Huit mois après les César, Adèle Haenel "continue de gueuler" et trouve "très problématique" la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur
La comédienne avait quitté la dernière cérémonie des César en criant "c'est une honte" après que Roman Polanski avait reçu le prix de meilleur réalisateur.
Quand on prend la parole, "cela radicalise dans ses choix artistiques. Cela ne permet plus vraiment une zone grise où le sens n’est pas très clair", a expliqué lundi 28 septembre sur France Inter Adèle Haenel, huit mois après la dernière cérémonie des César où la comédienne avait fait une sortie fracassante à l'annonce du prix du meilleur réalisateur attribué à Roman Polanski. "Les gens qui sont à nos côtés, on sait qu'ils sont vraiment à nos côtés."
"Ils et elles me redonnent de la force"
Après un épisode médiatique comme celui-là, "on reste debout et on continue de gueuler", affirme Adèle Haenel. "Il y a beaucoup de choses qui se passent dans la société française, un vrai dynamisme de la part des populations mobilisées, qui est assez enthousiasmant. Et j’ai envie de faire partie de ce peuple-là."
#MeToo: Adèle Haenel brise un nouveau tabou https://t.co/XlDgb8sqCL pic.twitter.com/efc1NBuuqf
— Mediapart (@Mediapart) November 3, 2019
Avec le recul, le fait de s'être levée et être partie à la fin de la cérémonie - une image reprise par Virginie Despentes dans un texte "Se lever et se casser" - Adèle Haenel estime que "cela donne des images à des gens qui en manque". Mais surtout "cela a fait chaud au cœur à beaucoup de militants et militantes. Et cela participe à la dynamique de soulèvement". La comédienne se dit d'ailleurs "très touchée de la façon dont les militantes et militants se sont emparés du texte de Virginie Despentes. Et en s'en emparant comme ça, ils et elles me redonnent de la force".
Ses révélations à Mediapart, "une question de survie"
En novembre 2019, Adèle Haenel avait pris la parole sur Mediapart en révélant avoir été victime d'attouchements et de harcèlements sexuels par le réalisateur Christophe Ruggia. Cette interview était d'abord "une question de survie", explique-t-elle. Cela s'est d'abord fait "sans forcément que ce soit médiatisé, dans la sphère intime, de manière presque secrète", ajoute la comédienne.
Par la suite, "cela a été rendu possible par les différentes rencontres que j'ai faites, qui m'ont donné du courage qui font que je ne me sens pas seule. Mais même si on est deux ou trois face à une foule,' je' ne se sent pas seule". Après cette intervention sur le site internet de Mediapart, Adèle Haenel dit avoir pu "accepter de voir les choses" telles qu'elles lui étaient arrivées, et a pu "s'intéresser aux autres et se lier à d'autres combats".
Adèle #Haenel arrive au rassemblement organisé par le collectif Adama #Traore au tribunal de Paris.@Europe1 pic.twitter.com/ciLBnjTCAm
— Théo Maneval (@TheoManeval) June 2, 2020
Revenant sur les mobilisations pour Adama Traoré, menées sous le slogan "Justice pour Adama", Adèle Haenel souligne ce mot "justice", qui évoque pour elle "une belle ambition, un combat populaire, un côté très vivant du monde qui se bat pour que tout le monde ait les mêmes droits, que les gens soient reconnus comme des humains d'où qu'ils viennent". Mais la comédienne y voit aussi un "système assez froid et cynique de gens qui ont compris les mécanismes de comment fonctionne le système judiciaire et qui peuvent se jouer de la beauté et de la sincérité des soulèvements populaires".
Gérald Darmanin à l'Intérieur, "une insulte"
Adèle Haenel fait en cela le parallèle avec "la position du gouvernement" notamment dans la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur qu'elle juge "très problématique". Elle y voit une tendance à "s'accrocher vaille que vaille au pouvoir de manière totalement morbide" en voulant "punir le peuple pour sa vitalité". Rappelant qu'une enquête pour viol visait toujours l'ancien maire de Tourcoing lors de son arrivée place Beauvau au mois de juillet, Adèle Haenel évoque "'est un vrai pied de nez. C'est une insulte à une partie de la population qui s'est soulevée dans le sens de l'humanisme. C'est ça que je trouve choquant, par cette nomination".
Le parquet de Paris a confirmé le 2 septembre dernier le classement sans suite d'une enquête visant Gérald Darmanin, accusé d'avoir abusé de sa position d'élu en 2015 pour obtenir des relations sexuelles. Le ministre de l'Intérieur reste par ailleurs visé par une information judiciaire pour viol, relancée en juin après une longue bataille procédurale.
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