: En images À Hyères et Toulon, une Design Parade 2025 entre éco-anxiété et gaité ludique
Le travail des designers et architectes d'intérieur finalistes du Grand prix de Design Parade 2025 est exposé comme chaque année tout l'été sur deux sites distincts, à la Villa Noailles d’Hyères et à l'ancien évêché de Toulon. Voici tout ce qui nous a touché, ému ou tapé dans l'œil dans cette édition.
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Un lit de feuilles mortes, un fauteuil constitué de bouteilles en plastique dans un décor post-apocalyptique, un abri souterrain où fuir le climat menaçant du dehors : reflet de l’état du monde, le ton de la Design Parade 2025 est inquiet. Les dix architectes d’intérieur qui concourraient pour le Grand prix, et dont le travail est exposé jusqu’en novembre à l’ancien évêché de Toulon, ne voient pas la vie en rose.
Cependant, les dix designers qui concourraient en parallèle à Hyères pour le Grand prix objet, et dont nous pouvons voir les créations à la Villa Noailles (dans une version un peu rétrécie après la tourmente des derniers mois au cours de laquelle le fondateur et directeur artistique depuis 40 ans, Jean-Pierre Blanc, a été écarté), sont beaucoup plus souriants.
Ils suivent de part et d’autre les deux figures qui donnent le la de cette édition : d’un côté l'invité d'honneur et président du jury d’Hyères, l’Espagnol Jaime Hayón à l'univers fantasque et coloré, et de l’autre le Russe basé à Paris Harry Nuriev, à la tête cette année du jury d’architecture d’intérieur, qui propose une vision plus noire et entend dénoncer la surconsommation avec son concept de transformisme.
Voici ce que nous avons retenu de cette édition.
À la Villa Noailles d’Hyères
À Hyères, Jaime Hayón a reconstitué son atelier de Valence dans l’ancienne salle de squash de la Villa Noailles, tandis que nombre de ses œuvres des vingt dernières années, pleines d’une énergie optimiste, comme son emblématique poulet vert à bascule ou ses personnages loufoques, sont exposées dans un vaste espace (une ancienne piscine) avec leurs dessins préparatoires.
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Le travail des dix finalistes du concours de design est également à voir à la Villa Noailles. Et en particulier la lampe hybride du lauréat du Grand prix Design Parade Hyères 2025, Simon Dupety, composée d’ampoules Led et de mini abat-jour en glands de chêne récoltés en forêt. Le but de ce diplômé de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs : "une production technique qui sacralise le vivant au lieu de l’exclure ou de l’écraser".
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On remarque également les bouillottes à eau de Kelly Eng et Marie Piplard. Ces objets sensuels en grès, qui réchauffent les mains ou un plat, ont été récompensés du Prix du public.
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Parmi les autres propositions, les clins d’œil queer de Gregor Jahner nous ont séduits par leur malice, et tout particulièrement ses toilettes roses Queering Bathrooms qui "tirent la langue de manière provocante".
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Enfin, dans un long couloir, ne pas manquer les superbes expérimentations granulaires sur le grès et le verre qu’ont effectué ces derniers mois au CIRVA Marseille et à la Manufacture de Sèvres les deux lauréates du Grand Prix Design Parade Hyères 2024, Valentine Tiraboschi & Sacha Parent.
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A Toulon, l’Ancien évêché, qui fait l’objet d’un projet immobilier (un hôtel tendance d'une centaine de chambres prévu pour 2028), abrite pour la dernière année les finalistes du Prix d’architecture d’intérieur. Est-ce pour cela que l’humeur est à dystopie ?
À l'Ancien évêché de Toulon
La visite débute par un décor de fin du monde, celui réalisé pour The Transformist Aparment (L’appartement transformiste) du président du jury 2025, Harry Nuriev. Des canapés entièrement recouverts de large scotch marron ou noir, une colonne de rangement constituée de fours à micro-ondes, des abat-jours faits de chaussettes ou de stylos, une longue table et ses tabourets couverts de claviers d’ordinateurs (sa nouvelle marotte), des miroirs cernés de fourchettes et de cuillères, un lit à baldaquin et des rideaux faits de lambeaux de T-shirts.
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Noir c’est noir, mais l’humour (noir) et le jeu ne sont jamais loin. Heureusement. S’il nie faire du recyclage, Harry Nuriev, qui est aussi une figure prisée du monde de la mode, admet questionner la course à la consommation en rendant désirables des objets du quotidien. Sans toujours convaincre ni innover.
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Parmi les dix architectes d’intérieur internationaux qui ont planché sur le thème imposé "Une pièce à vivre dans une villa au bord de la Méditerranée", et qui occupent chacun une pièce de l'ancien évêché, beaucoup interrogent le futur et reflètent l’éco-anxiété grandissante.
