A Châtenay-Malabry, la réhabilitation contestée de la Butte Rouge, "joyau" de l'habitat social
Elle est l'emblème des cités-jardins, un concept imaginé au début du XXe siècle pour loger les ouvriers de Paris : la Butte Rouge à Châtenay-Malabry fait aujourd'hui l'objet d'un vaste plan de réhabilitation. Mais celui-ci est contesté par des urbanistes, qui souhaitent préserver ce "joyau" de l'habitat social et signe une tribune.
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Situés en bordure de la forêt de Verrières, les petits immeubles couleurs pastel édifiés dans les années 1930 et entourés de jardins renvoient l'image de cité idéale fantasmée par ses créateurs, les architectes Joseph Bassompierre, Paul Sirvin, Paul de Rutté et André Arfvidson.
Un "véritable joyau" en danger, selon les signataires d'une tribune
"Cette cité est considérée comme un véritable joyau", va jusqu'à affirmer Jean-Louis Cohen, professeur en histoire de l'architecture à l'Institute of Fine Arts de l'Université de New York. Avec une dizaine d'urbanistes de renom, il a signé une tribune contre le projet de réhabilitation et pour que la cité, qui abrite 10.000 habitants, "puisse vivre encore pour les générations futures"./2019/04/15/000_1fk4w9.jpg)
Une architecture inspirée du Bauhaus
Construite entre 1931 et 1965 en plusieurs étapes, la Butte Rouge emprunte son style au mouvement des cités-jardins, venu d'Angleterre. Il s'agissait "d'opposer à la grande ville, perçue comme tentaculaire et menaçante, des communautés à taille humaine", explique Jean-Louis Cohen. A la Butte Rouge, les immeubles de la première période (avant la deuxième guerre mondiale) ne sont pas plus haut que trois étages. Arrondis, dissymétriques et inspirés de l'école du Bauhaus, les bâtiments épousent les reliefs du terrain et sont entourés d'arbres, parfois centenaires, ou de jardins ouvriers./2019/04/15/000_1fk4wi.jpg)
Le projet de "modernisation" du maire
Vu de l'extérieur, les façades sont en bon état, même si les gardes-fous des balcons sont parfois rongés par la rouille. Mais à l'intérieur, le maire assure que les appartements sont "humides", "sans isolation phonique" et de "petite taille". Les normes modernes ne correspondent plus à celles des années 1930 prolonge l'édile. "Un trois pièces aujourd'hui fait en moyenne 62m². Là, c'est 52m²", donne-t-il en exemple. "On a beaucoup de 2/3 pièces et peu de 4/5 pièces. Nous avons des familles nombreuses et ça pose problème", poursuit Georges Siffredi.Sans compter l'absence de parking, d'accès handicapé ou d'ascenseurs, inexistants il y a 80 ans. Le maire souhaite transformer radicalement la cité. L'objectif est de passer de 100% de logements sociaux sur les 3.300 habitations du quartier à "30 à 40% de privé", pour "remettre de la mixité" espère Georges Siffredi.
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Trois immeubles logeant 250 habitants sont d'ailleurs en train d'être évacués pour être détruits. "On aurait voulu rester", raconte une locataire en passe d'être relogée et qui souhaite rester anonyme. "Mais chez certains dans les appartements, il y a de gros dégâts", reconnaît-elle. La plupart des habitants, s'ils sont mitigés, ne sont pas farouchement opposés au projet du maire. "Je n'ai pas envie qu'on détruise ma Butte Rouge mais il faut que les choses changent", concède Nicole, historique du quartier.
Changement de visage en perspective
Certains craignent tout de même un changement de visage de la Butte Rouge, comme Cécile, qui vit ici depuis 20 ans : "c'est un témoignage du logement social cette cité, c'est une erreur magistrale de vouloir la détruire". Un point de vue partagé par Jean-Louis Cohen. Le plan d'urbanisme de la Butte Rouge est un exemple, "à l'antipode de la géométrie trop prévisible et presque infantile de certains grands ensembles" construits après guerre, insiste-t-il.Des arguments trop éloignés des réalités d'après le maire. "J'entends de l'architecture, de la pierre, mais j'entends pas d'humain", rétorque-t-il. "Quelqu'un m'a dit un jour, la Butte Rouge, c'est le château de Versailles. Sauf que contrairement à Versailles, il y a 10.000 habitants qui vivent ici", conclut l'édile.
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