Reportage "Ce serait dommage que ça disparaisse" : Micromania, lâché par son propriétaire

Les magasins, spécialisés dans la distribution de jeux vidéo en France, sont à vendre. Après le choc de l'annonce, les salariés attendent et espèrent un repreneur.

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un magasin Micromania lors de la période de Noël, le 23 novembre 2022. (MOURAD ALLILI / MAXPPP)
Un magasin Micromania lors de la période de Noël, le 23 novembre 2022. (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

Les magasins Micromania sont à vendre. L'enseigne, qui compte 300 boutiques partout en France, est bien connue de tous les passionnés de jeux vidéo et a déjà plus de 40 ans d'histoire. Les quelque 1 200 salariés ont vu comme tout le monde le PDG du groupe américain Game Stop, propriétaire de Micromania depuis 2008, annoncer la mauvaise nouvelle par un simple message posté sur les réseaux sociaux. Micromania est l'un des derniers bastions français pour la vente "physique" de jeux vidéo alors que la dématérialisation s'impose de plus en plus.

Avec la sortie très attendue du nouvel opus de Monster Hunter, c'est un défilé permanent de clients ce matin-là dans l'une des boutiques de Micromania. Des clients, dans leur vingtaine ou trentenaires, qui aiment faire un crochet par leur magasin de quartier au lieu d'acheter en ligne. "Avec mon pote, on s'est dit 'On va venir le chercher en physique'. Alors qu'on en a un troisième copain qui les achète en dématérialisé parce que c'est une raclure", plaisante l'un des clients.

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"Ça fait plaisir de feuilleter les jeux, de feuilleter les pochettes. C'est comme aller chez un disquaire de vinyle", explique un autre. Certains viennent dans un Micromania depuis qu'ils ont "5 ou 6 ans". "J'achète aussi sur Internet, j'avoue, reconnaît un client. Parfois on n'a pas forcément l'occasion d'aller directement en boutique. Mais quand même, ce contact, je trouve ça super important. Ce serait dommage que ça disparaisse."

"Un attachement" en France pour les formats physiques

"Les activités se poursuivent normalement", a tenu à rassurer Micromania dans un communiqué adressé à ses clients. Ryan Cohen, PDG du groupe américain Game Stop, propriétaire de Micromania, a annoncé brutalement cette mise en vente entre deux messages de soutien à Donald Trump avec ces quelques mots ironiques publiés le 18 février sur le réseau social X. La mauvaise nouvelle est assortie de commentaires sur les taxes élevées, le wokisme ou le socialisme.

"On nous a tout de suite rassurés sur le fait que cela ne changeait rien, dans l'attente de savoir ce qui se passerait s'il y avait un acquéreur ou pas", explique Wilfried Agapit, délégué syndical CFDT chez Micromania. Il est persuadé que les magasins de jeux vidéo ont encore un avenir. "La dématérialisation au niveau du jeu vidéo aux Etats-Unis, dans les pays asiatiques est de l'ordre de 80 à 90%, explique le syndicaliste. Chez nous, en France, c'est autour de 50%. Il y a cet attachement très important pour le 'physique'. Maintenant, et c'est aussi le cap qu'a pris Micromania : on a diversifié notre offre, on fait des produits dérivés et c'est pour cette raison qu'on était le dernier pays européen à faire du résultat."

Micromania a des arguments pour convaincre un repreneur avec environ dix millions d'euros de bénéfices en 2023, des résultats dans le vert en 2024, et 2025 qui s'annonce bien avec le lancement dans les prochains mois, de la Switch 2, la nouvelle console de Nintendo.

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