Pauline Labarthe a ainsi imaginé un Abri-terranéen 2050, une chambre sous terre, entre la bulle et l’abri anti-atomique. Un lit de camp, une valise, une faible lampe de poche : il ne demeure que l’essentiel dans cet abri spartiate plongé dans la pénombre et tapissé de toile à voile. Mais c’est le seul moyen d’échapper à la folie menaçante du dehors, celle des "gamins écervelés et égocentriques" à la tête "des plus grandes puissances mondiales".
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Raphaël Boursier Desvignes s'est figuré de son côté, dans "un futur proche, (…) une montée des températures et une hausse considérable du coût de l’énergie" au bord de la Méditerranée.
Pour bénéficier d’une atmosphère tempérée, il a imaginé une pièce baptisée Temperarium, dont les éléments travaillent en synergie : les murs sont capitonnés d’un isolant en ouate et aluminium aux propriétés réfléchissantes, avec au plafond, un ventilateur géant (un aérolustre, dit-il) alimenté par des panneaux photovoltaïques.
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Et puis vient l’éblouissement Thomas Takada, dont l’installation a reçu le Grand prix du jury Design Parade Toulon 2025 pour l’architecture d’intérieur. On comprend pourquoi.
La seule vision de sa Villa des échos, dont le titre en anglais (At The Still point of a turning world) se réfère à un poème de T.S.Elliot, se passe d’explications. Elle touche au cœur instantanément.
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Il s’agit d’une chambre dont l’aménagement, du lit à la chaise, aux appliques et au tableau au mur, est entièrement constitué de matériaux végétaux et de cailloux glanés autour de la Villa Noailles, où il a séjourné au printemps.
Feuilles mortes et branches ont été cousues ensemble ou assemblées minutieusement sur des fils métalliques. Le résultat est à la fois poétique et d’une délicatesse poignante. On peut penser aux premiers hommes comme à des jeux d’enfants, à une folie douce comme à un futur dénué de tout. Secoué par la crise climatique, Thomas Takada, 32 ans, diplômé de l’Ecole nationale d’architecture de Paris-Belleville, a voulu symboliser la nécessité, à ses yeux, du retour à des matériaux de construction moins abstraits (que le béton par exemple), et plus écologiques.
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Enfin, Marie Gastini a imaginé pour sa part L’atelier d’été d’un peintre en quête d’inspiration. Il a quitté son refuge qui fut aussi sa prison volontaire: il avait fait vœu de ne pas quitter ces quatre murs tant qu’il n’aurait pas trouvé le sujet de sa prochaine toile.
"Pour ce faire, il s’est aménagé des commodités de fortune (…) et il a étiré ses rideaux qui viennent maintenant délimiter ses espaces de vie." Ses pinceaux et ses palettes ornent les angles de cet antre modeste, voire ascétique, mais les textures et les couleurs sont si douces et sensuelles qu’on aurait rêvé pouvoir s’y lover pour un jour ou deux.
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Si l’avenir paraît sombre, il est toujours possible de se replonger avec délices dans l'innocence de l’enfance. C’est ce que propose en parallèle l’exposition Petits Mondes, à voir à l’Hôtel des Arts de Toulon, qui explore comment le design a répondu, tout au long du XXe siècle, aux besoins et à l’imaginaire des enfants.
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On y découvre du mobilier, des jeux et des jouets colorés et astucieux, issus des collections du Centre national des arts plastiques, du Centre Pompidou, du Mobilier national et du musée des Arts décoratifs.
De la chaise pour enfant de 1933 en frêne massif et cuir, au cheval à bascule en polyester de Walter Papst de 1958, et de Sophie la girafe en caoutchouc pour nourrissons créée en 1961 aux Playmobil, en passant par les livres d’éveil ludiques du Japonais Katsumi Komagata inspirés des origamis et des pop-up des années 90, on suit les évolutions esthétiques, pédagogiques et technologiques (arrivée du plastique et production en série, notamment) qui ont influé sur les créateurs. Une exposition gratuite aussi amusante pour les enfants, dont elle stimule l'imaginaire, que pour les parents, dont elle réactive les souvenirs. Autant dire, réjouissante pour tous.
Design Parade 2025. A la villa Noailles de Hyères, jusqu’au 7 septembre. A l’ancien évêché de Toulon, jusqu’au 1er novembre. "Petits Mondes" à l’Hôtel des Arts de Toulon jusqu’au 2 novembre. Renseignements sur le site de la Villa Noailles
Villa Noailles de Hyères, jusqu'au 7 septembre
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h, le jeudi de 15h à 20h – fermé le lundi et le mardi
Entrée payante
Ancien évêché de Toulon, jusqu'au 1er novembre
Du mardi au samedi de 11h à 18h - fermé le dimanche et le lundi
Entrée payante
"Petits Mondes" à l'Hôtel des Arts de Toulon, jusqu'au 2 novembre
Du mardi au dimanche de 11h à 18h - fermé le lundi
Entrée libre
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