinéma, dont il a signé le scénario.

La Belge Amélie Nothomb, par exemple, confiait fin août à France Inter: "J'ai eu le prix Renaudot [en 2021, NDLR], c'est une raison de plus pour que je n'aie pas le Goncourt. Ce n'est pas très grave".

Échanges en privé

Et si c'était l'année des Éditions de Minuit et de Laurent Mauvignier ? La Maison vide est encensé par la critique et France Inter le dit "d'ores et déjà pressenti pour le prix Goncourt".

Parmi les autres auteurs sur lesquels leur éditeur mise gros, et dont on scrutera la présence ou l'absence, on peut citer dans l'ordre alphabétique Anne Berest (Finistère), Sorj Chalandon (Le Livre de Kells) , David Diop (Où s'adosse le ciel), Raphaël Enthoven (L'Albatros), Alice Ferney (Comme en amour), Justine Levy (Une drôle de peine), Alain Mabanckou (Ramsès de Paris).

La première liste est généralement un savant mélange entre têtes d'affiche que promeuvent les grandes maisons et talents défendus par des maisons moyennes, voire petites. Elle compte toujours des choix inattendus. Pour y parvenir, les dix membres du jury présidé par Philippe Claudel se sont astreints à un été de lectures, ponctué d'échanges en privé et de débats âpres.

La liste sera en principe réduite à huit noms le 7 octobre. Puis à quatre finalistes le 28 octobre. Enfin, le plus prestigieux des prix littéraires français doit être décerné au restaurant Drouant à Paris, selon une tradition bien établie, le lendemain du Femina, remis quant à lui le 3 novembre. En 2024, c'est Le prix Goncourt avait été décerné à Kamel Daoud pour Houris (Gallimard). Deux plaintes avaient déposées en novembre  contre Kamel Daoud et son épouse psychiatre pour violation du secret médical et diffamation.

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