L'Orient des peintres, du fantasme de l'odalisque à l'abstraction, au musée Marmottan
L'Orient a toujours fasciné les peintres. D'Ingres à Paul Klee, une exposition au musée Marmottan à Paris nous montre comment les artistes sont passés du fantasme de l'odalisque à l'éblouissement de la lumière, vu comme un des facteurs du passage à l'abstraction (jusqu'au 21 juillet 2019).
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La fascination pour l'Orient est née avec les campagnes napoléoniennes. Elle s'est nourrie des voyages des artistes quand le développement des transports modernes leur a permis de se rendre sur place. Le musée Marmottan-Monet a voulu porter un nouveau regard sur la peinture de l'Orient, au XIXe siècle et à l'aube du XXe siècle, montrer comment les avant-gardes s'étaient nourries de l'expérience de l'Orient pour inventer un art nouveau.
Voici des oeuvres de huit artistes, inspirés par le monde méditerranéen des colonies françaises, qui montrent comment on est passé de la femme orientale rêvée par Ingres à l'abstraction de Paul Klee ou Vassily Kandinsky.
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"Ingres est vraiment l'inventeur de la figure de l'odalisque", la femme de harem, souligne Emmanuelle Almiot-Saulnier, la commissaire de l'exposition. Une figure totalement fantasmée. La première raison est que le peintre n'a jamais voyagé en Orient. "Il aimait l'Italie mais il n'a jamais mis un pied au-delà", raconte-t-elle. Même s'il s'est nourri de récits du XVIIIe siècle, comme les lettres de Lady Montagu, femme de l'ambassadeur britannique auprès de l'Empire ottoman, qui avait pu entrer dans un harem. Car les peintres évidemment n'y entrent pas.
Cette "Petite Baigneuse" du Louvre de 1828 ouvre l'exposition à côté d'une toute petite aquarelle de Paul Klee. Elle sera suivie de quelques dessins d'Ingres et d'une copie de sa "Grande Odalisque", qui ne sort plus du Louvre. Le peintre invente une nouvelle beauté féminine, allongeant le dos de son odalisque pour la rendre plus féminine et plus sensuelle.
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Admirateur de Delacroix, Chassériau se rend en Algérie, dont il représente des danses de Constantine, qu'il a réellement vues, reconstituant les costumes aux couleurs vives et chaudes qui ressemblent à celles de son maître. Mais le peintre fait une espèce de montage, situant ses danseuses dans un décor d'école où la scène n'a pas eu lieu.
Chez Chassériau, et encore plus chez Jean-Léon Gérôme, peintre orientaliste sulfureux chez qui on trouve des stridences d'oranges et de verts intenses, "l'Orient est la découverte de la couleur vive, d'une émancipation de la couleur par rapport à la palette très sombre qu'on enseigne à l'école des beaux-arts", souligne Emmanuelle Almiot-Saulnier.
Avec la découverte du palais de Topkapi à Istanbul, le bleu turquoise des carreaux de céramique d'Iznik entre dans la peinture, comme dans le tableau d'Edouard Debat-Ponsan, où une femme noire masse une femme blanche. Ou bien dans "Le Charmeur de serpents", scène fascinante de Jean-Léon Gérôme où un python s'enroule autour d'un petit garçon nu.
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Dans le désert, "les ombres disparaissent presque ou alors elles coupent en deux un tableau d'une manière brutale et complètement nouvelle", remarque la commissaire. Comme dans cet autre tableau de Fromentin où un air de mort plane sur des hommes allongés, endormis à l'ombre des maisons.
"L'expérience du désert n'a jamais été mise en évidence comme l'une des voies possibles de la modernité en peinture. Mais en regardant les œuvres s'accumuler dans notre corpus, c'est devenu évident", souligne Emmanuelle Almiot-Saulnier.
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La monochromie des paysages écrasés de lumière blanche et aveuglante, on la retrouve aussi dans le désert, où la palette se réduit à des nuances de beige et de brun.
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"De façon assez évidente, progressivement, en voyant des formes de plus en plus géométriques, de plus en plus simplifiées, minimales, nous avons cheminé vers l'idée que l'expérience du désert et l'expérience de l'Orient était une des voies de l'abstraction", explique la commissaire.
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