"When the Light Breaks" : le regard sensible de Rúnar Rúnarsson sur l'épreuve du deuil dans un drame nordique

Le cinquième long-métrage du réalisateur islandais a reçu le Dragon Award pour le meilleur film nordique lors de la 48e édition du Göteborg Film Festival.

Article rédigé par Zoé Ayad
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Image du film "When the Light Breaks" de Rúnar Rúnarsson (2024). (COMPASS FILM)
Image du film "When the Light Breaks" de Rúnar Rúnarsson (2024). (COMPASS FILM)

Une relation cachée, une mort soudaine, un deuil empêché. C'est l'équation brutale choisie par Rúnar Rúnarsson, dans son dernier film, When the Light Breaks. Projeté en ouverture de la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes, le long-métrage du réalisateur islandais (Sparrows, 2015), traite de la mort avec une poésie et un réalisme captivants. À découvrir absolument, en salles, à partir de mercredi 19 février.

Pour vivre heureux, vivons cachés. C'est suivant cet adage qu'Una et Diddi, en couple depuis peu vivent un amour à 1 000% dans un huis clos passionné. C'est la magie de chaque début de relation, l'amour y est décomplexé et les sentiments maîtrisent chaque instant de l'existence.

Seulement, Una et Diddi ne forment pas un couple ordinaire. La jeune femme étudiante en art est l'amante de Diddi officiellement en couple avec Klara, depuis l'adolescence. Alors que Diddi s'apprête à révéler sa liaison à sa conjointe, il meurt brutalement dans un accident de voiture. Lorsque le bonheur vole en éclat, le secret se referme d'un coup sur Una, contrainte à vivre un deuil invisible.

Un jour sans lendemain

When the Light Breaks, c'est une plongée vertigineuse dans la vie de jeunes étudiants bouleversée par la mort tragique d'un ami. Avec grâce et intelligence, Rúnar Rúnarsson relate ce moment où le drame prend le dessus sur l'insouciance de la jeunesse. Pour la première fois, de jeunes adultes sont confrontés au deuil en dehors de leur environnement familial, au sein de l'entourage qu'ils se sont construit. L'anomalie de cette mort précoce est parfaitement illustrée lorsque le père d'Una, désemparé, demande à sa fille si elle fume, prêt à la réprimander, alors que la jeune fille est encore sous le choc de l'annonce de la mort de son copain.

Le réalisateur adopte le point de vue d'Una (incarnée par la jeune actrice Elín Hall), veuve d'un homme qui n'est pas le sien. Enfermée dans un deuil invisible, Una doit contrôler ses émotions et reste en marge de cet événement traumatique. Pour la jeune femme, le lâcher prise intervient curieusement par l'entremise de Klara, cette rivale qu'elle devrait haïr. Dans une entente tacite, les deux femmes se retrouvent dans leur peine, et rencontrent chez l'autre le miroir d'une souffrance indescriptible. Un film grandiose sur l'amour et l'amitié qui met en scène des relations de complicité à l'épreuve du deuil.

D'un coucher de soleil à un autre, le spectateur est plongé dans le quotidien de cette bande d'amis désarmés face à une mort injuste. Une journée interminable, au lendemain plus que redouté. Quiconque a connu un tel cauchemar verra dans ce film la justesse du propos de Rúnar Rúnarsson.

Le réalisateur islandais compose un drame mais ne tombe pas dans les lamentations. Avec subtilité, il injecte des passages aux accents humoristiques qui donnent corps à ce récit et l'ancrent dans la réalité. À l'image des jeunes, le spectateur rencontre l'amour, l'amitié, le chagrin et parfois le rire, et sort de cette longue journée d'été transformé.

Affiche du film "When the Light Breaks" de Rúnar Rúnarsson (2024). (JOUR2FETE)
Affiche du film "When the Light Breaks" de Rúnar Rúnarsson (2024). (JOUR2FETE)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Rúnar Rúnarsson
Acteurs : Elín Hall, Mikael Kaaber, Katla Njálsdóttir
Pays : Islande/Pays-Bas/Croatie/France
Durée : 1h22
Sortie : 19 février 2025

Synopsis : Le jour se lève sur une longue journée d'été en Islande. D'un coucher de soleil à l'autre, Una, une jeune étudiante en art, rencontre l'amour, l'amitié, le chagrin et la beauté.

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