"Un polar où tout est vrai" : la pneumologue Irène Frachon raconte le scandale du Mediator dans une BD
La BD "Mediator, un crime chimiquement pur", à paraître le 4 janvier aux éditions Delcourt, a été co-écrite par Irène Frachon et l'ancien journaliste Éric Giacometti, devenu auteur de polars et scénariste de "Largo Winch", tandis que François Duprat est au dessin.
"Ça a toutes les allures d'un polar, sauf que tout est vrai!": après le film, les livres et la pièce de théâtre, le scandale du Mediator se raconte dans une bande dessinée haletante et didactique, sous la plume de la lanceuse d'alerte Irène Frachon. "La vraie histoire factuelle de A à Z n'avait jamais été écrite", assure la pneumologue à l'hôpital de Brest-Carhaix (Finistère).
Intitulée Mediator, un crime chimiquement pur (Ed. Delcourt), cette BD à paraître le 4 janvier aux éditions Delcourt, a été co-écrite par Irène Frachon et Éric Giacometti et dessinée par François Duprat. Elle retrace non seulement l'histoire du Mediator mais aussi celle de son fabricant, les laboratoires Servier, et d'un autre de ses médicaments interdit dans les années 90: l'Isoméride.
"Un crime industriel"
"C'est un crime industriel qui se noue dans les années 60 : Servier invente une série de coupe-faims dérivés de l'amphétamine. Et, malgré des signes de dangerosité qui apparaissent très rapidement, Servier va tout mettre en oeuvre pour empêcher le retrait de ces coupe-faim parce que ce sont des produits extrêmement rentables", explique le Dr Frachon
Mis sur le marché en 1976 pour le traitement du diabète mais largement détourné comme coupe-faim, le Mediator a été prescrit à environ cinq millions de personnes, jusqu'à son retrait en novembre 2009. C'est en découvrant la similitude du Mediator avec l'Isoméride que la pneumologue se rendra compte de sa dangerosité. Car "en réalité, l'Isoméride et le Mediator, c'est la même chose. Ils libèrent dans l'organisme le même poison. Servier le savait et l'a dissimulé", souligne Mme Frachon.
Un récit haletant rythmé comme un polar
Le scandale de l'Isoméride, retiré du marché en 1997, fit grand bruit aux États-Unis. Mais en France, l'affaire "a fait pschitt au grand dam d'un journaliste du Parisien, Éric Giacometti", auteur de plusieurs articles sur le sujet, raconte Mme Frachon. C'est de leur rencontre qu'est née l'idée de la BD. Devenu auteur de polar et scénariste de Largo Winch, M. Giacometti a contribué à donner un rythme à ce récit de 200 pages, émaillé d'explications médicales et scientifiques qui auraient pu le rendre rébarbatif.
"Je vis cette affaire comme un polar depuis des années mais je ne sais pas le raconter comme ça", confie Irène Frachon, qui précise cependant que "tout est factuel". "Il n'y a aucune place pour la fiction dans la BD", décrit-elle, en énumérant les "méthodes de barbouzes" de Servier et les "documents effrayants" issus de l'enquête pénale.
Ce "documentaire graphique" rappelle le rôle des médecins ayant soutenu Servier, mais aussi l'implication de tous ceux qui ont alerté sur la dangerosité du Mediator et aidé Irène Frachon dans son combat contre le laboratoire et les autorités sanitaires. "C'est très important de montrer le travail collectif qu'il y a derrière", souligne celle dont l'histoire a inspiré le film La fille de Brest d'Emmanuelle Bercot (2016).
Le procès en appel du Médiator débute le 9 janvier
Avec d'autres, ce scandale a contribué à miner la confiance du public dans les autorités sanitaires, alimentant complotisme et discours antivaccinal. Consciente de cette menace, la pneumologue prône pour y remédier une lutte drastique contre les conflits d'intérêts qui restent "omniprésents encore aujourd'hui dans le monde médical". Elle plaide également pour une plus grande sévérité de la justice vis-à-vis de la criminalité en col blanc, alors que doit s'ouvrir le 9 janvier le procès en appel du scandale du Mediator.
"On a affaire à un labo qui a vendu un poison mortel en toute connaissance de cause pendant plus de dix ans, avec des milliers de morts à la clé. Je pense que ça mérite des condamnations exemplaires", dit-elle. En mars 2021, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Servier pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires" à 2,718 millions d'euros d'amende et l'avait relaxé du délit d'escroquerie. Une peine bien inférieure aux réquisitions du parquet. Malgré son interdiction il y a 13 ans, des victimes continuent à mourir du Mediator. Comme Cathy, disparue en décembre, quelques semaines à peine avant la parution de la BD dans laquelle elle apparaît.
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