Le Metropolitan Museum de New York ouvre à nouveau sa collection d'art africain, intégralement repensée
La réouverture de l'aile Michael C. Rockefeller intervient sur fond de débats vigoureux sur la représentation des diversités culturelles dans les musées occidentaux et des questions sur le retour des œuvres dans leurs pays d'origine.
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D'une délicate et expressive figure en argile du XIIIe siècle aux autoportraits du photographe Samuel Fosso, le Metropolitan Museum de New York (Met) rouvre samedi 31 mai sa collection d'arts africains avec l'objectif d'explorer sa "complexité" et de se tourner vers le présent.
Après quatre ans de travaux et un chantier à 70 millions de dollars, la réouverture de l'aile Michael C. Rockefeller intervient sur fond de débats vigoureux sur la représentation des diversités culturelles dans les musées occidentaux et des questions sur le retour des œuvres dans leurs pays d'origine.
Dans ce contexte, le Met, l'un des plus grands musées au monde, veut saisir "l'opportunité de reconnaître que les œuvres des artistes de cette partie du monde ont la même valeur que celles des autres grandes traditions" artistiques, explique la conservatrice en charge de l'aile, Alisa LaGamma à l'AFP.
Dans une galerie désormais baignée de lumière et d'espace, le visiteur est accueilli par une sculpture monumentale d'art dogon, une "figure héroïque, probablement un prêtre", implorant la pluie, montre-t-elle. Juste à côté, la figure en argile d'un corps recroquevillé provenant de l'ancienne cité de Djenné-Djeno, au cœur de l'actuel Mali, serait l'une des pièces les plus anciennes de la collection, datée du XIIIe siècle.
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Autour de ces œuvres uniques, les arts d'Afrique subsaharienne sont présentés non comme un bloc mais par chapitres pour mieux distinguer les cultures. "Nous ne voulons pas que les gens simplifient trop leur compréhension d'une histoire extrêmement complexe", explique Alisa LaGamma, en soulignant que l'aile Rockefeller manquait à l'origine "d'éléments historiques". "Plus de 170 cultures différentes sont représentées au fil de quelque 500 pièces d'art africain", ajoute la conservatrice.
L'aile du musée, où sont aussi exposés les arts d'Océanie et des "anciennes Amériques", autrement dit avant les colonisations européennes, avait ouvert en 1982 après le don de sa monumentale collection par l'ancien vice-président républicain et philanthrope Nelson Rockefeller.
"C'est une collection qui s'est formée essentiellement à la suite de l'indépendance d'un grand nombre de nouvelles nations de l'Afrique subsaharienne (...) cela n'a pas le même poids qu'une collection qui s'est formée sous le colonialisme", souligne Alisa LaGamma, alors que les grands musées doivent de plus en plus répondre aux questions sur la provenance de leurs œuvres.
De nouvelles acquisitions
Un tiers des œuvres d’art africain exposées provient de nouvelles acquisitions. Le musée a pu ainsi bénéficier d'un don de milliers de photographies de la collection d'Artur Walther, dont les autoportraits de la série African Spirits (2008) de Samuel Fosso. Le photographe cameronais et nigérian prend la pose et imite de manière saisissante de grandes figures des luttes pour les indépendances africaines ou des droits civiques, comme Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Mohamed Ali, Malcolm X ou Angela Davis, pour dessiner un trait d'union dans leurs combats.
À travers une douzaine de films réalisés par l'artiste américano-éthiopienne Sosena Solomon, le visiteur part aussi à la découverte de sites culturels emblématiques à travers le continent et des défis posés par leur conservation, comme les peintures rupestres de Tsodilo au Botswana, les églises taillées dans la roche de Lalibela ou du Tigré en Ethiopie, ou encore les tombeaux des rois du Buganda, en Ouganda.
"Dans un musée d'art comme celui-ci, il est important que des peintures rupestres soient représentées, car cela montre que ce que nous admirons aujourd'hui, qu'il s'agisse d'art européen ou médiéval, a une histoire et une antiquité", souligne Phillip Segadika, conservateur en chef pour l'archéologie et les monuments au Musée national du Bostwana, qui a été accueilli en résidence au Met pour participer au projet.
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