"À la table des loups" d'Adam Rapp : voyage au bout de l'aliénation dans un roman vertigineux, hanté par la violence
Cette fresque familiale, intimiste et dangereusement ténébreuse, est traversée par des éclairs d'une humanité salvatrice. Indispensable.
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De la première à la 500e et dernière page, la violence est là, présente et protéiforme, indifférente au temps qui passe. Elle rôde, frôle les personnages, s'évanouit dans la nature pour réapparaître plus loin. Et, quelques fois, hante et possède certains personnages. À la table des loups d'Adam Rapp (Seuil), en librairie depuis vendredi 22 août, est une fresque familiale intimiste, ténébreuse, traversée par des éclairs d'une humanité bouleversante. Le roman, d'une rare puissance, dit la petite classe moyenne, avec ses joies et ses peines. Ses secrets et ses salauds.
En conteur exceptionnel, Adam Rapp narre la famille Larkin sur près d'une soixantaine d'années, une famille extraordinairement ordinaire qui, parfois, privilégie le silence par peur de découvrir l'impensable et pour ne pas faire face à l'énormité des actes d'un de ses membres.
Dans la tête d'un monstre
Que dire de cette violence à la fois omniprésente et invisibilisée ? L'auteur nous plonge donc dans l'histoire de la famille Larkin. On suit le parcours de Myra, infirmière dans le public, qui élève seule son fils. Inspirée de la mère d'Adam Rapp, elle essaie de rendre le monde meilleur, de panser les blessures de son entourage. Son empathie l'emmène à fréquenter des personnes malmenées par la vie, en souffrance. Myra est la personne vers laquelle tout le monde se tourne quand des problèmes s'invitent chez les uns et les autres.
Ses sœurs Lexy et Fiona ont fait d'autres choix de vie : la première s'extrait de sa condition sociale, la seconde essaie vainement de percer dans le théâtre. Et il y a Alec, l'unique frère. Sans s'appesantir sur les ressorts psychologiques, Adam Rapp dresse le portrait d'un homme qui bascule dans le mal et qui en tire une inquiétante et immense satisfaction. Aliénation ? Qu'est devenu le petit frère, ancien enfant de chœur, qui jouait avec ses sœurs et qui, parfois, prenait plaisir à tourmenter sa sœur déficiente mentale ?
En quittant le domicile familial, Myra, Lexy, Fiona et Alec laissent derrière eux des certitudes, héritées d'une éducation rigoriste. À chacun de se choisir une nouvelle voie. Avec une écriture vive, précise, Adam Rapp dit les cheminements d'une fratrie en butte au monde réel. Il narre aussi les errements, la détermination et l'identité vacillante. Et c'est là que réside l'une des forces de l'auteur américain : il montre que personne ne devient un monstre par hasard. Adam Rapp dit l'individu et la société.
À la table des loups, l'une des belles surprises de cette rentrée littéraire, se lit d'une seule traite. Avec un sentiment d'urgence.
"À la table des loups", Adam Rapp, traduit par Sabine Porte, éditions du Seuil, 512 pages, 24 euros
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