Danser pour conjurer les urgences : "Une minute de danse par jour" devient un livre de Nadia Vadori-Gauthier
Il est des paris artistiques qui changent une vie d'artiste. Nadia Vadori-Gauthier est danseuse, chorégraphe, canadienne et française. À mi-chemin entre art contemporain et danse, elle se livre depuis dix ans à cet exercice exigeant et créatif, "une minute de danse par jour" est proposée sur son blog au public.
Pour les dix ans de la performance Une minute de danse par jour, Nadia Vadori-Gauthier nous embarque avec un ouvrage, Dix ans d'une œuvre pour notre temps paru en janvier aux Presses du réel dans un récit un peu fou : celui d'un sauvetage suite aux attentats de Charlie, d'un message d'espoir, d'"un battement d'ailes de papillon" comme elle l'écrit et d'un cri de délivrance.
Le 14 janvier 2015, la danseuse décide que chaque jour, elle proposera une minute de danse, quels que soient le lieu, le temps, la tenue et l'humeur. Dans le livre, entre textes et images, sont compilés ces rendez-vous et les raisons de danser : "Je danse au cœur de l'ordinaire, pour que le jour vaille, pour qu'il ne soit pas perdu."
Un lendemain d'attentat
Le 7 janvier 2015, dans les locaux de Charlie, douze femmes et hommes, dessinateurs, policiers, psychanalyste ou économiste sont assassinés dans une attaque islamiste. Cet attentat change la vie de millions de Français et autant à travers le monde. Une page sombre a été tournée et Nadia Vadori-Gauthier prend une route qu'elle ne connaissait pas, "le choc éprouvé a agi comme un déclencheur".
Dès l'après-midi du 14 janvier, elle sort de chez elle, en jogging, avec comme elle dit "une petite caméra de rien du tout" et ... "J'ai dansé une petite danse pour rien, dans les derniers rayons de soleil de l'après-midi." Sous le signe de Nietzche qui déclare : "Et que l'on estime perdue toute journée où l'on n'aura pas dansé au moins une fois". Dix ans plus tard, Nadia a posté (au 17 janvier 2025), 3 654 vidéos d'une minute de danse du jour.
En novembre 2015, quand la violence encore une fois frappe sournoise, des terrasses des bistrots mitraillées au Bataclan, lieu de mort, elle danse pendant le glas de Notre-Dame, devant le Carillon, lieu d'un rassemblement en hommage aux victimes, avec une femme musulmane, Imen, pour ne pas amalgamer religion et terrorisme. Inlassablement, chaque jour, elle danse et poste son message.
Elle écrit : "Il y a tant d'urgence. L'urgence des attentats, l'urgence climatique, l'urgence sanitaire (...), il semble que l'histoire se précipite." C'est un acte de résistance, poétique et quotidien.
La lecture de cet ouvrage est un parcours dans les dix ans que notre pays et notre monde a vécu. Mais c'est aussi un journal intime de la danseuse. Un des chapitres se nomme "Adoucir les blessures" : c'est le message de ces milliers d'épisodes de la série. Elle déclarait sur France musique au début janvier 2025 : "Chaque minute dansée est volée au temps qui passe."
De l'Ehpad au musée, de la rue aux chantiers ou aux couloirs du métro, le corps de Nadia traverse la cité et accompagne les habitants. Une cage d'escalier ou sa salle de bain deviennent sa scène. Parfois une montagne, une fête foraine, une forêt sont les décors de ces mini-performances. Et des complices anonymes, badauds ou danseurs se mêlent de temps en temps à ces minutes de danses-poèmes.
L'impact ? Un rituel fait de joie, de sourires, d'énergie et de colère pour celle et celui qui regarde, pour le lecteur, une traversée du monde de Nadia Vadori-Gauthier. Et pour en dire la raison, elle emprunte joliment ce proverbe chinois : "Goutte à goutte, l'eau finit par traverser la pierre."
Les minutes de danse par jour sont à retrouver ici sur le site de Nadia Vadori-Gauthier.
Une minute de danse par jour - 2015-2025 - Dix ans d'une œuvre pour notre temps, Les Presses du Réel, 304 pages, 30 euros
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