Paris : la mairie refuse une sépulture à l'écrivain et académicien Michel Déon
Pour justifier sa décision de ne pas accueillir les cendres de Michel Déon à Paris, la mairie de Paris invoque des règles juridiques et un problème de place. Certains s'indignent, dénonçant une décision politique.
Michel Déon n'aura pas de sépulture à Paris. Après des mois de blocages, la mairie a tranché lundi 12 février : les cendres de l'écrivain et académicien, mort en Irlande le 28 décembre 2017 à 97 ans, ne seront pas inhumées à Paris. C'est l'Académie française, dont l'auteur de La Montée du soir était membre depuis 1978, qui avait demandé à ce que ses cendres soient inhumées dans un cimetière parisien.
Pour justifier sa décision de ne pas accueillir les cendres de l'écrivain Michel Déon, la mairie de Paris affirme s'être basée, "comme d'habitude", sur l'article L2223-3 du code général des collectivités territoriales.
Il vivait en Irlande depuis 30 ans
Ce texte stipule qu'il existe quatre critères permettant d'inhumer une personne décédée dans une commune spécifique : elle doit être morte dans la commune, elle devait être domiciliée dans la commune, elle était inscrite sur les listes électorales de la commune ou il y a un caveau familial dans le cimetière de la commune. Si un seul de ces critères est rempli, la mairie ne peut pas s'opposer à l'inhumation. Or, dans le cas de Michel Déon, aucun des critères n'est rempli : l'écrivain est mort à Galway, en Irlande, où il vivait depuis plus de 30 ans et ne faisait que des allers-retours à Paris où il n'était pas domicilié.
Sur twitter, lundi, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a salué la "réponse très claire" de son adjointe aux affaires funéraires, Pénélope Komitès.
Une réponse très claire de @PKOMITES aux questions posées par certains internautes à propos de Michel #Déon. À dérouler ⬇️ https://t.co/ym8spRj1et
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 12 février 2018
Michel #Déon, membre de l'Académie française et citoyen français, est décédé il y a un an en Irlande, où il résidait une partie de l’année.
— penelope komites (@PKOMITES) 12 février 2018
La mairie pouvait-elle faire une exception ? Hors de question, réplique-t-elle, affirmant que les demandes d'inhumation dans la capitale sont tellement nombreuses et les cimetières tellement pleins qu'elle ne peut, en aucun cas, déroger à la règle.
"Une décision idéologique"
Pourtant, certains y voient de l'hypocrisie et "une décision idéologique" contre l'ancien journaliste de L'Action Française, le quotidien nationaliste et monarchiste de Charles Mauras, mais aussi contre l'écrivain qui s'inscrivait dans une droite littéraire : il était le dernier représentant des "hussards", un courant littéraire des années 50-60.
Jean-Marie Rouart, également écrivain et académicien, n'en démord pas : les cendres de Michel Déon, Parisien dans l'âme qui a signé une cinquantaine d'ouvrages, ont leur place dans la capitale. "C'est un écrivain d'une portée universelle et qui honore Paris puisque toute son œuvre parle de Paris. C'est vrai que c'est un homme qui a vécu à l'étranger - il a vécu en Irlande, il a vécu en Grèce - mais c'est un homme, justement, universel. C'est ce qui est scandaleux. Ce n'est pas une question d'être de droite ou de gauche. Ce ne sont pas les politiciens qui ont honoré Paris. C'est vraiment Victor Hugo, c'est Henri Barbusse... Pour ces génies, on peut faire des exceptions."
Vraiment, dans ce domaine, je trouve que la littérature, c'est au-dessus de la politique.
Jean-Marie Rouart, écrivain et académicienà franceinfo
Devant le tollé suscité par ce refus, notamment sur les réseaux sociaux, la mairie "ne peut que changer d'avis", espère Jean-Marie Rouart. Alice Déon, la fille de l'écrivain, à la tête des éditions de la Table Ronde, s'était associée au souhait de l'Académie française. Aujourd'hui, elle semble résignée : "Je prends acte de cette décision. Il n'y a pas grand-chose que je puisse faire."
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