: Reportage "C'est une façon d'entrer au plus profond de la société ": le Grand Palais Immersif transformé en discothèque géante pour une exposition événement sur le clubbing

Des basses puissantes qui parviennent de loin, des lumières qui font éclater l'obscurité par vagues, le regard qui se perd dans des recoins sombres, presque cachés... Et puis, la musique omniprésente. La culture club entre au Grand Palais, ou plus précisément au Grand Palais Immersif, dans une dépendance de l'Opéra Bastille à Paris.

Du 13 mai au 1er octobre 2025, l'exposition "Clubbing" permet de faire découvrir aux visiteurs, dans une ambiance de techno et de house omniprésente, les plus célèbres et importantes discothèques du monde, qu'ils soient disparus ou encore actifs, comme le Rex à Paris au Pacha à Ibiza, en passant par le Berghain à Berlin.

Ainsi, du Loft de David Mancuso à l'orée des années 70 à New York, jusqu'au Closer, ce club de Kiev qui survit sous les bombes russes en 2025, c'est toute une histoire qui s'expose en immersion avec des photos, des explications, des playlists adaptées à chaque lieu et chaque époque.

"Le club comme un laboratoire de la société"

Il fallait un amoureux de cette culture pour monter le projet, le commissaire Pierre Giner, conscient du rôle social et politique du club. "C'est l'idée qu'il y a une partie de la vie qui est l'envers du jour. J'aime la nuit ! J'aime ce que contient la nuit, de rencontres, de possibilités... C'était même cette question de souligner que le club était un objet lié à des collectifs, un objet éphémère, de radicalité douce. Le club est un refuge et c'est une façon d'entrer dans la société au plus profond et même d'être anonyme parmi les autres. Je crois que c'est le lieu des affinités électives. Je considère le club comme un laboratoire de la société et qu'il a inventé, pour nous, tous des formes d'être".

Londres, Berlin, New York, Paris, Ibiza, Tokyo... L'histoire du clubbing rencontre souvent l'Histoire. Beaucoup d'établissements ont disparu et leur esprit libertaire avec eux, que ce soit le Palace, le Studio 54 ou The Hacienda à Manchester.

Et le fait qu'une exposition ambitieuse qui ne cache rien des dérives de ce milieu banditisme où drogue s'installe dans une institution, comme le Grand Palais immersif, montre toute l'importance de ce que Pierre Giner considère comme une forme d'art. "Effectivement, ramener le clubbing au Grand Palais, je pense que c'est important. Je voulais célébrer cette forme d'art, de tous ces arts, il ne fallait pas se limiter. Alors, bien sûr, on a réduit les niveaux sonores, on ne va péter les oreilles à tout le monde. On n'a pas mis de la nudité, de la drogue partout...", sourit-il.

Avant de préciser : "Ce serait une caricature aussi. Moi, je ne veux pas faire le commissaire scientifique, le sachant. L'enjeu est de fabriquer une sorte de salle publique, mais comme serait une piste, pas plus que ça." Le tout en laissant le visiteur profiter d'une véritable expérience avant de retrouver la triste lumière du jour.