: Reportage Festival d'Angoulême 2023 : "J’aime le fait qu’on ait peur sans savoir pourquoi", voyage avec Junji Itō dans "l’antre du délire"
À l’occasion de sa 50e édition, le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême propose une exposition sur le travail du mangaka Junji Itō, considéré comme l'un des maîtres de l'horreur. franceinfo l'a rencontré.
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L’exposition Junji Itō, "Dans l’antre du délire", se tient jusqu’au 29 janvier à l’espace Franquin d’Angoulême. C'est est un véritable voyage à travers l’œuvre du mangaka (dessinateur de bd japonaise).
Quelque 200 planches originales sont présentées. L'atmosphère rappelle celle des maisons hantées. “L’idée d’exprimer le grotesque me fascine, explique Junji Itō. J’aime partir d’une énigme et du fait qu’on a peur sans savoir pourquoi. C’est le lien entre les choses qu’on ne comprend pas qui va donner des frissons et c’est l’aspect le plus fascinant de l’horreur pour moi. L’écrivain américain H. P. Lovecraft disait que la peur est un sentiment qui est à la base de l’être humain. Chez les hommes, la peur est un sentiment qui s’exprime de la manière la plus directe qui soit, beaucoup plus que la joie ou la tristesse.”
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Junji Itō s'est fait connaître à la fin des années 1980 en publiant ses premières histoires dans le magazine mensuel d’horreur Monthly Halloween (Gekkan Halloween). Au Japon, les histoires d’horreur sont prépubliées dans des magazines destinés aux jeunes filles. “Je faisais en sorte de mettre en scène surtout des héroïnes pour que les lectrices puissent s’identifier, se rappelle le mangaka. Je traitais aussi beaucoup de la beauté et de la laideur parce que c’est une thématique qui parle beaucoup aux jeunes femmes.”
Une exposition en quatre parties
L'exposition est une pièce en quatre actes. La première partie, "l'horreur domestique", est consacrée aux histoires courtes de Junji Itō. “Pour exprimer ce que je veux, je vais souvent passer par la famille ou la relation entre amis, mais c’est souvent du cas par cas, je vais aussi élargir à la communauté, parfois à l’échelle de la Terre entière.” Au-delà de la famille, ses histoires n’ont jamais lieu dans des immeubles, voire gratte-ciel. “Dessiner des gratte-ciel, faire des dessins avec des règles, des équerres, ce n’est pas trop mon truc. Je n’aime pas les bâtiments sans vie, très neutre, je n’aime pas quand les lignes sont trop droites.”
La deuxième partie s’intéresse aux légendes urbaines et folkloriques. Très importantes au Japon, elles étaient colportées par les marchands ou les voyageurs. Elles sont à l'origine des récits d'horreur traditionnels. Junji Itō s’en sert parfois “comme ingrédient” dans ses histoires. “Mais ce n’est jamais l’élément principal. J’ai une envie forte d’imaginer mes propres histoires et donc je fais quasiment toujours des histoires inédites.”
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La troisième partie concerne la folie organique et cosmique de son œuvre menant au dérèglement des êtres et des éléments, comme dans Spirale, Remina et Gyo. La dernière partie est consacrée à Tomie, l’adolescente fatale aux multiples réincarnations. Devenu iconique, le personnage de Tomie, démembré puis sans cesse renaissant, est la figuration implacable de l’alliance de la terreur et de la beauté. “La beauté et le grotesque sont opposés, mais je m’amuse beaucoup à les dessiner et j’espère que les lecteurs y prennent plaisir eux aussi. J’aime beaucoup jouer avec cette opposition entre le grotesque et la beauté. Je pense qu’il y a un intérêt à les mettre côte à côte. Je prends aussi beaucoup de plaisir à dessiner de belles femmes et je pense que c’est aussi agréable pour les yeux des lecteurs.
"De la même manière, j’aime beaucoup dessiner tout ce qui est grotesque, cela stimule ma créativité.”
Junji Itōà franceinfo
Junji Itō ne s’interdit rien, mais il a quand même quelques retenues. “Tous les thèmes que je ne comprends pas, je n’ai pas envie de les traiter dans mes mangas". Sans être superstitieux, il n’a “pas très envie de dessiner des choses qui toucheraient à (ses) proches ou d’avoir des scènes où une mère se fait tuer. J’aurais l’impression que cela porte malheur. Ma mère est encore vivante, mon père est décédé cette année, donc j’aurais moins d’état d’âme pour dessiner des personnages de pères qui se font tuer. J’ai aussi une grande sœur. Donc, les mères, les sœurs, je n’ai pas envie d’en tuer. Je fais en sorte de ne pas le faire dans mes mangas, même si parfois avec le scénario, je suis obligé.”
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