Rétrospective Francis Bacon à Monaco
"Bacon était un homosexuel et un masochiste", lance d'entrée le provocateur commissaire anglais Martin Harrison, en parcourant l'exposition consacré au peintre anglais (1909-1992), visible jusqu'au 4 septembre au Grimaldi Forum de Monaco. Une rétrospective estivale qui explore sa francophilie et sa présence dans la principauté.
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Bacon, Monaco et la culture française
Martin Harrison vient tout juste de publier le catalogue raisonné de l'artiste et peut parler pendant des heures de son idole, mais il n'a aucune certitude sur la signification de ses énigmatiques peintures où s'étalent chairs éclatées, visages et corps déformés: "Bacon ne parlait jamais du sens de ses œuvres"."Bacon, Monaco et la culture française" rassemble 66 œuvres du peintre, ainsi que 13 pièces comparatives de maîtres vivant en France qui ont pu l'influencer, comme Giacometti ou Soutine. Car ce monstre sacré dont les tableaux pulvérisent les enchères était un fervent francophile et francophone, qui a vécu et travaillé à Paris et Monaco.
Triptyques célèbres et portraits moins connus, nus masculins crument sexuels et personnages en lutte happés par des forces tourbillonnantes, ont été prêtés notamment par la Tate Britain, le Centre Pompidou ou des collections privées.
"Son art paraît isolé dans une violence sans précédent", chez lui "l'homme est prisonnier de son sort dans un huis clos permanent", analyse dans un avant-propos du catalogue de l'exposition Majid Boustany, riche collectionneur qui a récemment créé une fondation à Monaco dédiée à l'artiste.
L'exposition rappelle qu'en 1927, un très jeune Francis Bacon fait un séjour dans une famille française dans la région parisienne. Une exposition de Picasso déclenche alors sa vocation de peintre, même si l'autodidacte choisit d'abord la décoration d'intérieur. Une rétrospective au Grand Palais en 1971 marquera, plus tard, sa consécration parisienne, tout en coïncidant avec le suicide à Paris de son compagnon de l'époque.
Une première salle confronte des œuvres de jeunesse abstraites avec des toiles des peintres français Fernand Léger et Jean Lurçat. Un tableau stylisé de 1933 -trois danseuses semblant crucifiées - est directement inspiré d'une toile de Picasso. Dans une lettre de 1935, il évoque encore son admiration pour Toulouse-Lautrec.
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Presque 2000 œuvres détruites
"Au cours des 19 premières années de sa vie d'artiste, avant d'arriver à Monaco, il a probablement produit quelque 2.000 œuvres, mais il a presque tout détruit, seuls 27 dessins et toiles ont survécu", précise Martin Harrison.En 1946, l'une de ses toiles entrera pour la première fois dans une institution, le Musée d'art moderne de New York. Fort de la vente, le peintre vient s'installer pendant trois ans à Monaco, où il reviendra ensuite très régulièrement. C'est dans la principauté qu'il focalisera son travail sur "le corps humain et l'esprit humain", dévoile le commissaire.
C'est aussi là qu'il réalise ses premiers travaux sur le "pape" inspirés du "Portrait du Pape Innocent X" de Vélasquez. Athée et féru de symbolique chrétienne, il déclinera pendant 25 ans à sa façon - désacralisée et humanisée - la figure autoritaire du pape. Une cinquantaine de variations ont subsisté.
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A l'entrée de l'exposition, une photo de Bacon tenant deux pièces de bœuf, rappelle aussi un autre motif religieux obsessionnel chez l'artiste, la crucifixion, synonyme à ses yeux de souffrance et de brutalité.
Bacon , joueur invétéré au casino de Monaco, commence aussi dans la principauté à peindre sur la surface brute de l'envers des toiles, lorsqu'il est sans le sou. Les spécialistes ont estimé que le jeu était intimement lié à sa création, car il considérait que les peintures les plus réussies pouvaient être le fruit du hasard.
Une grande partie des oeuvres de l'exposition partiront en septembre au Guggenheim Museum de Bilbao, pour décliner cette fois les relations de l'artiste avec l'Espagne ("Francis Bacon de Picasso à Vélasquez").
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