"Once Upon a Time... in Hollywood" : le film à moitié plein ou à moitié vide de Tarantino
Le 9e film de Quentin Tarantino sort au milieu d’un été assez pauvre en exclusivités et crée l’événement.
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En compétition au dernier Festival de Cannes, Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino est reparti bredouille du palmarès et a divisé la critique. Son neuvième long métrage sort mercredi 14 août et constitue l’événement cinématographique des sorties de cet été plutôt pauvre en la matière.
Hollywood, Hollywood !
Los Angeles, 1969. Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), star d’une série télévisée de western, retrouve sa doublure, le cascadeur Cliff Booth (Brad Pitt), pour relancer leur carrière au cinéma. Leur accueil est mitigé, la télévision s'octroyant de plus en plus de place à Hollywood. Ils prennent toutefois leurs quartiers à Beverly Hills avec pour voisins le réalisateur Roman Polanski et son épouse Sharon Tate. Rick et Cliff se voient contraints de partir pour l’Europe où le western spaghetti est fleurissant, et où ils enchaînent plusieurs films. Revenus à Hollywood, ils vont être mêlés à l’affaire Charles Manson, commanditaire d’assassinats de stars hollywoodiennes, parmi lesquelles l’épouse de Polanski.
Un thème et un casting prometteurs
Un tel canevas, avec entre autres Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Al Pacino, Kurt Russell et Michael Madsen ou Tim Roth en cameo (apparitions fugaces), était prometteur. D’autant que l’on attendait de ce fou de cinéma qu’est Quentin Tarantino une vision pertinente et acerbe sur Hollywood auquel renvoie son titre, emprunté à la trilogie de Sergio Leone (Il était une fois dans l’Ouest, Il était une fois la révolution et Il était une fois en Amérique). Au final, Once Upon a Time... in Hollywood ressemble à un verre à moitié vide ou à moitié plein.
Fin de partie
Si Once Upon a Time... in Hollywood évoque bien la fin d’une époque, celle d’une industrie du cinéma en perte de vitesse et de glamour, son analyse de cette prise de pouvoir de la télévision sur le 7e art est paresseuse. C’est un air connu depuis les années 50 aux Etats-Unis.
Alors qu’émergeait au milieu des années 1960 un cinéma indépendant et le "nouvel Hollywood" (dont il n’est pas dit un mot dans le film), Tarantino préfère s’attarder sur le western spaghetti. On le sait très amateur de cette catégorie "décadente" du genre, moribonde au seuil des années 1970.
La fin d'une ère
La référence à l’affaire Manson, qui occupe la seconde partie du film, stigmatise également la fin d’une ère, tant cinématographique avec l’assassinat à Beverly Hills de l'actrice Sharon Tate, épouse du réalisateur Roman Polanski(un des crimes les plus violents de l’histoire des Etats-Unis), que sociologique avec la fin de l’utopie hippie que représente la "famille Manson". Insérer l’affaire Manson dans le film sert de ce point de vue son sujet. Tarantino a demandé de ne rien dévoiler du traitement si particulier qu’il en donne… alors que c’est la meilleure partie de son film. Mais il est en effet essentiel de ne rien en révéler pour en garder la surprise.
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Malaise
Demeure toutefois un malaise. Celui de réaliser une "fantaisie" sur une telle tragédie. Emmanuel Seigner, l’actuelle compagne de Polanski, s’en est plainte d’ailleurs ouvertement. Le drame avait valu à Roman Polanski les pires attaques dans la presse américaine de l’époque. Des doutes avaient même été émis sur la responsabilité du réalisateur dans l’assassinat de son épouse, et de l’enfant qu’elle portait. Ignoble.
Grand film malade
Si le duo Leornado DiCaprio-Brad Pitt fonctionne bien, Once Upon a Time... in Hollywood souffre toutefois d’une dramaturgie des plus lâches. Etonnant de la part d’un Quentin Tarantino qui s’est le plus souvent avéré un grand conteur d’histoire. Clairement divisé en deux parties, son film démarre sous les meilleurs auspices en installant ses deux personnages dans un Hollywood dont ils veulent faire la conquête. Mais au terme de cette introduction prometteuse, Tarantino enquille des scènes interminables et répétitives, mal articulées les unes aux autres.
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Quelques pépites
Surnagent cependant plus d’une pépite. Comme la jubilation de Sharon Tate (Margot Robbie) de se voir appréciée à l’écran par les spectateurs d’une salle de cinéma, la leçon d’acteur d’une comédienne de 8 ans à la star Rick Dalton, la visite au ranch de la "famille Manson", ou le climax explosif final, d’usage chez Tarantino. DiCaprio est excellent dans la peau d’un acteur médiocre qui prend conscience de son manque de talent et finit par rebondir. Son amitié avec Brad Pitt, à la fois cool et pétri de violence, est teintée d’ambiguïté opportuniste. En accumulant griefs et fulgurances éparses, Quentin Tarantino semble avoir voulu réaliser un grand film malade pour stigmatiser le malaise hollywoodien de l’époque.
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La Fiche
Genre : Comédie dramatique / Action
Réalisateur : Quentin Tarantino
Acteurs :Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Kurt Russell, Tim Roth, Michael Madsen
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h41
Sortie : 14 août 2019
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Synopsis : En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
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