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La dimension abstraite de Paul Klee enfin révélée à la fondation Beyeler

La Fondation Beyeler à Bâle, présente jusqu'au 21 janvier 2018 une facette méconnue de Paul Klee : l’abstraction. La rétrospective présente pour la première fois une centaine d’œuvres de l’artiste issues de toutes les phases de sa création.

Odile Morain

France Télévisions - Rédaction Culture

Publié le 04/10/2017 14:42 Mis à jour le 04/10/2017 15:13

Temps de lecture : 3min

Exposition Paul Klee à la Fondation Beyeler en Suisse (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

L'exposition événement Paul Klee de la Fondation Beyeler de Bâle (du 1er octobre 2017 au 21 janvier 2018) se concentre sur la prolifique production de toiles abstraites de l'artiste suisse. Paul Klee (1879-1940) compte parmi les peintres modernes européens les plus originaux et les plus influents, mais jamais aucune exposition n'avait été consacrée à sa relation à l'art abstrait. Visite privée en présence d'Alexander Klee, le petit-fils du créateur.

Reportage : A. Servent / B. Stemmer / ME. Beauclair

Paul Klee : l'acrobate entre abstraction et figuration

Paul Klee était un artiste explorateur sans frontière géographique ou intellectuelle. Très productive, Sa palette laisse plus de 8 000 œuvres ce qui le rend d'autant plus inclassable : ni fauve, ni cubiste, ni surréaliste, ni figuratif, ni abstrait, mais tout cela à la fois.

"Paul Klee était un acrobate entre abstraction et figuration, fasciné par ce nouveau mouvement de l’abstraction tout en le regardant de façon critique et ironique", souligne Samuel Keller, Directeur de la Fondation Beyeler.

"La peinture de mon grand-père était très intellectuelle et chargée de mots" - Alexander Klee, petit-fils de Paul Klee (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

Tout au long de sa vie Klee consigne ses réflexions philosophiques dans son journal. Ainsi écrit-il : "On apprend à voir derrière la façade, à saisir une chose à la racine. On apprend la préhistoire du visible". Un concept qu'il sonde tout au long de ses recherches et de ses rencontres. L'homme se laisse facilement éblouir par la beauté des émotions et de la nature, chaque oeuvre est nourrie de cette capacité à l'émerveillement.

(France 3 / Culturebox / Capture d'écran)

La révélation par la couleur

Artiste de la génération des Picasso, Braque, Derain, Léger, Paul Klee reste pendant de longues années un peu reclus. Son art est alors mal apprécié par les critiques. Mais dès 1911, il commence à fréquenter Kandisky et Robert Delaunay et découvre le groupe avant-gardiste allemand, "le Cavalier bleu".

Le jardin en fleur, 1930, oeuvre de l'artiste suisse Paul Klee exposée à la Fondation Beyeler (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

"Pour beaucoup d'artistes l'abstraction était l'aboutissement de l'art pictural, pour Paul Klee c'était une thématique passionnante mais pas une fin en soi, dans ses aquarelles et ses huiles, il utilise l'abstraction pour explorer l'univers de la peinture", explique Anna Szech, la commissaire de l’exposition.

En 1914, Paul Klee entreprend un voyage en Tunisie et découvre "la révélation de la couleur". La violence des couleurs et du soleil d’Afrique du Nord l’inspire à tel point qu’il se sent "envahi par la couleur". Ce voyage initiatique est l'aboutissement d'une recherche menée pendant dix ans, d'expériences et de luttes avec la couleur. Klee obtient des résultats satisfaisants qu'il consigne dans un journal de voyage. À Kairouan, il note dans son journal : "La couleur me possède […] Je suis peintre."

Signes en jaune, pastel 1937, oeuvre de l'artiste suisse Paul Klee exposée à la Fondation Beyeler (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

Cette rétrospective inclut une centaine d'oeuvres de l'artiste datant de différentes étapes de sa vie, dès 1913, et regroupe des prêts issus de nombreuses institutions et collections internationales. Les oeuvres non figuratives de Klee abordaient les thèmes de la nature, de l'architecture et de la musique, dans des compositions graphiques minimales mais puissantes.