Camélia Jordana : "Passer par l'intime pour raconter des choses universelles"
L'artiste a le rôle principal du film "Avant que les flammes ne s'éteignent", en salles le 15 novembre, qui raconte les conséquences sur une famille de violences policières ayant conduit à la mort d'un jeune homme.
En parallèle (ou plutôt en complément) de ses talents de chanteuse, Camélia Jordana continue de tracer sa voie singulière au cinéma. Après Emmanuel Mouret, elle impressionne dans le rôle de Malika, dans Avant que les flammes ne s'éteignent, le premier long-métrage de l'ancien journaliste Mehdi Fikri, qui raconte l'impact sur une famille de la mort du jeune Karim, après une interpellation policière.
Franceinfo : Comme beaucoup de comédiens, ce qui vous fait accepter un projet, c'est d'abord le scénario, comment celui-ci vous a séduite ?
Camélia Jordana : Le personnage de Malika m'a beaucoup fait penser à Antigone, et je ne connais pas de comédienne qui ne soit pas extrêmement partante à l'idée de jouer ce personnage (rires). Mais ce qui m'a surtout séduite, c'est que dans le scénario de Mehdi Fikri, qui a écrit et réalisé, il soit choisi de passer par des sujets très universels. Évidemment le décorum, c'est la violence policière, mais dans le film, on parle de famille, on parle de deuil, on parle de rejet et de culpabilité. Des choses universelles, pour lesquelles on peut passer par l'intimité pour aussi parler de politique. Et le temps long du cinéma permet ce luxe-là, ce qui était précieux pour moi.
Ce qui est passionnant à jouer aussi, sans doute, c'est que ce personnage évolue, il prend de l'épaisseur. En combattant pour la vérité, Malika se construit et s'anoblit ?
En lisant le scénario, j'ai pensé à Antigone donc, mais aussi à Amel Bentounsi, une jeune femme qui, après la mort de son frère dans les mêmes circonstances, a fini par se former, étudier, et devenir elle-même avocate. Et il y a chez Malika un peu ce même parcours, qu'elle acquiert avec le temps, elle veut comprendre, donc elle apprend. Le fait de se battre pour la mémoire et la dignité de son frère sera sa seule façon de traverser ce deuil. La différence aussi avec d'autres films ayant évoqué le sujet des violences policières comme La Haine ou Les Misérables, des films très importants, c'est qu'ici, on a un point de vue féminin, et un personnage de femme qui est moteur.
Le film représente aussi le quotidien d'une famille d'origine arabe, avec des profils divers, ce qu'on voit assez peu finalement encore aujourd'hui dans la fiction française...
Ce que je trouve très joyeux, c'est de voir aujourd'hui que des personnes comme Mehdi aient pu avoir assez d'argent pour faire ce film. Je trouve ça super qu'avant lui, des personnes pas forcément issues de l'immigration nord-africaine aient pu faire des films sur ces familles, mais la nouveauté, c'est que depuis quelques années, c'est également possible via des personnes d'origine arabe. Qu'elles puissent raconter les histoires de nos ancêtres et de nos familles, avec un minimum de soutien financier de la part du cinéma français pour pouvoir le faire. Je trouve ça magnifique d'avoir tous ces points de vue.
Racontez-nous cette très belle scène quand la famille est dans la voiture, dans un moment calme, et chante une chanson d'Idir, le grand artiste algérien disparu en 2020 ?
Au départ, Mehdi avait imaginé une chanson marocaine, mais quelqu'un a proposé un changement, je crois me souvenir qu'il s'agit de Sonia Faidi, qui joue Nour, la plus jeune sœur. Avec certainement la complicité de Sofiane Zermani, puisqu'hormis moi, ce sont les deux seuls autres kabyles du plateau. Mehdi voulait une chanson qu'on puisse tous connaître, et on s'est donc mis d'accord sur Ssendu de Idir. On s'est retrouvés à la chanter. Déjà au tournage, c'était bouleversant, mais à chaque fois que je revois le film, avec le public aussi lors des avant-premières, il y a toujours eu beaucoup d'émotion avec cette scène.
Avant que les flammes ne s'éteignent de Mehdi Fikri, avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes, Samir Guesmi, Sonia Faidi, Makita Samba. En salles demain.
À regarder
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Eléphants : des safaris de plus en plus risqués
-
Concours de vitesse : à 293 km/h sur le périphérique
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter