"Coloniser la bande de Gaza anéantirait définitivement toute possibilité de paix durable" : les membres de U2 appellent à la fin de la guerre

Dans une tribune, Bono, The Edge, Adam et Larry, qui forment le groupe de rock irlandais U2, rappellent qu'ils sont solidaires des Palestiniens et des otages israéliens.

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
De gauche à droite, Adam Clayton, Bono, Larry Mullen Jr. et The Edge du groupe U2 à Perth, en Australie, le 27 novembre 2019, lors de la dernière date de leur "Joshua Tree Tour". (EB1 / EMMA BRYANT / WENN.COM / SIPA)
De gauche à droite, Adam Clayton, Bono, Larry Mullen Jr. et The Edge du groupe U2 à Perth, en Australie, le 27 novembre 2019, lors de la dernière date de leur "Joshua Tree Tour". (EB1 / EMMA BRYANT / WENN.COM / SIPA)

"Tout le monde est depuis longtemps horrifié par ce qui se passe à Gaza, mais le blocage de l'aide humanitaire et les plans actuels visant à prendre le contrôle militaire de la ville de Gaza [par Israël] ont fait basculer le conflit dans une zone inconnue", constate le groupe de rock irlandais U2 sur ses réseaux sociaux en prélude à une tribune réclamant la fin de la guerre.

Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr se sont chacun exprimé dans un texte publié dimanche 10 août et intitulé On Gaza sur le conflit qui oppose Israël au Hamas afin que "(leur) public connaisse (leur) position respective", quelques jours après l'annonce du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou d'une "prise de contrôle" de Gaza. "Si Israël décide de coloniser la bande de Gaza, cela anéantira définitivement toute possibilité de paix durable ou de résolution des hostilités", résume Adam Clayton, le bassiste du groupe.

"Des actes diaboliques" perpétrés au festival Tribe of Nova

En partant de l'actualité du conflit, U2 revient sur l'attaque qui l'a relancée il y a bientôt deux ans. "Le viol, le meurtre et l'enlèvement d'Israéliens lors du festival de musique Tribe of Nova [dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 octobre 2023] étaient des actes diaboliques." Ces massacres étaient, écrit-il, une façon de "tendre un piège diabolique à Israël et déclencher une guerre qui pourrait bien redessiner la carte 'de la rivière à la mer'... Un pari que les dirigeants du Hamas étaient prêts à faire avec la vie de deux millions de Palestiniens... pour semer les graines d'une intifada mondiale que U2 avait entrevue à Paris lors de l'attaque du Bataclan en 2015... Mais seulement si les dirigeants israéliens tombaient dans le piège que le Hamas leur avait tendu."

Un "piège" dans lequel le gouvernement israélien est bel et bien tombé, constate Larry Mullen Jr, le batteur de U2 pour qui "le silence ne rend service à personne". "À quoi s'attendait le Hamas lorsqu'il a commis des meurtres de masse et pris des otages ? (...) Après ces attaques, la destruction totale du Hamas a été réclamée par Israël et ses alliés, et était attendue", poursuit le musicien. "Une guerre terrestre était prévisible (…) La destruction aveugle de la plupart des maisons et des hôpitaux à Gaza, avec une majorité de femmes et d'enfants parmi les victimes, n'était pas prévisible. L'imposition de la famine n'était pas prévisible."

"Une autre famine provoquée par l'homme"

Une crise humanitaire qui a fait remonter des souvenirs tout aussi pénibles dans la mémoire de Bono. "Les images d'enfants affamés dans la bande de Gaza m'ont rappelé un voyage de travail que ma femme Ali et moi avons effectué, il y a quarante ans, dans un centre alimentaire en Éthiopie, après la participation de U2 au Live Aid 1985 [concert caritatif organisé par Bob Geldof qui a été décisif dans l'engagement humanitaire de Bono et de U2]. Une autre famine provoquée par l'homme". Bono est le cofondateur de ONE, une ONG qui lutte contre le sida et l'extrême pauvreté en Afrique.

"Quand une guerre juste pour défendre le pays s'est-elle transformée en une appropriation injustifiée de terres ?", questionne Bono dans ce texte. "J'espérais qu'Israël reviendrait à la raison. Je trouvais des excuses à un peuple marqué et façonné par l'expérience de l'Holocauste (...) qui comprenait que la menace d'extermination n'était pas simplement une crainte, mais une réalité (...) J'ai relu la charte du Hamas de 1988 (...), c'est une lecture effrayante (article 7 !)."

"Si ce ne sont pas les voix irlandaises, écoutez celles des Juifs"

Au terme de son plaidoyer, lance Bono, "si ce ne sont pas les voix irlandaises, alors s'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît, arrêtez-vous et écoutez celles des Juifs (...) qui craignent les dommages causés au judaïsme ainsi qu'aux voisins d'Israël". "Écoutez les plus de 100 000 Israéliens qui ont manifesté cette semaine à Tel-Aviv pour demander la fin de la guerre", plaide encore la rock star. Le groupe appelle également "davantage de personnes bienveillantes en Israël à exiger que les professionnels aient librement accès à Gaza et à la Cisjordanie afin d'apporter les soins essentiels dont ces régions ont besoin (...) et à laisser passer le nombre adéquat de camions".

Dans sa tribune, U2 rappelle qu'il est "solidaire du peuple palestinien qui recherche sincèrement une voie vers la paix et la coexistence avec Israël et qui revendique légitimement et légalement son droit à un État" ainsi que "des otages restants". "Dans l'espoir de faire appel à la conscience et au bon sens du peuple israélien", The Edge adresse, lui, trois questions à Benyamin Nétanyahou. "Ne voyez-vous pas que plus cela dure, plus Israël risque de s'isoler (…), d'être considéré non pas comme un refuge contre la persécution, mais comme un État qui, lorsqu'il est provoqué, persécute systématiquement la population civile voisine ?", interroge le guitariste de U2. Et de conclure : "Nous savons par notre propre expérience en Irlande que la paix ne s'obtient pas par la domination."

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