Le World Press Photo 2025 récompense le portrait d'un enfant palestinien amputé réalisé par Samar Abu Elouf

Le jury a salué la "forte composition et l'attention portée à la lumière" de la photo, ainsi que son sujet qui donne à réfléchir, en particulier sur l'avenir de l'enfant, Mahmoud.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 4min
Devant la photo récompensée, la photojournaliste palestinienne Samar Aby Elouf, accompagnée par la directrice exécutive du World Press Photo Joumana El Zein Khoury, à Amsterdam, le 17 avril 2025. (ROBIN VAN LONKHUIJSEN / ANP / AFP)
Devant la photo récompensée, la photojournaliste palestinienne Samar Aby Elouf, accompagnée par la directrice exécutive du World Press Photo Joumana El Zein Khoury, à Amsterdam, le 17 avril 2025. (ROBIN VAN LONKHUIJSEN / ANP / AFP)

La photo bouleversante d'un garçon palestinien de 9 ans, qui a perdu ses deux bras en fuyant une attaque israélienne à Gaza, a remporté jeudi 17 avril le premier prix du World Press Photo 2025.

L'image, capturée par la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le New York Times, est un portrait du jeune Mahmoud Ajjour, évacué à Doha après qu'une explosion lui a arraché un bras et mutilé l'autre l'année dernière.

"Lourd tribut" payé par les enfants palestiniens

"Travailler sur ce projet a été une expérience unique, mais douloureuse", a déclaré Samar Abu Elouf lors de la remise des prix à Amsterdam.

"Les enfants palestiniens ont payé un lourd tribut aux horreurs qu'ils ont vécues. Mahmoud est l'un de ces enfants", a ajouté la photojournaliste autodidacte.

Originaire de la ville de Gaza, Samar Abu Elouf est la première photographe palestinienne à remporter le World Press Photo. Évacuée de l'enclave en décembre 2023, la photojournaliste tire le portrait de Palestiniens blessés par la guerre, installés à Doha.

"L'une des choses les plus difficiles que la mère de Mahmoud m'ait expliquées, c'est que lorsque Mahmoud a réalisé que ses bras étaient amputés, la première phrase qu'il lui a dite a été : 'Comment vais-je pouvoir te serrer dans mes bras ?'", a déclaré la photographe.

Une "photo silencieuse, qui pourtant parle très fort"

"C'est une photo silencieuse qui pourtant parle très fort. Elle raconte l'histoire d'un garçon, mais aussi d'une guerre encore plus large qui impactera les générations futures", a déclaré Joumana El Zein Khoury, directrice exécutive de World Press Photo.

Le jury a salué la "forte composition et l'attention portée à la lumière" de la photo, ainsi que son sujet qui donne à réfléchir, en particulier sur l'avenir de Mahmoud. Le garçon apprend maintenant à jouer sur son téléphone, à écrire et à ouvrir des portes avec ses pieds. "Mahmoud a un rêve très simple : il veut obtenir des prothèses et vivre sa vie comme n'importe quel autre enfant", ont déclaré les organisateurs du concours dans un communiqué.

La photographe a également attiré l'attention sur le sort incertain de son collègue, blessé lors de frappes israéliennes sur une tente de journalistes à Khan Younès le 7 avril. "Il m'est difficile de me réjouir quand l'un de mes meilleurs amis photographes à Gaza, Ihab Al-Burdini, est blessé", a-t-elle déclaré, brandissant des photos du journaliste hospitalisé.

Les autres prix et les finalistes

Le jury a également dévoilé les deux photos finalistes. La première, Sécheresses en Amazonie, prise par Musuk Nolte pour Panos Pictures et la Fondation Bertha, montre un homme sur le lit d'une rivière asséchée en Amazonie, transportant des provisions vers un village autrefois accessible en bateau.

La seconde, Traversée de nuit de John Moore pour Getty Images, montre des migrants chinois se blottissant près d'un feu pendant une averse après avoir franchi la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

L'exposition World Press Photo à la Nieuwe Kerk d'Amsterdam où ont été annoncés les principaux prix. (ROBIN VAN LONKHUIJSEN / ANP MAG / AFP)
L'exposition World Press Photo à la Nieuwe Kerk d'Amsterdam où ont été annoncés les principaux prix. (ROBIN VAN LONKHUIJSEN / ANP MAG / AFP)

Le jury a passé au crible 59 320 photographies prises par 3 778 photojournalistes pour sélectionner les 42 clichés primés. Quatre photographes de l'Agence France-Presse ont été sélectionnés pour un prix régional. Luis Tato, à Nairobi, a remporté le prix dans la catégorie "Histoires" pour la région Afrique, avec une sélection de photos illustrant le soulèvement de la jeunesse kenyane. Jérôme Brouillet a gagné dans la catégorie "Singles" pour la région Asie-Pacifique et Océanie pour sa photo du surfeur Gabriel Medina, semblant léviter au-dessus des vagues lors des Jeux olympiques. Clarens Siffroy a gagné dans la catégorie "Histoires" Amérique du Nord et centrale pour sa couverture de la crise des gangs en Haïti. Enfin, Anselmo Cunha a gagné dans la catégorie "Singles" pour l'Amérique du Sud pour sa photo d'un Boeing 727-200 bloqué à l'aéroport Salgado Filho au Brésil.

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