Brancusi au Centre Pompidou : une rétrospective exceptionnelle du père de la sculpture moderne
Le Centre Pompidou célèbre Constantin Brancusi avec une exposition globale. Plus de 400 œuvres dont 120 sculptures sont réunies pour ce rendez-vous. Incontournable.
Il était avec Rodin, dont il a été brièvement l'assistant, l'un des plus grands sculpteurs du XXe siècle. Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective grandiose, riche de 400 œuvres, dont 120 sculptures, ainsi que des dessins, carnets, peintures, disques… C'est la seconde fois, après l'exposition de 1995, que Constantin Brancusi est célébré par Beaubourg.
Considéré comme le père de la sculpture moderne, l'artiste roumain (1876-1957) a commencé dans le figuratif avant de styliser de plus en plus ses œuvres. "C'est tellement dommage de gâcher une belle matière en y creusant des petits trous pour les yeux, les cheveux, les oreilles. Et ma matière est si belle en ses lignes sinueuses qui brillent comme de l'or pur et qui résument, en un seul archétype, toutes effigies féminines de la terre", relevait l'artiste. "La rupture apportée par Brancusi dans l'histoire de la sculpture est triple : c'est une révolution du geste, une révolution de la forme et une révolution de l'espace", confirme Ariane Coulondre, commissaire de l'exposition.
"Est-ce une vierge ou une verge ?"
Servi par une élégante scénographie, le parcours thématique, organisé autour des séries de référence de l'artiste, met en lumière les grands enjeux de la sculpture moderne : l'ambiguïté de la forme (Princesse X), le portrait (Danaïde, Mlle Pogany), le rapport à l'espace (Maiastra, L'Oiseau dans l'espace), le rôle du socle (Nouveau-né, Le Commencement du monde), les jeux de mouvements et de reflets (Léda), la représentation de l'animal (Le Coq, Le Poisson, Le Phoque) et le rapport au monumental (Le Baiser, La Colonne sans fin).
Arrivé à Paris en 1904 à l'âge de 28 ans, Brancusi sort très vite de l'ombre de Rodin. Son art suscite l'incompréhension à Paris au Salon des indépendants de 1920 avec le retrait de Princesse X, créée en 1915-1916. Le sculpteur, qui interroge déjà la masculinité et la féminité, est ulcéré par cette décision. Les organisateurs ont refusé de revenir sur leur choix malgré une pétition signée par 70 personnalités. "Est-ce une vierge ou une verge ? L'image idéale de la femme ou un phallus dressé ? (…) L'art de Brancusi joue du double sens et de la métamorphose".
Autre anecdote révélatrice : est-ce de l'art ou de la matière ? "En 1926, L'Oiseau dans l'espace appartenant au photographe Edward Steichen est arrêté par les douanes américaines, qui soupçonnent Brancusi de faire passer cet étrange objet métallique pour une œuvre d'art afin de ne pas payer les taxes à l'importation. Le procès qui s'ensuit soulève la question de la ressemblance entre l'œuvre et son sujet et, au-delà, interroge la définition de l'art", observe Ariane Coulondre. Selon la commissaire, blessé par ces scandales, Constantin Brancusi se montrera ensuite réticent à exposer ses œuvres, préférant faire de son atelier le lieu de présentation privilégié de sa création.
Autre point fort de l'exposition justement : l'atelier du sculpteur, son établi et ses outils. L'artiste avait légué son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement), à l'État. Reconstitué à l'identique après la mort de l'artiste, l'atelier était abrité dans un pavillon installé sur le parvis du Musée national d'art moderne. Il a été fermé à l'aune des grands travaux de rénovation et de désamiantage du Centre Pompidou qui doivent débuter après la fermeture du bâtiment à l'été 2025, pour cinq ans.
"Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles", disait-il. On peut faire les deux.
(Brancusi, Centre Pompidou, jusqu'au 1er juillet)
Un podcast accompagne l'exposition
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