"Shadi, une histoire du vol PS752" : un récit intime et politique dénonçant avec force le régime iranien

Cette bande dessinée collective entre trois auteurs, proches d'une des victimes du vol PS752, est à la fois émouvante et révoltante.

Article rédigé par Marianne Leroux
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La couverture de la bande dessinée "Shadi" de Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami. (EDITIONS CA ET LA)
La couverture de la bande dessinée "Shadi" de Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami. (EDITIONS CA ET LA)

8 janvier 2020. Cette date résonne encore, et à jamais, dans l'esprit du peuple iranien. C'est le jour d'un véritable drame : le vol PS752 de la compagnie Ukraine Airlines, à destination de Montréal via Kiev, explose peu après son décollage de l'aéroport de Téhéran, en pleine crise entre les Etats-Unis et l'Iran. 176 personnes décèdent, dont 145 citoyens iraniens ou irano-canadiens. Les doutes sur les causes de cet accident se propagent. Malgré les dénégations du régime, il apparaît rapidement évident que c'est l'armée iranienne qui a tiré deux missiles sur l'avion.

Dans la bande dessinée Shadi, une histoire du vol PS752, sortie en librairies le 22 août dernier, les trois auteurs Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami racontent cette tragédie à travers l'histoire de leur amie et proche, Shadi, tuée dans l'explosion. Cette jeune iranienne, vivant à Toronto était de passage en Iran pour fêter le Nouvel an en famille. Elle devait épouser Nima, le fils de Touka Neyestani et le neveu de Mana Neyestani, dessinateurs de presse. La collaboration passionnée entre les deux frères et Shaghayegh Moazzami, autrice et amie proche de Shadi, semblait être une évidence pour évoquer ce drame commun.

Un affront au gouvernement

Les souvenirs intimes et la dénonciation constante du régime iranien se mêlent dans un récit détaillé, qui alterne entre trois plumes et coups de crayon différents. Tour à tour, ils se remémorent les moments heureux passés avec la jeune femme, leur vie, parfois difficile, d'exilé, leur choc face à la terrible nouvelle de cet événement qui marquera un tournant dans chacune de leur vie, et puis leur deuil.

Tous leurs dessins se fondent dans un noir et blanc, sombre mais à la fois nostalgique de ce qu'était le temps d'avant. À une exception près : la couleur rouge du sang. Le sang d'innocents que le régime iranien a fait couler. Ce choix est un affront à ce gouvernement qui a détruit des milliers de vies, en tuant une centaine de personnes dans ce fameux avion, en direction de Montréal. Cette dénonciation plane tout au long de l'ouvrage et montre à quel point l'attitude du régime iranien pendant cette affaire reflète l'immense opacité du gouvernement et la menace qu'il représente pour son propre peuple.

Du quotidien heureux à la tragédie, ces trois fresques de vie sont bouleversantes et évoquent avec justesse, la souffrance des proches, une plaie impossible à panser. Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami se sont réunis pour troquer le chagrin par l'espoir.

"Shadi, une histoire du vol PS752" de Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami, 208 pages (Éditions Çà et là, 24 euros).

La couverture de la bande dessinée "Shadi" de Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami. (EDITIONS CA ET LA)
La couverture de la bande dessinée "Shadi" de Mana Neyestani, Touka Neyestani et Shaghayegh Moazzami. (EDITIONS CA ET LA)

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