: Reportage "Bardella t'es foutu, tout le monde est dans la rue !" : le Festival d'Avignon vent debout contre l'extrême droite avant le second tour des législatives
Une manifestation de l'intersyndicale avait lieu place de l'Horloge devant des touristes parfois interloqués et des intermittents déterminés.
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"Votez guerre civile, on n'a jamais essayé". C'est l'affiche créée par Charlie Hebdo avec Jordan Bardella caricaturé, que tenait une manifestante de plus de 70 ans, place de l'Horloge, en plein Festival d'Avignon. Après la parade pour le lancement du Festival Off, place à une manifestation contre l'extrême droite avant le deuxième tour des élections législatives provoquée par la dissolution d'Emmanuel Macron.
"Le spectacle vivant ne partage pas les valeurs de l'extrême droite. On n'a pas envie d'une édition normale du festival", ont rappelé les syndicats du spectacle vivant, devant une foule de près de 250 personnes. Ils étaient près de 900 personnes à avoir rejoint par la suite le cortège dans les rues d'Avignon. "Notre liberté d'expression et de création pourra être remise en cause". "Il ne faut pas entretenir un discours de la défaite. Il n'y aura pas de victoire du Rassemblement national si la mobilisation se croise avec tous les combats de la société à Avignon !", a déclaré Nicolas Dubourg, président du Syndeac.
Les syndicats du spectacle ont invité la société civile à amplifier la mobilisation quels que soient les résultats, dénonçant une "profonde crise de régime, nous plongeant toujours plus dans la crise". Ils ont également appelé à la vigilance en rappelant que des groupes fascistes, comme Argos, collaient des stickers dans Avignon.
"Tout le monde emmerde le RN !"
Sur la place, intermittents, militants, syndicats et associations comme Le planning familial ou SOS Racisme dénonçaient la montée de l'extrême droite et le risque que présente leur arrivée au pouvoir. "Je ne viens pas souvent manifester, je suis tout le temps débordée par mon travail. Il y a un point de non-retour, je ne comprends pas que le RN soit autant banalisé", explique une intermittente dans un conservatoire de musique. "J'ai peur pour mes enfants. On les élève avec des valeurs que ne prône pas le Rassemblement national", ajoute son amie, également intermittente.
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"On se doit d'être là. On veut soutenir les intermittents qui vont énormément souffrir si le RN arrive au pouvoir", déclare un groupe de trois septuagénaires avec des pins CGT sur leur t-shirt. La manifestation sur la place s'est rapidement transformée en fête populaire avec de la musique et des slogans sur la place. "La jeunesse emmerde le Front national !", avant que d'autres ajoutent "Et les vieux aussi !".
Sous le rythme des tambours, le collectif féministe des Rosies, devenu incontournable dans les manifestations, a entamé leur chorégraphie. "Si le RN passe, il n'y a plus de droits des femmes. C'est important qu'un mouvement féministe appelle à faire front", déclare l'une des militantes en bleu de travail et foulard rouge, l'esthétique de Rosie la riveteuse, ouvrière américaine des années 1940.
"Le Festival d'Avignon n'existera plus"
Raphaël Arnault, 29 ans, représentant du Nouveau Front populaire dans la première circonscription du Vaucluse à Avignon, tenait à soutenir le mouvement. Le candidat, fiché S fait polémique depuis plusieurs semaines. "Le Rassemblement national veut supprimer le statut d'intermittent du spectacle. Si ce statut est supprimé, le Festival d'Avignon n'existera plus", nous a-t-il affirmé. "Même si ce festival n'est pas politique en soi, la culture est un antidote contre l'extrême droite", a-t-il poursuivi.
Raphaël Arnault a aussi salué tout le public du Festival d'Avignon. "Ça fait un bien fou dans la période et surtout dans cette circonscription où le pire pourrait arriver, mais aussi l'espoir avec notre programme. On veut remettre en avant le 1% du PIB pour la culture avec le Nouveau Front populaire, comme avait réussi à le faire Jack Lang".
Le cortège s'est ensuite lancé dans les rues d'Avignon devant des touristes interloqués et surpris. "On ne sait pas trop pourquoi ils manifestent", lance un touriste espagnol, venu avec sa famille. D'autres applaudissent depuis les terrasses des restaurants et scandent à leur tour les slogans du cortège comme "Bardella t'es foutu, tout le monde est dans la rue !" ou "C'est pas les immigrés, c'est pas les sans-papiers, c'est le RN qu'il faut virer !".
De la place de l'Horloge, à la place Pie, en passant par le théâtre Benoît-XII, le cortège ne cessait de s'agrandir, avec des passants, restaurateurs, artistes, intermittents, membres du festival, touristes et même des enfants avec leurs parents dans les rues pavées d'Avignon. "Vouloir la paix n'a rien d'extrême" était inscrit sur l'affiche d'une manifestante alors que certains continuent à distribuer des tracts et à faire la promotion de leurs spectacles auprès du cortège.
Le légendaire "Siamo tutti antifascisti" (nous sommes tous antifascistes) a également accompagné la manifestation jusqu'à son terme, avenue de la République, alors que le soleil commençait doucement à se coucher.
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